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    1. ARABE##

ARABE (LANGUE)

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générale des langues sémitiques, 5e édit., Paris, 1878, texte de Soyouthi, p. 347 - 348. On ne voit pas cependant que leur importance littéraire ait été très considérable avant l’islamisme, et l’influence de leur dialecte ne fut décisive que dans la rédaction du Coran. Il reste établi que ce fut au centre de l’Arabie, dans l’Hedjaz et le Nedjed, parmi les tribus demeurées les plus pures (voir Arabe 1), que se forma la langue qui a depuis porté, à l’exclusion des autres dialectes, le nom d’arabe. Il nous fallait en montrer d’abord les affinités et l’origine, pour en mieux faire saisir les propriétés et les caractères.

II. Particularités grammaticales, lexicographiques, littéraires. — L’arabe a tous les caractères des langues sémitiques, pour le nom, les pronoms indépendants et affixes, les verbes avec leurs temps, modes et conjugaisons, etc. La grammaire comparée de ces idiomes, qui ne diffèrent pas beaucoup plus entre eux que les langues néolatines, italien, espagnol, français, ne diffèrent entre elles, nous montre son rôle presque comparable à celui du sanscrit dans l'étude des langues aryennes. En relevant ses particularités les plus remarquables au point de vue de la grammaire, du vocabulaire et du style, nous aurons occasion de signaler ses rapports de similitude ou de divergence avec les langues sœurs.

1° Grammaire. — Le groupe méridional est plus riche en éléments phonétiques que le groupe septentrional. Tandis que le phénicien, l’hébreu et l’araméen, n’ont que vingtdeux lettres ou consonnes, l'éthiopien en possède vingt-six, l’arabe vingt-huit et le sabéen vingt-neuf. Voiries alphabets comparés du sabéen, de l’hébreu et de l’arabe dans le Journal asiatique, juin 1872, p. 518-519. Cependant, au point de vue de la forme, l’alphabet arabe est très simple, car il ne renferme que quatorze caractères réellement différents les uns des autres : plusieurs, en effet, sont répétés, et c’est à l’aide de points dont le nombre et la position diffèrent, qu’ils expriment les lettres dépourvues de signe spécial. Ainsi le même caractère j avec un point au-dessous, i, indique le ba ; avec deux points, j, le ya ; avec un point au-dessus, J, le noun ; avec deux points, s, le ta ; avec trois points, S, le tha. De même en est-il pour les signes suivants : >, >, »., t>, y>, , £i UP>) Nous renvoyons à l’article Alphabet, col. 410, pour la correspondance entre les alphabets hébreu et arabe ; nous ne voulons mentionner ici que les lettres qui se trouvent de plus dans ce dernier, avec leur valeur particulière : Tha, ii> = th anglais de thin, le c espagnol de

cierto, le 9 grec ; JJa, j = j espagnol de jerga, ch allemand ou

ch hollandais de schoon ; Zal, S = th anglais de the, le 6 grec ;

Bàd, 1 _y 3 = d prononcé avec la langue à plat contre

le palais ; JZâ, là = z prononcé avec la langue à plat contre

le palais ; Grliaïn, £ = r grasseyé.

Quatre de ces lettres peuvent être représentées en hébreu, d’après la prononciation de certains Juifs, par quatre des lettres begadkefat sans le daguesch léger :

  • i> = ii, tandis que ca = p, t ;

i — s, — d =2, k ; .i =-i, — > — T, d ;

£=j, — ^=i)S f dur.

Ainsi l’hébreu n’a pas ces nuances de th ou z prononcés avec le bout de la langue entre les dents ; il n’a que le zaïn, t, z ordinaire. Sur cinq lettres emphatiques, auxquelles un gosier européen s’accoutume si difficilement, |jp, sâd ; Jp, dàd ; k>, (à ; là, zâ ; (i, qàf, il n’en possède que trois : , _j3= : ï ; b = ^ ; j==p.

Les signes des voyelles ont été, comme les points massorétiques, inventés après coup. Primitivement les

Arabes, aussi bien que les Hébreux, faisaient usage, pour indiquer les voyelles longues et les diphthongues, des matres lectionis : I, a ; }, i ; &, ». Les voyelles se réduisent à trois sons primitifs, a, i, u (ou), plus indécis en arabe qu’en hébreu pour les brèves, qui n’ont que les trois signes suivants :

— Fatha, dont le nom et la valeur répondent au pa tach hébreu, a ou é ; -? Kesra, correspondant au chirek qaton, i, ou au ségol, é ;

— Dhamma, représentant le kibbouts, u (ou), ou le

kamcts qatouf, o.

L’article défini al posssède, comme la forme primitive en hébreu br, un lâm qui, s’il ne disparaît pas en s’assimilant à la consonne suivante, s’assimile, pour la prononciation, avec les lettres appelées solaires : ainsi l’on prononce : ^ïJ|, aSsams ou éssams, et non pas al-Sams, « le soleil, » hébreu : tfotf ii, haSsémés.

Une des particularités les plus remarquables de l’arabe est la formation du pluriel brisé. Toutes les langues sémitiques ont la faculté d’exprimer le pluriel par des terminaisons qui, en prolongeant le mot, sont comme un symbole de l’extension donnée au sens. Cet appendice, pour le masculin, est "une voyelle longue, î en hébreu, en syriaque et en phénicien ; d en éthiopien, suivie d’un mem en hébreu et en phénicien, et d’un noun dans les autres idiomes. Pour le féminin, il est caractérisé par la terminaison ô( en hébreu et ât dans les autres langues, excepté en araméen. L’arabe possède ce pluriel, appelé sain ou complet parce qu’il conserve intactes les radicales et leurs voyelles : il se forme, pour les noms masculins, en ajoutant y.}—, un au singulier ; exemple : j, li., sâriq, « voleur, » pluriel : ^^5, 11, sâriqun ; pour les féminins, il suffit de changer la terminaison », at en i^>i, ât, ÂS, U », sâriqat, calï, UL., sâriqàt.

Mais, outre ce procédé très simple, il y en a un autre très compliqué, appelé pluriel brisé ou interne, parce que le singulier est brisé par une intercalation ou une annexion de lettres, par un changement de voyelles ou une élimination de radicales, qui disjoignent l’ossature primitive du mot et en altèrent la quantité. Ce procédé ne se retrouve qu’en éthiopien. Les grammairiens arabes ne comptent pas moins de cinquante formes de pluriels. La classification en est très difficile. Les plus usitées, pour les substantifs et adjectifs dérivés de racines trilitères, sont, dans les meilleures grammaires, au nombre de vingt-neuf. En voici deux exemples :

Suppression de l’I initial : '2. t. ahmar, « rouge, » pluriel : » i, homr.

Addition d’un I intercalaire : J>i.r, radjol, « homme, » pluriel : JUL>, ridjàl.

On peut voir, pour les pluriels brisés, outre les grammaires indiquées plus bas à la bibliographie, une étude de M. Hartwig Derenbourg dans le Journal asiatique, juin 1867, p. 425-524.

Une autre particularité de l’arabe, c’est qu’il a conservé les désinences casuelles primitives des noms. Le nom déclinable, quand il n’est pas déterminé par l’article ou par un génitif, peut avoir trois cas formés par trois terminaisons différentes. Nominatif : —, un, ex. : J^.', radjolun, « homme » (homo).

Génitif : ~, ën, ex. : J~4-^, radjolën, « de l’homme »

(hominis). Accusatif : —, an, ex. : ^1', radjolan, « l’homme » (hominem). En hébreu et en araméen, les flexions casuelles n’existent plus ; on ne les retrouve qu’en assyrien.