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APOCALYPSES APOCRYPHES


point à la teneur du livre, où il n est question ni de Moïse ni de révélations. Ce récit, imité, semble-t-il, du Testament des douze patriarches, est le récit, en partie fait par Eve au lit de mort d’Adam, et sur son ordre, de la chute du premier couple, et, à la suile, celui de la mort d’Adam et de sa sépulture par les soins de Seth et des anges. Tischendorf y voyait une œuvre juive du I er siècle. C’est plutôt un roman de source juive, comme la Prière d’Aseneth, et, comme elle, des environs du Ve siècle. Voir Le Hir, Études bibliques, t. ii, p. Il 1-120, et Schiirer, ouvr. cité, p. 636.

2° Apocalypse d’Esdras. — Esdras est ravi en présence de Dieu et l’interroge sur les fins dernières de l’homme. Le texte grec de ce petit écrit a été publié par Tischendorf, Apocalypses apocryphes, p. 24-33. On n’en connaît point de traduction latine, mais une version syriaque publiée par F. Bæthgen, dans la Zeitschrift fur die alteslamentliche Wissenschaft, 1886, p. 199-210 ; et une version arabe, par H. Gottheil, dans les Hebraica, Chicago, 1887, fascicule d’octobre, p. 14-17. C’est une œuvre chrétienne très médiocre, inspirée du Quatrième livre d’Esdras, et dont on ne saurait préciser la date, en toute hypothèse très tardive, ve-vme siècle. Voyez Kabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1719, p. 951-952, et Le Hir, ouvr. cité, p. 120-122.

3° Apocalypse de Pierre. — Ce serait là un document d’une très haute importance, à mettre sur le même rang que l'épître de Barnabe ou que le Pasteur d’ilermas, et qui remonterait à la première moitié du second siècle. Le célèbre Canon de Muratori cite l’Apocalypse de saint Pierre à côté de celle de saint Jean : « Nous recevons seulement les Apocalypses de Jean et de Pierre que quelques-uns des nôtres ne veulent pas qu’on lise dans les églises. Très récemment le Pasteur, » etc., mettant ainsi les deux Apocalypses parmi les antilegomena apostoliques. Eusèbe de Césarée, au IVe siècle, cite lui aussi l’Apocalypse de saint Pierre et la place parmi les spuria, avec les Acta Pauli, le Pasteur d’Hermas, la Didachë des Apôtres et l'Épître de saint Barnabe, H. E., iii, 25, t. xx, col. 269. Sozomène, au commencement du siècle suivant, assure que l’Apocalypse de saint Pierre, « tenue pour apocryphe par les anciens, n’en était pas moins lue publiquement, une fois l’an, dans certaines Églises de Palestine, c’est à savoir le Vendredi saint. » H. E., vil, 19, t. lxvii, col. 1477. Le catalogue stichométrique de Nicéphore et celui du Codex claromontanus mentionnent encore l’Apocalypse de saint Pierre, et lui attribuent un nombre de stiques qui en font environ le quart de l’Apocalypse de saint Jean. Malheureusement nous n’en possédons plus que quelques fragments. Ils ont été réunis par Hilgenleld, Novum Testamentum extra canonem receptum, iSSi, iv, 71-74. Macarius Magnés, qui écrivait à la fin du ive siècle, cite de l’Apocalypse de Pierre un court passage concernant le jugement dernier. Clément d’Alexandrie en cite un autre plus explicite, où il est question du sort des enfants morts sans baptême, et où l’auteur enseigne qu’ils sont confiés dans l’autre monde à un ange nourrice, àyyÉXu Tr^eXoii^w, chargé de les élever et de les amener à l'âge parfait, où ils bénéficieront d’une sorte de baptême posthume. C’est là une conception singulière et un conte de vieille femme, repris au commencement du IVe siècle par Méthodius, mais qui ne paraît pas avoir eu d’autre source que l’Apocalypse de saint Pierre. On trouvera ces divers textes dans Hilgenfeld, ouvr. cité. Le fait d’avoir été si longtemps en circulation dans les églises orthodoxes prouve que l’Apocalypse de saint Pierre n'était pas une œuvre d’origine gnostique, mais catholique. Voir G. Salmon, À hislorical introduction to the study of the books of the New Testament, Londres, 1889, p. 560-564.

4° Apocalypse ou Ascension de Paul. — Saint Epiphane cite ce livre, 'Avaëozixôv JlavJ.o-j, comme propre aux gnostiques-caïnites, Hier., xxxviii, 2, t. iii, col. 656.

Cette Apocalypse gnostique serait le développement du passage, II Cor., xii, 4, où saint Paul mentionne son ravissement au troisième ciel. Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, t. i, p. 913-955.

5° Seconde Apocalypse de Paul. — Elle est distincte de l’Ascension de Paul dont on vient de parler, et mentionnée par saint Augustin, Tract, in Joa., 98, t. xxxivxxxv, col. 1885, et par l’historien Sozomène, H. E., vii, 19, t. lxvii, col. 1479, et condamnée par le catalogue gélasien. Le texte grec de cette Apocalypse a été retrouvé et publié par Tischendorf, Apocalypses apocryphes, p. 34-69. On en signale une version syriaque encore inédite. Cette seconde Apocalypse de saint Paul est, comme la première, le récit de ce que vit l’Apôtre quand il fut ravi au troisième ciel, une Divine comédie de peu d’intérêt. Elle est postérieure à l’empereur Théodose (379-395), sous le règne de qui, dit la préface. le livre aurait été trouvé dans la propre maison de saint Paul à Tarse ; elle ne saurait être postérieure aux dernières années du IVe siècle. A s’en rapporter à Sozomène, ce serait une œuvre palestinienne. H. E., vii, 19, t. lxvii, col. 1477. Voyez Tischendorf, loc.cit. ; Le Hir, ouvr. cité, p. 122-129 ; Wright, Sijriac literature, dans VEncyclopsedia Britannica, t. xxii, p. 826.

6° Apocalypse de Thomas, — mentionnée par le catalogue gélasien comme apocryphe, probablement gnostique. Elle est perdue.

7° Apocalypse d’Etienne, — n’est connue que par la mention qu’en fait le catalogue gélasien comme d’un apocryphe, probablement aussi gnostique. Perdue.

8° Apocalypse apocryphe de Jean, — est citée par le scoliaste du grammairien grec Denys le Thrace (ixe siècle), et n’est mentionnée par aucun auteur antérieur à cette date tardive. Le texte grec de cette Apocalypse, publié par A. Birch, en 1804, a été réédité par Tischendorf dans une forme plus satisfaisante, Apocalypses apocryphes, p. 70-94. Il en existe une version arabe signalée par Assemani, Bibliotheca orientalis, Ilome, 1719, t. iii, p. i, p. 282, et qui n’a pas été étudiée. Le sujet de cette Apocalypse est une vision de la fin du monde, du jugement des hommes et de l'état des bienheureux dans le ciel. C’est une œuvre monotone et sans couleur, très pâle imitation de l’Apocalypse canonique de saint Jean. Il y est question de la croix et des icônes : on ne saurait y voir qu’une œuvre de basse époque, vie-vme siècle.

9° Seconde Apocalypse de Pierre. — Elle n’existe qu’en arabe et n’est probablement que d’origine arabe. Le texte arabe est inédit. Assemani, ubi supra, et Nicoll, Catal. codd. mss. orient, bibl. Bodleian, Oxford, 1821, ii, 1, 49. C. Tischendorf en a donné l’argument, Apocalypses apocryphes, p. xx-xxiv : c’est un pot-pourri de légendes et d’extravagances dans le goût arabe sur Adam, sur Noé, sur Abraham, sur Jésus, sur saint Pierre, sur les sept péchés capitaux, sur l’Antéchrist, etc. Cette pièce, d’un intérêt très médiocre, est sûrement antérieure au xme siècle, car Jacques de Vitry en parle, à la date de 1218. M. Gutschmid, cité par M. Lipsius, y reconnaît des allusions à l’empereur Constantin Copronyme († 775), et à l’avènement d’Aboul-Abbas, le premier des califes Abbassides (750). Ce serait ainsi une œuvre syrienne du vui «  siècle. Voyez Lipsius, art. Apocalypses, dans le Dictionary of Christian Biography, Londres, 1877, t. i, p. 131.

10° Apocalypse de Barthélémy, — n’existe qu’en copte et est encore inédite. M. Dulaurier, en 1835, en a publié et traduit un fragment assez brillant, d’après un manuscrit sahidique de la Bibliothèque nationale : sa traduction est reproduite par C. Tischendorf, Apocalypses apocryphes, p. xxiv-xxvii. Ce ne saurait être qu’une œuvre de basse époque ; mais, actuellement, il n’est pas possible d’en déterminer la date ni l’origine.

11° Apocalypse de Marie, — existe en grec et n’a pas encore été publiée. On en trouve quelques extraits dans C. Tischendorf, Apocalypses apocryphes, p. xxvii-xxx.