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ARABE


raccornit au grand air ; à quarante ans, leur barbe grisonne ; à cinquante ans, ce sont des vieillards : un bien petit nombre d’entre eux atteignent la soixantaine. Du moins leur courte vie est-elle rarement interrompue par la maladie : les plus sobres des hommes, les Bédouins sont aussi parmi ceux qui ont la santé la plus robuste, la tête toujours libre, l’esprit clair et dispos. Dès leur enfance, ils ont appris à coucher sur la dure, à subir la chaleur du midi, à se passer de long sommeil et de nourriture abondante ; ils ne boivent point de liqueur forte,

dérer au même point de vue que nous ce que nous appelons le brigandage. La pauvreté du territoire est pour lui l’excuse du pillage. Ne distinguant point entre la guerre et le guet-apens, il regarde le vol à main armée comme un droit de conquête, et dépouiller le voyageur est à ses yeux aussi méritoire, aussi glorieux que prendre une ville d’assaut ou réduire une province. Voir un curieux exemple de ghazou ou razzia dans lady Anna Blunt, Pèlerinage au Nedjed, berceau de la race arabe, 1818-1819, , dans le Tour du monde, t. xiiii, .p. 14.

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204. — Costumes arabes. Bédouins et Bédouine. D’après trois photographies.

si ce n’est le lebben ou lait aigre, qui stimule légèrement sans jamais enivrer ; ils ne mangent qu’une fois par jour, et la somme de leurs aliments est bien minime, en comparaison des repas journaliers de l’occidental. » É. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 878.

2° Le caractère arabe offre un singulier mélange de qualités et de défauts, dont l’opposition et les perpétuelles inconséquences s’expliquent par l’isolement, les nécessités et les dangers de la vie au milieu du désert, par l’ardeur du sang et de l’imagination. D’une patience étonnante, le nomade supporte presque toujours, sans proférer une plainte, la faim et la soif, le froid et la chaleur, la fatigue extrême dans les longues marches ; mais l’amour-propre froissé, le désir de la vengeance le poussent à une colère redoutable. Avide et rapace, il aime les pièces luisantes et sonnantes ; mais l’amour du gain disparaît chez lui devant les devoirs de l’hospitalité. Violent plutôt que sanguinaire, la soif du pillage le porte à des actes de cruauté ; mais sous sa tente il devient un hôte libéral et courtois, même à l'égard d’un ennemi dont il a cent fois désiré la perte. Il est loin d’ailleurs de consi Le trait dominant de ce caractère, c’est l’amour de la liberté et de l’indépendance, et ce sentiment est porté à un degré dont nous avons peine à nous faire une idée. Fixer le nomade est aussi difficile que fixer l’hirondelle, qui se brise la tête contre les barreaux de sa cage quand l’heure de la migration est arrivée. Le Bédouin n’a qu’un profond dédain pour l’habitant des villes ; pour lui, s’attacher à la terre, c’est dire adieu à la liberté, le bien par excellence, et qu’il a su garder intact à travers les âges.

Très adroit à manier la lance, il passe en même temps pour excellent cavalier. L’Arabe, en général, a l’esprit pénétrant, alors même que son intelligence n’est pas cultivée, et il est rare, dit-on, que le nomade ne soit pas doublé d’un poète. Superstitieux et exalté, avide de légendes et de fictions, il est capable de grandes choses quand une idée nouvelle le domine. Avec cela cependant, il a le caractère mobile de la femme et de l’enfant ; comme eux, n’ayant souvent d’autre guide que l’instinct du moment, jugeant d’après les apparences, se laissant facilement éblouir par l'éclat et le bruit.