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APOTRE


surance de recevoir le Saint - Esprit, sous l’inspiration duquel ils fonderont l'Église. Joa., xiv, 16, 17, 26 ; xv, 26, 27 ; xvi, 7-15. Ils prennent part aux luttes et aux triomphes du Seigneur en Galilée, en Pérée et à Jérusalem, jusqu'à l’inoubliable banquet final où ils sont institués sacrificateurs de la nouvelle loi. Puis vient la catastrophe, et la fuite des Onze est aussi douloureusement surprenante que le cynisme avec lequel le douzième, Judas, trahit son Maître et le livre à ses ennemis.

Après la mort de Jésus, l’histoire des Apôtres devient l’histoire de l'Église elle-même. Les apparitions du Ressuscité relèvent leur courage, en faisant revivre leurs espérances. Ils voient de leurs propres yeux que tout ce que les prophètes et le Maître avaient annoncé s’est accompli. Dès lors, le groupe se reconstitue, et, plein de foi, attend la réalisation des promesses du Seigneur. Pour remplacer le traître, on procède à l'élection de Matthias. Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit descend sur les

inconcevable inaction. L’incendie allumé de tous côtés et simultanément dans le monde suppose des envoyés, des prédicateurs, des témoins, arrivant partout à la fois, et la croyance universelle de l'Église primitive déclare, en effet, qu’il en fut ainsi. Qui pourrait affirmer que tout est imaginaire dans les Actes apocryphes qui nous sont restés de plusieurs d’entre les Apôtres ? La fin abrupte du livre de saint Luc autorise à croire qu’il avait écrit, bu qu’il devait écrire une suite des Actes, comme les Actes étaient la suite de son Évangile. A-t-il fini sa trilogie ? Son dernier livre a-t-il été tellement défiguré à l’origine par les sectes gnostiques, que, tombé en discrédit, il ait été sacrifié par l'Église ? C’est possible. En tout cas, nous sommes unanimes à regretter la désespérante lacune qu’il y a dans cette partie si intéressante de l'Église primitive, et c’est à la science chrétienne de fouiller partout pour essayer de la combler. Les Apôtres lurent représentés de bonne heure par les

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186. — Les douze Apôtres. D’après B. Le Blant, Études sur les sarcophages de la ville d’Arles, pi. xiv.

Douze et sur les disciples qui sont au Cénacle, achevant, .sous la forme de langue de feu, leur transformation morale. Désormais ils ne seront plus les mêmes hommes. Ces irrésolus, ces ignorants, ces timides, se montreront pleins d’enthousiasme, d'éloquence, d’indomptable énergie. A travers des luttes pleines de péril et de gloire, ils fondent l'Église de Jérusalem ; mais l’ordre du Maître est d’aller prêcher ensuite en Samarie et dans le monde entier. L’Esprit les pousse bon gré mal gré à cette évangélisation de l’univers entier. L’hellénisme a préparé les voies, Pierre a officiellement ouvert la marche vers la Gentilité en baptisant Corneille et tous les siens, Paul exploite le vaste champ offert à son zèle. Tous les Douze finissent par comprendre qu’il en faut faire autant ; mais nous ignorons la part réelle que chacun d’eux a eue dans l'évangélisation du monde d’alors. Il y a là une lacune bien regrettable dans l’histoire sacrée. On la comble par des conjectures très plausibles et en partie fondées sur des traditions vénérables. Un résultat aussi grand, aussi universel, aussi rapide que l'évangélisation du monde dans l’espace de quelques années ne saurait être l'œuvre de Paul tout seul et de ceux qui rayonnaient autour de lui, quelle que fût leur vaillance. Les autres Apôtres y ont eu leur part. Ainsi, malgré le silence de l’histoire, nous savons, d’après certaines indications, toutes fortuites d’ailleurs et comme insignifiantes de saint Paul, que saint Pierre a dû prêcher à Corinthe et dans d’autres contrées que la Palestine, comme il prêcha à Rome. De ce que d’heureuses allusions ne sont pas venues faire la lumière sur l’histoire des autres, on n’en saurait conclure que cette histoire se résume en une

artistes de la primitive Église, dans les Catacombes et spécialement sur les sarcophages chrétiens (fig. 186). Ils sont ordinairement vêtus d’une longue tunique qui descend jusqu aux pieds et d’un pallium comme vêtement de dessus. Dans les monuments des huit premiers siècles, en Occident, ils se tiennent debout ou assis, à droite et à gauche de Notre-Seigneur, figuré sous sa forme humaine ou sous une forme symbolique ; les uns sont barbus, les autres imberbes. Ils portent généralement comme insigne, dans la main gauche, un volume ou rouleau, qui rappelle la parole divine qu’ils ont prêchée ; quelquefois ils ont à la main une couronne, symbole de leur triomphe et de la récompense céleste.

Quand les Apôtres sont figurés par des symboles, ils sont représentés par douze brebis, se tenant six par six à côté du bon Pasteur, assis d’ordinaire sur un rocher d’où coulent les quatre fleuves du paradis terrestre, emblèmes des quatre Évangiles. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, ¥ édit., t. i, p. 232-238. Les deux groupes de brebis sortent le plus souvent de deux tours qui sont l’image de Bethléhem et de Jérusalem. D’autres symboles mystiques, palmier, vigne, arbres divers, accompagnent fréquemment ces représentations (fig. 187).

Pris individuellement, les Apôtres ont pour caractéristique : S. Pierre, les clefs ; S. Paul, le glaive ; S. André, la croix désignée sous son nom ; S. Jean, un calice d’où sort un serpent ; S. Jacques le mineur, un livre et un bâton ; S. Philippe, une croix dont le montant a des nœuds comme un roseau ; S. Jacques le majeur, un bâton de peierin et un grand chapeau avec des coquillages ;