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AQUARO — AQUEDUC


Yvone de Gibbonis, dominicain italien, était originaire de la bourgade d’Aquaro, dans la Galabre. Il mourut en "159 1. Il entra, à peine sorti de l’enfance, chez les Dominicains du couvent de Saint-Pierre-Martyr, à Naples, et occupa dans la suite quelques-unes des chaires les plus importantes de son ordre. Il a laissé des travaux importants sur la théologie scholastique et un ouvrage sur la Sainte Écriture, dont nous ne connaissons malheureusement que le titre : Poslilla in xii prophetas minores et alla Scripturse Sacrai loca difficilia. Les auteurs de l’histoire littéraire des Dominicains ignorent même si ce travail a été publié. Voir Quétif-Echard, Scriptores ord. Prœdicatorum, t. ii, p. 302-303. M. Férotin.

    1. AQUEDUC##

AQUEDUC (hébreu : te'âlâh, I (III) Reg., xviii, 32, 35 ; II (IV) Reg., xviii, 17 ; xx, 20 ; Is., vii, 3 ; xxxvi, 2 ; Ezech., xxxiv, 4 ; une fois sinnôr, II Reg., v, 8 ; Septante : 08paYC ! >7<) ;  ; Vulgate : aqusediwtus).

1° Insuffisance des eaux à Jérusalem. — Dès les temps les plus reculés, la nécessité a obligé les anciens Juifs à exécuter des travaux considérables pour s’assurer la possession d’eaux potables et suffisantes, surtout dans les villes bâties à une certaine altitude. À Jérusalem, en particulier, la question des eaux a vivement préoccupé les anciens rois. La ville ne possédait que deux sources d’eau potable : la source de Gihon ou de la Vierge, sur le flanc oriental de la colline d’Ophel, et le Bir-Ayoub (puits de Job), l’ancienne En-Rogel, III Reg., i, 9, qui n’est pas une source proprement dite, mais un puits, situé au confluent des deux vallées duCédronet deGhé-Ben-Hinnom. Mais les Hébreux donnaient parfois indifféremment le nom de 'en (source), comme les Arabes d’aujourd’hui donnent celui de aïn, aux sources et aux puits. Guérin, Jérusalem, p. 202.

2° Les travaux hydrauliques à l’intérieur de la ville. — Dans les souterrains du couvent de l’Ecce-Homo, fondé par le P. Ratisbonne, sur l’emplacement de la cour de l’ancienne Antonia, on a trouvé une source assez abondante, qui vient du nord et de plus haut ; mais l’eau en est saumàtre et difficilement potable. D’après certaines conjectures, elle alimentait autrefois la piscine de Strouthion, à l’angle septentrional de l’Antonia. Josèphe, Bell, jud., V, xi, 4. Dans les sous-sols du couvent de l’Ecce-Homo, il existe aussi deux piscines parallèles, séparées par un gros mur. La première est remplie d’eau. De l’angle sud-ouest de la seconde part un tunnel taillé dans le roc et pouvant donner passage à un homme. C’est un aqueduc qui conduisait autrefois l’eau de cette piscine dans l’enceinte du temple. Il se dirige au sud sur un parcours de 60 mètres, au sudest pendant 17 mètres, et à l’est sur une longueur de 5 mètres. Là il se heurte à un mur que les Turcs ont fait construire pour empêcher l’accès du Haram.

Il est possible que la source de l’Ecce-Homo ait coulé primitivement au fond de la vallée du Tyropœon. Plusieurs pensent cependant que ses eaux ne proviennent pas d’une source antique, mais sont le résultat de suintements. Toujours est-il qu'à une époque très ancienne, la vallée a livré passage à des eaux auxquelles il a fallu ménager une issue, quand les constructions s’y sont multipliées. Il y existe encore, sous une masse de décombres qui a 25 méfies de profondeur, un travail hydraulique que les explorateurs anglais Warren et Wilson n’hésitent pas à faire remonter jusqu’au temps des rois de Juda, et probablement de Salomon. Au-dessous de l’arche de Robinson, à l’angle sud-ouest du Haram, ils ont retrouvé le pavage d’une ancienne rue basse. Ce pavage crevé, les explorateurs ont atteint le fond même du ravin, et y ont vu en place les voussoirs du premier pont construit au-dessus du lit du canal. Les principes de la voûte, familiers aux Phéniciens, élèves des Égyptiens et des Assyriens, sont appliqués dans cette antique construction (flg. 189). Le fond de la vallée était sans doute occupé par les maisons des artisans dont l’industrie avait besoin d’eau. Un ruisseau

coule encore lentement parmi les décombres, au fond du ravin, sans qu’on ait pu en découvrir la source. Aux abords de l’arche de' Robinson, on avait creusé dans le roc même la cuvette du canal. De loin en loin, ce canal s'élargissait de manière à former des bassins plus profonds et plus spacieux, dans lesquels on pouvait puiser par

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189. — Canal voûté au fond de la vallée &a Tyropœon.

des ouvertures ménagées dans la voûte qui plus tard recouvrit le fond du ravin. Wilson et Warren, The Recooery of Jérusalem, t. i, p. 76-107.

En somme, les habitants de Jérusalem ne pouvaient guère compter que sur la source appelée aujourd’hui de la Vierge et sur l’eau du ciel. La pluie tombe à Jérusalem en grande quantité pendant les mois d’hiver ; on la recueillait dans des citernes et des piscines ; mais elle était en danger de se corrompre ou de s'évaporer rapidement, et le service du temple et les besoins d’une population croissante réclamaient l’eau en abondance.

3° Les aqueducs des Étangs de Salomon. — Il fallut donc songer à capter des sources assez éloignées et à en conduire l’eau vive jusque dans la ville. Un travail de ce genre fut peut-être exécuté par Salomon. C’est à ce prince, en effet, que la tradition attribue la première adduction d’eaux lointaines jusqu'à la capitale. Il serait allé les chercher jusqu'à Étham, à environ quatre kilomètres au sud-ouest de Bethléhem. Dans le fond d’une vallée étroite et profonde, située à cet endroit et nommée aujourd’hui Ouadi Ourtas, Salomon avait établi, suppose-t-on, son « jardin fermé », Eccl., Il, 5, auquel une fertilité merveilleuse était assurée par la chaleur concentrée et par l’abondance des eaux de l’Ain Ourtas. Les belles eaux de cette source furent plus tard conduites àHérodium, parHérode, au moyen d’un aqueduc dont on retrouve encore çà et là des tronçons. Liévin, Guide de la Terre Sainte, 3e édit., t. ii, p. 91. À l’ouest du jardin de l’Ouadi Ourtas, il existe de vastes piscines, auxquelles Salomon semble faire allusion, Eccl., ii, 6, et qui sont connues sous le nom d'Étangs ou de Vasques de Salomon. L'Écriture ne parle pas expressément de ces travaux, mais la tradition les attribue à ce roi. « Nous pouvons croire, dit le capitaine Warreu, que les Étangs de Salomon existaient ou furent construits à l'époque de ce prince. » Underground Jérusalem, p. 129. Cette croyance est d’ailleurs conforme à l’ancienne tra-