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APOTRE


mêmes noms, excepté pour Jude, frère de Jacques, qui est appelé Lebbée par saint Matthieu, et Thaddée par saint Marc. Mais Thaddée ou Lebbée, dérivés l’un de Sad ou Thad, « poitrine, » l’autre de Leb, « cœur, » signifient, en termes analogues, un homme généreux et énergique. Il est à croire que cet honorable surnom supprima de bonne heure le nom de Jude, trop semblable à celui de l’apôtre prévaricateur.

Les Douze forment régulièrement trois groupes, dont chacun a un chef et des membres qui ne varient pas. Seul l’ordre des membres dans le groupe se trouve parfois interverti, mais sans que jamais un membre passe d’un groupe à l’autre. Il est probable que ce classement, dont voici l’ordre comparatif, répondait à peu près au degré d’intimité qui, dans les relations quotidiennes de la vie, unissaient chaque apôtre à Jésus-Christ.

de taille, soit qu’il fut plus jeune que Jacques, frère de Jean. Il est à la tête d’hommes moins connus : Jude, son frère ; Simon Qananit, ou « le Zélé », selon le sens que le Talmud donne à ce mot, dérivé de Qanna, et enfin Judas, l’homme de Kérioth, ou l’homme à la ceinture de cuir. Ce n’est pas ici le lieu d’apprécier chacun des Douze d’après ce que nous savons de lui, puisqu’ils doivent avoir tous, dans ce Dictionnaire, leur biographie individuelle. Notons cependant la place d’honneur et de réelle primauté que Pierre occupe dans ces listes, place qui répond exactement à la mission spéciale que Jésus devait lui donner, et au rôle que, sans conteste, il s’est toujours attribué, surtout après la Pentecôte. L’exégèse moderne, même la plus hostile à la doctrine catholique, ne nie guère plus aujourd’hui cette prééminence de Pierre. Seulement elle déclare que ce fut là une prérogative résultant de ses qua S. Matthieu x, 2-4

S. Marc m, 16-19

S. Luc vi, 14-16

Les Actes i, 13

1

! 2

3 4

5

C

7

8

9

10 11 12

SlMOX-PlERRE

André

Jacques

Jean

Jacques Jean André

André

Jacques

Jean

Jacques Jean André

Philippe

Barthélémy

Thomas

Matthieu le péager

Barthélémy Matthieu Thomas

Barthélémy Matthieu Thomas

Thomas

Barthélémy

Matthieu

Jacques, fils d’Alpiiée

Lebbée

Simon le Cananite

Judas Iscariote

Thaddée

Simon le Cananite

Judas Iscariote

Simon le Zélote Jude de Jacques Judas Iscariote

Simon le Zélote Jude de Jacques

Pierre est invariablement le premier dans la liste, npùTo ; Etjjuov, et plus immédiatement le chef du premier groupe, que constituent avec lui trois autres disciples privilégiés, André, Jacques et Jean. Nous retrouvons là les deux couples de frères que Jésus avait d’abord appelés à être pêcheurs d’hommes. Philippe, qui, lui aussi, s'était de très bonne heure, Joa., i, 43, mis à la suite du Seigneur, est le chet du second groupe, constitué par Barthélémy, le même probablement que Nathanaël, cet ami conduit à Jésus par Philippe et qui, dès ce moment, devint son compagnon ordinaire, soit sous son nom propre de Nathanaël, que saint Jean emploie toujours, soit sous son nom patronymique de Barthélémy ou fils de Tolmaï, que les synoptiques préfèrent, pour éviter peut-être le rapprochement de Nathanaël et Matthieu, deux noms signifiant l’un et l’autre : Théodore ou don de Dieu ; Thomas ou le Jumeau, « le Besson, » comme on disait dans notre vieille langue française, et Matthieu qui, dans sa propre liste, se qualifie de péager, et se place modestement après Thomas, tandis que saint Marc et saint Luc le mettent en avant. Matthieu, si l’on compare Luc, v, 27-32, et Marc, ii, 13-17, avec Matth., ix, 9-13, est évidemment le même personnage que Lévi, le nom de Matthieu, don de Dieu, étant le nom du nouvel homme, et Lévi celui de l’ancien péager. Le chef du troisième groupe est un cousin de Jésus, Jacques, surnommé le Mineur, soit qu’il fût petit

lités personnelles, de sa nature ardente, expansive et toute d’intuition première ; or ce qui est personnel ne se transmet pas. Il est facile de prouver que, tout en concordant avec ses qualités morales, dont elle fut en partie la récompense, sa suprématie reposa sur un droit authentiquement conféré par Jésus-Christ, droit qui dut passer à ses successeurs.

Quant à l’histoire générale des Apôtres, elle a consisté à réaliser le but pour lequel ils avaient été institués. Du vivant du Maître, ils sont autour de lui, forment sa société ordinaire, et s’occupent de lui rendre tous les services matériels qu’il peut attendre d’eux. Matth., xx, 17-29 ; xxvi, 17-20 Luc, îx, 52 ; Joa., iv, 8. Ils écoutent ses enseignements, désireux qu’ils sont d'être des docteurs instruits pour le royaume des cieux, Matth., xiii, 52 ; mais leur intelligence est souvent bien courte, et le Maître doit plus d’une fois reprendre en particulier, avec de nouvelles explications, ce qu’ils n’avaient pas saisi quand il parlait en public. Matth., xiii, 18, 36, etc. Il les forme à la vertu par son exemple et aussi par ses amicales réprimandes. Matth., viii, 26 ; xvi, 23 ; xviii, 1, 21 ; Luc, ix, 50, 55 ; Joa., xiii, 12, etc. Ils reçoivent de lui le pouvoir de faire des miracles, Marc, iii, 14, et ses solennels avis pour prêcher le royaume de Dieu. Matth., x-xi et parall. Ils sont institués les porte - clefs du royaume de Dieu, Matth., xviii, 18 ; xix, 28 ; Luc, xxii, 30, avec l’as-