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ARACAH


même pas au voyageur les ressources dont il a besoin. En allant du nord au sud, on trouve YAïn Ghuwiréh, d’un demi-mètre de diamètre ; son eau, fraîche et sensiblement sulfureuse, sort, au milieu des roseaux, d’un terrain sablonneux, parsemé de mimosas. Plus bas, YAïn Gharundel, à deux cents mètres environ de l’Ouadi du même nom, perd ses eaux dans le sable : néanmoins deux grands palmiers et quatre ou cinq petits qui l’ombragent, aussi bien que les joncs qui croissent à l’entour, semblent prouver qu’elle ne tarit jamais absolument. Enfin, plus bas encore, en amont d’un groupe de palmiers, de roseaux et de tamaris, et au pied d’un gradin calcaire de la chaîne iduméenne, est une fontaine dont l’ouverture est carrée, d’un mètre à peu près ; elle entretient la fraîcheur et la végétation d’un fourré de verdure, et s’appelle Ain Thaabéh ou Tàbâ. L’hiver, quelques bas-fonds sont transformés en lacs par l’eau des torrents.

3° L’Arabah et le lit du Jourdain. La formation de la mer Morte et le cours du Jourdain ont été longtemps

par M. le duc de Luynes et les membres de son expédition, reconnut cette ligne de partage des eaux ; mais M. Vignes en évalue l’altitude à 240 mètres. « C’est, dit-il, le point le plus bas de la ligne. Vient ensuite une chaîne de collines qui se dirige vers le nord-nord-est. La plaine formée entre ces collines et les montagnes de l’est monte vers le nord jusqu’au point (B sur la carte) où se trouve une sorte de dos d'âne transversal et à pentes douces, qui unit les collines aux derniers contreforts des montagnes d'Édom. Ce point est élevé de 3tt> mètres au-dessus de la Méditerranée, et semble répondre à la description que donne M. de Bertou du lieu qu’il appelle Es-Satéh (le toit)… En résumé, la détermination de la ligne de partage des eaux de l’Arabah ne doit plus laisser aucun doute. C’est une ligne courbe dont la direction générale est du sud-ouest au nord-est, et qui est comprise entre 30°08' et 30° 14' de latitude nord. À partir de cette ligne, vers le sud, tous les torrents ont une direction incontestable vers le golfe d’Akabah, tandis que, dans le nord, ils vont re Mètrc :

Profil du Slnaï au Liban.

l’objet d’un problème aussi intéressant que difficile. Voir Mer Morte, Vallée de Siddim. Lorsque, en 1812, Burckhaidt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, eut signalé la grande vallée d’Arabah, que nous venons de décrire, une hypothèse, en apparence très plausible, fit supposer qu’elle était l’ancien chenal par où le ileuve célèbre allait autrefois déverser ses eaux dans le golfe Élanitique. M. Léon de Laborde, en 1828, publiant son Voyage de l’Arabie Pétrée, in-f°, Paris, y joignit une carte sur laquelle il n’hésita pas à appeler l’ouadi Arabah ancien cours du Jourdain. D’après lui, comme d’après beaucoup d’autres savants, les eaux du fleuve, soudainement interrompues par la catastrophe qui bouleversa la Pentapole, avaient formé le lac Asphaltite. Cependant, dès 1835, des doutes très sérieux furent émis sur cette hypothèse par M. Letronne, Journal des savants, octobre 1835, p. 51)G, et par un explorateur, le capitaine Callier, Journal des savants, janvier 1836, p. 46 et suiv. Mais ce qui jeta un jour nouveau sur la question, ce fut la découverte faite, en 1837, de la grande dépression de la mer Morte au-dessous de la Méditerranée. Cette dépression, différemment estimée par les voyageurs, Schubert, de Bertou, Russcger, Symonds, Lynch, portée par eux de 435 à 390 mètres, a été fixée en 1864, par M. Vignes, à 392 mètres.

Celle même année 1837 vit s’accomplir une autre découverte non moins importante. M. de Bertou suivit dans toute sa longueur, depuis la mer Morte jusqu’au golfe d’Akabah, cette vallée, qu’aucun voyageur moderne n’avait encore parcourue dans son entier. Il constata au milieu de ce désert l’existence d’un double versant, dont la ligne de faite est évaluée par lui à 160 mètres environ au-dessus de la Méditerranée, Voyage depuis les sources du Jourdain jusqu'à la mer Rouge, extrait du Bulletin de la Société de géographie, p. 16 et 53, avec deux cartes. L’exploration, reprise avec un très grand soin, en 1864,

joindre le cours du Ouadi el-Djeib. » Duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. ii, p. 10-11.

L'énorme dépression de la mer Morte d’un côté, et de l’autre les deux versants anticlinaux de l’Arabah, condamnent donc l’hypothèse de l’ancien écoulement du Jourdain dans la mer Rouge, à moins cependant de recourir encore à une autre hypothèse, celle d’affaissements gigantesques. « Mais, dit M. Lartet, ces affaissements n’auraient pu se produire sans déranger fortement l’horizontalité des sédiments du fond de la vallée. C’est ce que l'étude stratigraphique de ces dépôts ne permet pas d’admettre… L'étude attentive de la structure du sol aux environs du partage des eaux de l’Arabah nous fait considérer cette ligne de faîte comme un barrage crétacé, séparant d’une façon complète les deux versants anticlinaux de ce désert. À cette altitude, les terrains crétacés ne sont plus recouverts que de leurs propres débris, et n’offrent aucune trace du passage d’un ancien cours d’eau se 'dirigeant vers la mer Rouge. » Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. xxii, p. 431. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 79-83 ; Ed. Hull, Mount Seir, p. 85.

III. Histoire. — La vallée d’Arabah, prise dans toute son étendue, est, nous l’avons dit, unique au monde au point de vue géologique ; elle occupe aussi une place à part dans l’histoire du peuple de Dieu. Nous ne dirons rien des grands événements dont le Jourdain fut le témoin, depuis le jour où ses flots se séparèrent pour livrer passage aux Israélites marchant à la conquête de la Terre Promise, jusqu'à ceiui où ses eaux furent sanctifiées parle baptême de Notre -Seigneur Jésus-Christ. Voir Jourdain. Nous devons nous borner à rappeler ici les principaux faits de l’histoire sainte qui se rattachent à l’Arabah méridional.

Sur le point de quitter Cadès, Moïse, ne pouvant attaquer le pays de Chanaan par le sud, obligé en consé-