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AQUILON — AR, AR-MOAB

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au nord de la Palestine. La Babylonie, quoique située à l’est, est aussi désignée sous le nom de « terre de l’aquilon », Jer., i, 13-15 ; xlvi, 6, 10, 20, 24 ; Ezech., xxvi, 7, parce que les envahisseurs qui venaient de Chaldée en Palestine y arrivaient par le nord. Quelquefois cependant l’aquilon est plus spécialement le vent même du nord. La pluie vient, en Palestine, de l’ouest et du sud-ouest. Quand il y avait saute de vent, Ecole., i, 6, l’aquilon dissipait la pluie. Prov., xxv, 23. Cf. Josèphe, Ant.jud., XV, ix, 6. Ce vent avait passé par les sommets toujours neigeux et glacés de l’Hermon. Il apportait la fraîcheur en été, et, en soufflant sur les jardins, aidait les fleurs à exhaler leur parfum, Cant., IV, 16 ; mais il n'était pas toujours aussi agréable. Cf. Josèphe, Bell, jud., III, ix, 3. C’est lui qui amenait les orages, la neige et même la gelée ; il causait encore la sécheresse, jusqu'à ce que la pluie abattît le vent. Ezech., i, 4 ; Eccli., XLin, 18-23. À Jérusalem, le vent du nord souffle environ trente jours par an, celui du nord-est trente-trois jours, et celui du nord-ouest cent quatorze jours. Socin, Palestine et Syrie, p. 168. Dans la vallée encaissée du Jourdain, c’est ordinairement un

contre-courant du nord qui règne en hiver.

H. Lesêtre.

1. AQUIN (Louis -Henri d'), auteur juif du XVIIe siècle, fils de Philippe d’Aquin, né à Avignon, se convertit et se fit baptiser avec son père. Il était très habile dans la science rabbinique et les langues orientales. On a de lui : 1° Levi Gersonidse commentaria in quinque priora capita libri Jobi, in-4°, Paris, 1622 ; 2° Raschii scholia in librum Esther in versione latina, cum excerptis quibusdam ex Talmude et Jalkut in eumdem librum, in-4°, Paris, 1622. Cf. Bourgerel, Mémoires pour servir à l’histoire des Juifs de Provence, dans les Mémoires de littérature et d’histoire, t. ii, p. Il ; Kalkar, Israël und die Kirche, p. 52. E. Levesque.

2. AQUIN (Philippe d'), Juif, né à Carpentras, se nommait Juda Mordecaï avant sa conversion à la foi chrétienne. Comme il se fit baptiser à Aquino, dans le diocèse de Naples, il prit le nom d’Aquin. Il alla, en 1610, à Paris, où il fut nommé professeur d’hébreu au collège de France, et aida Michel Le Jay dans l’impression et la correction des textes hébreux et chaldéens de sa Polyglotte. Siméon de Muis, au psaume xxxv, 14, de son commentaire, le loue en ces termes : « Vir rarse et exquisitissimae in hebraïcis litteris doctrinse. » Il mourut en 1650. On a de lui : 1° un dictionnaire hébreu, araméen et talmudique, intitulé Ma'ârik hamma'ârâkôf, Celui qui dispose en ordre, et en sous-titre : Dictionarium absolutissimum complectens alphabetico ordine et facili methodo omnes voces hebrseas, chaldseas, talmudico-rabbinicas, quss in reliquis, quse uspiam sunt, Dictionariis extent, innumerasque alias quse a nullo lexicograplto sive christiano, sivejudœo, hactenus observâtes sunt : variorum prœterea legis cxremoniarum, sententiarum ac locorum difficiliorum in Rabbinorum et Cabbalistarum libris passim occurrentium explicationem, necnon compendia scribendi, seu abbreviaturas omnes Hebrxorum, in-f°, Paris, 1620 ; 2° Philippi Aquini Primigenix voces seu Radiées brèves lingusz sanctse, cum thematum investigandi ratione, in-16, Paris, 1620 ; 3° Veterum Rabbinorum in exponendo Pentateucho Modi tredecim, quorum explicatio lucem maximam afferet Us, qui legem accurate volunt interpretari, et scripta Rabbinorum intelligere, in-4o, Paris, 1620 ; 4° Dissertation du Tabernacle et du Camp des Israélites, recueilly de plusieurs anciens Docteurs hébreux, in-4o, Paris, 1623. Une nouvelle édition améliorée, in-4°, Paris, 1624, porte le titre suivant : Explications littérales, allégoriques et morales du Tabernacle que Dieu ordonna à Moïse, des habits des prestres et de la façon qu’on consultait le Rational en la loi ancienne, ensemble de la forme des sacrifices judaïques ; le tout curieusement recueilli et fidèlement traduit des

plus savants et anciens auteurs hébreux : avec un discours du camp des Israélites, et la description des pierreries du rational du grand prestre, ajoutés à la fin pour la seconde édition, revue par l’auteur. 5° Il composa aussi une version en hébreu du Nouveau Testament avec des notes sur les Épitres de saint Paul, propres, dit- ii, à éclairer les Juifs. Voir Lelong, Dissertation historique sur les Bibles polyglottes ; Bourgerel, Mémoires pour servir à l’histoire des Juifs de Provence, dans les Mémoires de littér. et d’hist., t. ii, p. 11. E. Levesque.

AR, AR-MOAB (hébreu : 'Âr, Num., xxi, 15 ; Deut., H, 9, 18, 29 ; 'Ar Mô'âb, Num., xxi, 28 ; Is., xv, 1 ; Septante : "Hp, Num., xxi, 15 ; 'Apo-^p, Deut., ii, 9, 18, 29 ; t] MwocêïTt ; , Is., xv, 1), capitale du pays de Moab, située à la partie septentrionale, au sud de l’Arnon. Is., xv, 1 ; Num., xxi, 28.

I. Noms. — On regarde généralement 'Ar comme la forme moabite de l’hébreu 'îr, « ville, » de même que, dans l’inscription de Mésa, Qar répond à Qiryâh avec la même signification. C’est pour cela que plusieurs auteurs veulent reconnaître la cité dont nous parlons dans 'Ir Mô'âb de Num., xxii, 36, quoique toutes les versions aient rendu ces deux mots d’une manière indéfinie par iitSXiv Mwàê, oppido Moabitarum, « une ville de Moab. » C’est à tort que les Septante ont, dans trois endroits, Deut., n, 9, 18, 29, traduit 'Ar par 'Aporip, Aroer : ce sont deux villes distinctes ; la première, en effet, fut donnée en héritage « aux fils de Loth », c’est-à-dire aux Moabites, dont les Israélites devaient, par ordre de Dieu, respecter le territoire, Deut., ii, 9, tandis que la seconde, située au delà de l’Arnon, faisait partie de la tribu de Ruben. Jos., xili, 9, 16 ; Deut., ii, 36.

Au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Ar était connue sous le nom d"Apeôm>Xiç ou de Rabbath-Moab, c’est-àdire « Moab la grande ». Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 276, au mot M.w&ë ; S. Jérôme, Liber de situ et nominïbus locorum heb., t. xxiii, col. 909 ; Comment, in Isaiam, xv, 1, t. xxiv, col. 167. Dans ce dernier passage, le saint docteur explique 'Ape^oXic par l’hébreu 'Ar et le grec niXiç, rejetant l'étymologie adoptée par la plupart de ses contemporains, "Apsoc itoXi ; , « ville de Mars. » Sans parler de la philologie, qui pourrait trouver à redire à cette explication, M. de Saulcy prétend que la numismatique lui donne tort ; car, sur différentes monnaies romaines appartenant à cette ville (fig. 199), on voit l’image d’une « divinité guerrière, casquée et cuirassée, tenant une épée de la main droite, et, de la gauche, une lance et un bouclier rond ; c’est évidemment Mars ou Ares ». Numismatique de la Terre Sainte, Paris, 1874, p. 355. Etienne de Byzance, dans ses Ethniques, Leyde, 1691, p. 651, nous apprend également qu’Aréopolis n’est autre chose que 'Paoâ6[iu>|jia, probablement 'Paoix6|jiu)êa, comme sur les monnaies, c’est-à-dire Rabbath-Moab.

Théodoret, dans son Commentaire sur Isaïe, xv et xxix, t. lxxxi, col. 341 et 376, dit qu’Ariel, 'Apiift, aurait été aussi le nom d’Aréopolis. Eusèbe, Onomasticon, p. 228, rapportant cette même opinion, ajoute que, de son temps, les habitants de la ville appelaient encore leur divinité Ariel, et c’est peut-être pour défendre son temple qu’ils montrèrent ce furieux acharnement dont parle Sozomène. H. E., vii, 15, t. lxvii, col. 1457. Enfin Reland, Palxstina ex monumentis veteribus illustrata, Utrecht, 1714, t. ii, p. 577, pense que de là vient le nom de la contrée appelée 'AprfiXixii, Aréilitide ou Ariélitide par saint Épiphane, Adv. hser., i, t. xii, col. 261.

IL Identification. — Une tradition, remontant au moins jusqu’au : ' siècle, regarde donc comme identiques ArMoab, Aréopolis et Rabbath-Moab. C’est pour cela qu’un grand nombre d’auteurs ont reconnu cette antique cité dans les ruines actuelles d’Er-Rabbah, à l’est de la mer Morte, à peu près à moitié route entre Kérak et l’Arnon. Cf. Seetzen, Reisen durch Syrien, Palâslïna, etc., Ber-