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APHÉCA — APHRAATE


attribuée aux fils de Juda. L’emplacement d’Aphec est jusqu'à présent inconnu, s Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 33. Nous avons déjà distingué la cité chananéenne de Jos., xil, 18, située « dans la plaine », de l’Aphéca située « dans la montagne », dont nous parlons ici. Voir Aphec 1. Nous ne voyons aucune difficulté à identifier cette dernière avec Foukîn et Apouken. Fautil y reconnaître celle qui est mentionnée I Reg., iv, 1? Nous ne le croyons pas. Voir

Aphec 3.

A. Legendre.
    1. APHIA##

APHIA (hébreu : 'Afiah, « ranimé ; » Septante : 'Açlx), Benjamite, ancêtre du roi Saùl. I Reg., ix, 1.

    1. APHONITE##

APHONITE (hébreu : Has’s’ifmi, article avec un nom de lieu. I Par., xxvii, 27), habitant de Sifmôt (Vulgate : Séphamot), dans le sud, cf. I Reg., xxx, 28, ou de Sefam, (Vulgate : Séphama), au nord de la Palestine. Cf. Num., xxxiv, 10.

    1. APHRA##

APHRA (hébreu : Bèt le’afrâh ; Vulgate : dornuspulveris, « maison de la poussière » ), ville mentionnée dans un passage remarquable de Michée, i, 10. Après avoir, au début de ses oracles, i, 1 - 8, annoncé et pleuré la ruine de Samarie, le prophète montre le châtiment divin s' étendant jusqu'à Juda et Jérusalem, ꝟ. 9-16. Empruntant à l'élégie de David sur la mort de Saûl, II Reg., i, 20, ces paroles : « Ne l’annoncez pas dans Gelh, » ꝟ. 10, il engage les Israélites à cacher leurs désastres aux Philistins, dont la haine séculaire en concevrait trop de joie, à ne pas porter le spectacle de leur détresse même chez des étrangers comme les Chananéens d’Accho (Saint-Jean d’Acre). Puis, pour mieux faire sentir l’effrayante réalité des maux qu’il prédit, il prend dix villes de Juda, au nom desquelles, par une élégante et saisissante paronomase, il rattache les calamités futures ou les divers accents de sa douleur. Ce ne sont pas là de futiles jeux de mots, mais la promulgation la plus efficace d’un oracle extrêmement grave, un tableau animé où chaque nom représente un malheur particulier, une terreur spéciale.

Les versions ont différemment rendu ce passage, et, en plus d’un endroit, ont mis le nom commun au lieu du nom propre. C’est ainsi que la Vulgate, au verset qui nous occupe, a traduit bâkô 'al fibkû par lacrymis ne ploretis, « ne pleurez pas avec des sanglots, » c’est-à-dire pleurez en silence pour ne pas réjouir vos ennemis par vos cris douloureux. Nous avons montré, à l’article Accho, qu’il vaut mieux, avec bon nombre d’auteurs, voir dans bâkô une contraction pour be’akkô, et traduire ainsi : « Dans Accho ne pleurez pas. » Voir aussi Achazib 2. Nous reconnaissons de même une ville dans Bât le’afrâh. La Vulgate ne considérant, comme dans la phrase précédente, que le nom commun, 'âfâr, « poussière, » rend celle-ci de la manière suivante : in domo pulveris pulvere vos conspergite, « dans une maison (réduite) en poussière (le lamed hébreu indiquant alors ou une simple redondance ou le génitif) couvrez-vous de poussière, » c’est-à-dire, avec la poussière ou la cendre de vos maisons détruites ou brûlées formez-vous un vêtement de deuil. La traduction des Septante s'éloigne bien plus de l’hébreu et s’explique difficilement. Pour nous en tenir au seul mot Bê( le’afrâh, ils l’ont rendu par l oïxov xati yiXwTa, « de la maison [tombée] en dérision. » Ils ont lu différemment le texte original, ou bien, suivant une conjecture de J. F. Schleusner, Novus thésaurus philologicocriticus sive Lexicon in lxx, Londres, 1829, t. i, p. 487, ils auraient d’abord transcrit le nom propre réçojp* (le Y représentant le y, ain hébreu, comme dans Ts’a, Gaza, hébreu : 'Azzâh), qui, plus tard, par une faute de copiste plus ou moins admissible, serait devenu réXwra. La version arabe a suivi les Septante. La Peschito donne le nom propre, Ophra, et nous croyons que le contexte et le parallélisme l’exigent. Il suffit, en effet, de meltre en

regard les trois parties du ^. 10, pour faire ressortir la pensée du prophète avec toute son énergie et la consonance qu’il a recherchée dans les mots :

Begaf 'al-faggidû

bâkô 'alrtibkû

bebêt le’afrâh 'âfâr hitpallâsî (Qeri) « Dans Geth ne l’annoncez pas, « Dans Accho ne pleurez pas, « Dans Beth-Afrah roule-toi dans la poussière. »

Ces jeux de mots sont intraduisibles dans notre langue. La ville dont parle Michée est ainsi celle que mentionne Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 222 : 'Açpi, xXrjpou Beveotniv, xa’t vûv êori xw[i-/] 'AçprjX ônù>…, ce que saint Jérôme traduit, en comblant la lacune qui existe dans le texte : « Aphra, dans la tribu de Benjamin ; c’est encore aujourd’hui le village d’Effrem, à cinq milles de Béthel, vers l’orient, » Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 872. C’est ïOphéra de Jos., xviii, 23, VAphseréma de I Mach., xi, 34, le village actuel de Thayebéh, dont la situation à l’est-nord-est de Beitin (Béthel) et la distance répondent exactement aux indications de saint Jérôme. Voir Aph^eréma, col. 721. Elle est distincte d’Aphara, aujourd’hui Khirbet Tell él-Fârah, dans la même tribu. Voir Aphara.

Par sa position et quelques débris antiques, Thayebéh doit avoir été autrefois une ville importante. Du sommet de la montagne dont elle couvre les pentes, on jouit d’un coup d'œil imposant. Le regard plonge, à l’est, dans la profonde vallée du Jourdain, et, au delà, il découvre les chaînes de l’antique pays de Galaad, embrassant ainsi une partie du bassin septentrional de la mer Morte et des montagnes de Moab. À l’ouest, au nord et au sud, l’horizon, quoique moins grandiose, est encore très remarquable. Sur le point culminant de la hauteur, on observe les restes d’une belle forteresse, construite en magnifiques blocs, la plupart taillés en bossage. Au centre s'élève une petite tour, qui semble accuser un travail musulman, mais qui a été bâtie avec des matériaux antiques. Cette forteresse était elle-même environnée d’une enceinte beaucoup plus étendue, dont une partie est encore debout. Très épaisse et construite en talus incliné et non point par ressauts successifs en retraite les uns sur les autres, celle-ci est moins bien bâtie que la forteresse antique, à laquelle elle semble avoir été ajoutée à une époque postérieure. Quelques-unes des maisons du village, intérieurement voûtées, paraissent très anciennes. On rencontre en beaucoup d’endroits des citernes et des silos, creusés dans le roc vif, qui datent très certainement de l’antiquité, et prouvent avec les débris de la citadelle l’importance primitive de cette localité. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 45-46.

Voir la carte de la tribu de Benjamin.

A. Legendre.
    1. APHRAATE##

APHRAATE, surnommé le « Sage Perse », est chronologiquement le premier des écrivains de l'Église syriaque dont les œuvres nous soient parvenues. Elles comprennent vingt-trois Démonstrations ou Traités, écrits entre 336 et 345. On possédait d’une partie de ces Démonstrations une version arménienne, œuvre du ve ou du vie siècle, éditée sous le nom de saint Jacques de Nisibe, et accompagnée d’une traduction latine, inexacte et fautive. La découverte de l’original syriaque parmi les manuscrits du monastère de Scété a permis de restituer l’ouvrage à son véritable auteur.

La vie d’Aphraate ne nous est pas connue. Il ressort seulement de la lecture de ses écrits qu’il fut moine, constitué en dignité dans l'Église, et vraisemblablement revêtu du caractère épiscopal. Les auteurs syriaques postérieurs nous le représentent comme un docteur versé dans la connaissance des divines Écritures, et ayant joui d’un renom de sainteté et de science parmi ses contemporains. Aphraate habita, selon ces auteurs, le monastère de Mar