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ARABAH


on ne trouve plus, dans la partie méridionale et centrale, que des plaines ondulées, absolument nues, plutôt pierreuses que sablonneuses : tristes solitudes qui ont reçu des Arabes le nom de Tih ou désert de « l’Egarement », en souvenir des longues pérégrinations qu’y firent les Hébreux. Ce plateau, qui domine de cinq ou six cents

L.Thnfflier.deI ?

Echelle

zo 30 40 KHoxxi 201. — Carte de l’Ouadi el-Arabah.

mètres la vallée d’Arabah, donne passage à un système d’ouadis incliné au nord-est, avec deux issues principales, VOuadi Fikréh et l’Ouadi Djéraféh. Ces torrents sont à sec la plus grande partie de l’année ; mais les pluies d’hiver, quand elles sont fortes et prolongées, donnent par eux une fertilité passagère à quelques coins du désert.

La muraille orientale est formée par les monts de l’Idumée ou de Séir, lisière longue et étroite, dont le développement du nord au sud égale et suit le cours de l’Arabah, et dont la plus grande largeur ne dépasse guère trente-cinq kilomètres. C’est une chaîne de grès, de granit et de porphyre, où l’action des feux volcaniques a laissé de nombreuses traces, et que sillonnent d’innombrables ravins descendant vers l’Arabah, gorges sinueuses que la

i saison des pluies change en fougueux torrents. Outre ces

! courants temporaires, des sources entretiennent dans

I beaucoup d’endroits une fraîcheur permanente, et y peri mettent un peu de culture : de là le contraste qui existe avec l’aridité des déserts entre lesquels cette contrée montagneuse est interposée. À peu près vers le milieu, cette chaîne d’Edom est couronnée par la cime du mont Hor ou Djebel Haroun, qui, pareil à un cylindre terminé par un cône surbaissé, commande l’Ouadi Arabah comme le éneau isolé d’une immense muraille. En nous plaçant s ir son sommet, qui domine la mer d’environ 1 328 mètres, rien n’est plus facile que de comprendre la structure géologique de l’Arabah. Au premier plan s'étend la terrasse de grès de Nubie qui forme le sommet du mont Hor ; puis, à droite, les porphyres avec les filons de diverses viriétés qui en sillonnent la masse. Sur ces porphyres cnnent s’adosser les grès de Nubie, composés en grande partie de leurs éléments désagrégés. Au centre, la petite chaîne déchiquetée des poudingues tertiaires, supportée par les grès de Nubie ; puis des îlots de porphyre disséminés à travers les terrains crétacés, et reconnaissables i leurs formes aiguës, ainsi qu'à leur ton sombre ; à gauche, une montagne crétacée. Enfin, dans le fond, les alluvions et les sables de l’Ouadi Arabah forment une bande horizontale, à laquelle viennent se réunir celles des divers ouadis tributaires, et qui sépare le massif iduméen des collines crétacées qu’on voit former, à l’horizon, les plateaux du Tih. Cf. duc de Luynes, ' oyage d’exploration à la mer Morte, 3 in-4°, Paris, t iii, p. 323, planche iv ; voir aussi une belle carte géologue de l’Ouadi el-Arabah, dans Edward Hull, Memoir of tle Geology and Geography of Arabia Pelrssa, Palestine and adjoining districts, Londres, 1889, p. 138. Voir Iduuee.

Entre ce double encaissement, la vallée d’Arabah se déroule ainsi comme un vaste sillon, dont la largeur, en moyenne de neuf à dix kilomètres, atteint presque le double vers le centre. Montant peu à peu, nous l’avons dit, depuis l’hémicycle qui ferme la Sebkah, jusqu'à la hauteur de 240 mètres, elle descend ensuite au niveau delà mer, en se rétrécissant d’une manière continue ; à partir de la ligne de partage des eaux, la chaîne occidentale se rapproche sensiblement des montagnes d'Édom. Le fond de cette immense tranchée n’est, aux deux extrémités, septentrionale et méridionale, que l’ancien dépôt des deux mers qu’elles touchent, de formation récente, post-pliocène ou pliocène. Dans l’intervalle se trouvent des bancs de sable, de gravier, de cailloux roulés et de marne, à travers lesquels émergent, de distance en distance, certaines roches calcaires. Tout le versant nord est occupé par ÏOuadi el-Djeib, qui contourne la lisière occidentale, et reçoit les nombreux affluents dont les lits, descendant des monts de l’Idumée, sillonnent la plaine dans la direction du sud-est au nord-ouest. Près de son débouché dans le Ghôr, l’Ouadi el-Djeib est bordé de falaises hautes de dix à quinze mètres, laissant entre elles un lit très uni d’environ cinq cents mètres, où les courants qui l’ont formé ont laissé la trace de leur passage et leur boue desséchée. Il conserve pendant plusieurs kilomètres cet escarpement, résultat de l’excavation des eaux ; puis, au delà de ÏOuadi Haseb, les (alaises s’abaissent de plus en plus pour disparaître complètement. À partir de VOuadi Gharundel, l’un des plus importants du massif oriental, les torrents, moins étendus, se dirigent vers le sud, amassant dans la plaine, en forme d'éventail, des dépôts de cailloux roulés.

En somme, l’Ouadi el-Arabah contraste singulièrement avec le Ghôr. Au lieu d’un fleuve dont les eaux abondantes et perpétuelles entretiennent une belle ligne de verdure, la vallée méridionale ne possède que des courants temporaires, insuffisants pour féconder le sol. Quelques chétives sources, espacées à d’assez grandes distances, nourrissent à peine quelques arbres, et n’oflrent