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APOCRYPHES (LIVRES) — APOLLINAIRE DE LAODICÉE


Jubilés ou Petite Genèse. — Et aussi le Testament de nos premiers parents, cité au vif siècle par Anastase le Sinaïte dans son commentaire de l’Hexaméron, Patr. gr., t. lxxxix, col. 967, et non identifié, à moins que ce testament d’Adam et d’Eve ne soit le même ouvrage que Y Apocalypse de Moïse citée plus haut.

7. Livres apocryphes concernant les patriarches. — Saint Épiphane mentionne des Livres de Seth, au nombre de sept, circulant parmi les Gnostiques, Contra hœr., xxxix, 5, t. xli, col. 669. Et l’auteur anonyme ou pseudoChrysostome de VOpus imperfectum in Malt h., hom. ii, t. lvi, col. 637, les mentionne comme circulant parmi les chrétiens de l’extrême Orient. — Saint Augustin, De Civit. Dei, xviii, 38, t. xli, col. 598, parle vaguement de livres apocryphes mis sous le nom de Noé : « Mais, dit-il, la chasteté du canon ne les a point reçus, non que l’autorité de ces hommes qui plurent à Dieu soit soupçonnée, mais parce que l’on ne croit pas que ces livres soient de ces hommes. » Nous avons vii, â l’article des Apocalypses apocryphes, qu’un Livre des visions de Noé avait vraisemblablement servi de source à l’auteur du Livre d’Enoch. — Saint Épiphane mentionne et décrit un Livre de Noria comme circulant parmi les Gnostiques sous le nom de Noria, femme de Noé, Contra hser., xxxvi, 1, t. xli, col. 332. — Clément d’Alexandrie signale un Livre de Cham, gnostique, Stromat., vi, 6, t. ix, col. 276. Voir la légende gnostique de Cham mentionnée par saint Épiphane, Contra hser., xxxix, 3, t. xli, col. 668. — Le Livre de Lantech n’est connu que par le catalogue de Pitra. — Une Histoire de Melchisédech, mise dès avant le IXe siècle sous le nom de saint Athanase, et dont on trouve le texte dans les Spuria athanasiens, Patr. gr., t. xxviii, col. 525-530. Nous croyons cette pièce grecque, chrétienne, et du Ve siècle environ. — Un Testament d’Abraham gnostique est signalé chez les Séthiens par saint Épiphane, Contra hser., xxxix, 5, t. xli, col. 670. Nous en possédons le texte grec. Voyez M. Gaster, The Apocalypse of Abraham, dans les mémoires de la Society of biblical Archseology, Londres, 1888, t. ix, p. 195 et suiv. — Une Ascension de Jacob est signalée par saint Épiphane chez les Ébionites, Contra hser., xxx, 16, t. xli, col. 432. Mais il se pourrait que le héros de cette Ascension fut, non point Jacob le patriarche, mais saint Jacques « frère du Seigneur. » — Un Testament des trois patriarches, Abraham, Jsaac, Jacob, est mentionné, au IVe siècle, dans les Constitutions apostoliques, vi, 16, Patr. gr., t. i, col. 953, et dans le Testament des douze patriarches, xii, 10. Il en existe une version arabe dont on annonce la prochaine publication, conjointement avec le texte grec du Testament d’Abraham, par M. James, de Cambridge. — On conjecture que le Livre d’Ogias était l’histoire du roi de Basan, Og, dont il est question dans le Livre des Nombres. Num., xxi, 33-35. Cet apocryphe n’est mentionné que par le catalogue gélasien, à moins qu’d ne soit le même que le livre intitulé Geste des géants, r, xwv yiiôvtwv ripaynaTeia, apocryphe manichéen mentionné au vi 9 siècle par Timothée de Constantinople, dont il sera question plus loin. — Origène avait en mains un apocryphe gnostique juif intitulé Prière de Joseph, perdu. J’ai résumé tout ce qu’on en sait dans mes Stitdia palristica, p. 16-18. — La Prière de Joseph était différente de la Prière d’Aseneth que j’ai publiée, Studia patrislica, p. 1-115, et qui est un apocryphe chrétien du Ve siècle, fait d’après une source juive. — Un article spécial sera consacré au Testament des douze

PATRIARCHES.

8. Livres apocryphes concernant les prophètes. — Origène cite un Livre de Balaam dans son Contra Celsum, i, 60 et xviii, 108, t. xi, col. 769. De même l’auteur de ïûpus imperfectum in Matth., 2, Patr. gr., t. lvi, col. 637. — La Pénitence de Jamné et de Mambré, les deux magiciens égyptiens d’Exod., vii, 11, est citée par Origène, Comment, ser. in Matth., 117, t. xiii, col. 1769 ; cf. II Tim., nii 8. — Le Testament de Job, que men tionne le catalogue gélasien, a été publié par le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectio, Rome, 18251838, t. vii, p. 180-191. Ce texte grec, où est racontée, avec l’histoire de Job, celle de ses trois filles, est un récit chrétien empreint de gnosticisme : il pourrait remonter au me siècle. Il n’a encore été étudié par personne.

9. Livres apocryphes ecclésiastiques. — Le Livre de Népos, Liber Nepotis, du catalogue gélasien, est, conjecture-t-on, à identifier avec quelque œuvre de cet évêque égyptien du IIIe siècle qui s’appelait Népos, et dont Eusèbe nous apprend qu’il avait composé un recueil de psaumes chrétiens, lesquels jouirent longtemps d’une grande vogue dans les églises de l’Egypte intérieure. Népos était millénariste. Eusèbe, H. E., vii, 24, t. xx, col. 692. — Les Sorts des Apôtres ne sont pas connus autrement que par la mention du catalogue gélasien ; de même la Louange des Apôtres. Voir Lipsius, Die apokryphen Apostolgeschichten, t. i, p. 34. — Le Livre des Proverbes, cité par le catalogue gélasien, n’est autre que le recueil des sentences du pythagoricien Sextus. On sait que cet ouvrage fut traduit au ive siècle par Rufln, comme étant du célèbre pape martyr Sixte II, erreur grossière qui fit pour une bonne part la fortune du livre. On en a une version syriaque, la version latine de Rufin, et le texte original grec publié dernièrement, avec le latin en regard, par M. Ant. Elter dans V Index scholarum de l’université de Bonn, 18911892. Voir principalement J. Gildemeister, Sexti sentenliarum recensiones, Bonn, 1° 73. — La Pénitence d’Origène du catalogue gélasien est à identifier avec le petit traité intitulé Planctus sive lamentum Origenis translatum ab Hieronymo presbytero, lequel est aussi peu d’Origène que de saint Jérôme. On en trouvera le texte dans l'édition par Merlin des œuvres d’Origène, Paris, 1512 ; dom Delarue, reproduit par Migne, ne l’a pas donné. — La Pénitence de Cyprien du catalogue gélasien est vraisemblablement cette confession de saint Cyprien le magicien, martyrisé avec sainte Justine à Damas, sous Dèce, confession qui forme le second des trois livres des Acla Cypriani et Justinse, publiés parMartène et Durand, Thésaurus novus anecdotorum, Paris, 1717, t. iii, p. 1629 et suiv. — Le livre du Fondement du catalogue gélasien est, croit-on, un livre manichéen ; de même et plus sûrement le livre du Trésor, lequel est cité comme tel, sous le titre de Trésor de la vie, o ©r)uavpô ; xïj ; ï<dt, ç, par Timothée de Constantinople. Patr. gr., t. lxxxvi, p. r, col. 21. Rappelons en effet que les Manickéens n'étaient pas rares à Rome à la fin du Ve siècle : dans la notice consacrée à saint Gélase par le Liber pontiftealis, il est rapporté que ce pape « trouva des Manichéens dans la ville de Rome, qu’il les en fit expulser, et qu’il fit brûler leurs livres devant les portes de la basilique de Sainte-Marie-Majeure. » Liber pontiftealis, édit. Duchesne, t. i, p. 255. Le Fondement et le Trésor seraient de ces livres.

On peut consulter avec fruit l’article de M. Dillmann, Pseudepigraphen, dans la Realencyclopàdie fur protestantische Théologie, t. xii, p. 341-367, Leipzig, 1883. M. Dillmann a une grande autorité dans la matière ; mais sa dissertation commence d'être ancienne. Le livre de M. William Deane, Pseudepigrapha, Edimbourg, 1891, ne traite que de quelques apocryphes et n’a pas grande valeur. Le meilleur livre à signaler est peut-être celui de O. Zockler, Die Apokryphen des A. T., nebst einem Anhang ûber die Pseudepigraphenliteratur, Munich, 1891. Un article spécial est consacré chaque année aux publications concernant les apocryphes dans le Theologischer Jahresbericht que publie, depuis 1880, M. Lipsius. Voyez aussi E. Kozak, Bibliographische Uebersicht des biblischapokryphen Literatur bei den Slaven, dans les Jahrbûcher fur protestantische Théologie, 1891, p. 127-158 ; travail important. P. Batiffol.

    1. APOLLINAIRE DE LAODICÉE##

APOLLINAIRE DE LAODICÉE (iv siècle). Deux