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APHÉCA


Afka est un des sites les plus merveilleux que l’on puisse rencontrer. « Un cirque immense, aussi beau que les plus sauvages des Alpes ou des Pyrénées, déroule à nos yeux des escarpements à pic, rendus verdoyants çà et là par des pins et des chênes qui ont pris racine sur les corniches suspendues au-dessus de l’abîme… Dans la paroi de l’est s’ouvre une grotte immense, dont l’ouverture, à peu près quadrangulaire, a soixante mètres dans tous les sens ; une eau limpide et claire comme le cristal jaillit avec force du fond de cette caverne, s'échappe

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183. — Cascades du Nahr Ibrahim (fleuve Adonis).

ensuite au milieu des gros biocs éboulés, et donne naissance à un large torrent qui tombe par une série de chutes écuinantes jusqu’au pont antique d’une seule arche sur lequel passe le sentier (fig. 183). Au-dessous du pont, trois nouvelles cascades superbes forment sur les replats du rocher des bassins si réguliers, qu’on les a crus taillés par la main dos hommes… L’ouverture de la caverne est à 1205 mètres d’altitude, et le pont romain à 1150. Tout à l’entour poussent des arbrisseaux qui laissent pendre jusque dans le torrent des grappes blanches odorantes ; c’est le Sorbus trilobata, dont la Heur gracieuse a du être consacrée dans l’antiquité, ainsi que celles des rosiers sauvages, qui forment ici des touffes admirables. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 406.

La rivière qui s'échappe de la grotte d’Afka pour se jeter dans la Méditerranée à six kilomètres au sud de Djébaïl est l’Adonis des Phéniciens et des Grecs, devenu le Naltr Ibrahim pour les mahométans et les Juifs, qui ont voulu substituer à la tradition païenne le souvenir du patriarche

Abraham. Le nom d’Adonis rappelle les mystères licencieux qui se célébraient dans cet endroit, où la fraîcheur des eaux, la douceur de l’air, tous les enivrements de la nature, semblaient inviter l’homme à donner libre cours à tous ses rêves, à toutes ses passions. Cf. Nicéphore Calliste, H. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 117. On voit encore, vis-à-vis de la source, un peu au sud, les ruines du temple de Vénus Aphaca, dont les soubassements seuls sont restés à peu près intacts. Des pans de murs entiers, bâtis avec des pierres de taille de moyennes dimensions, mais régulières ; d'élégants fragments de sculpture gisent sur le sol. Au milieu des ruines, on aperçoit un petit autel et des tronçons de colonnes de syénite d’Egypte. Ce temple a évidemment subi une destruction violente. Il fut, en effet, renversé par Constantin, à cause des infamies qui s’y commettaient. Eusèbe, De Vita Constantini, iii, 55, t. xx, col. 1120.

A quelques centaines de mètres du temple, vers l’ouest se trouve le petit village d’Afka, enseveli sous les noyers et les térébinthes. Il consiste en un amas de maisons assez mal bâties, et dont la moitié sont renversées. Au centre d’un cercle de pierres, servant de lieu de prières pour les habitants, qui sont Métoualis, on remarque une jolie colonne en granit rose, qui provient sans doute de l’antique temple de Vénus. La ville descendait autrefois plus bas et se rapprochait davantage de son sanctuaire, qu’environnaient des bosquets sacrés. Cf. V. Guérin, La Terre Sainte, t. ii, p. 39-42 ; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1850, t. iii, p. 603-008 ; E. Renan, Mission de Phénicie, Paris, 1864, p. 205-301. Faut-il voir dans Aphéca l’Aphec de la tribu d’Aser, Jos., xix, 30? Ce n’est pas certain. Voir Apiiec 2.

A. Lf.gendre.

2. APHÉCA (hébreu : 'Afêqâh ; Septante : <l>axo’ji), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 53. Comprise dans le second groupe des villes de la montagne, elle est mentionnée entre Belhtaphua et Alhmatha. Cette dernière est inconnue, mais la première est généralement identifiée avec Tefouah ou Tûlfûh, village situé à l’ouest et non loin d’Hébron. Or plus haut, vers le nord, à l’ouest de Bethléhem, on rencontre Vouadi Foukin, dont le nom,

/wp « j, rappelle assez bien Aphec. La carte anglaise,

Londres, 1890, feuille 14, ne signale que l’ouadi ; mais M. Guérin a visité le village du même nom, qui, à moitié ruiné, ne compte maintenant qu’un fort petit nombre d’habitants. Il « a dû cependant succéder à une localité antique, car, le long des lianes du monticule au bas duquel il est bâti, on observe plusieurs anciens tombeaux creusés dans le roc. » Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 321. M. Maspero admet volontiers qu’il répond

à Apouken, I ^ I V ^, n°66 des listes de Karnak.

Il pourrait en être, selon lui, à.'Apoukn[i] comme de Loudn[i], où le ™ « ™, ii, final paraît être l’ethnique. « Ici pourtant, ajoute-t-il, je pense que le ******, ii, exista réellement dans le nom même de la bourgade, car on trouve sur la carte moderne un village de Foukin, qui répond à Apouken de la même manière que Fik répond à Aphec. > Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter à la Judée ; extrait des Transactions of the Victoria Instilute, or philosophical Society of Great Britain, l888, p. 4. À la convenance du nom se joint celle de la position. Apouken se trouve, sur le monument égyptien, entre Aunau (Ono) et Sauka (Socho) ; et Foukin est à quelque distance à l’est de Khirbet echChoueikéh, regardé comme le représentant de l’ancienne Socho. Voir la carte de la tribu de Juda.

Mariette avait bien, dès le début, rapproché le mot hiéroglyphique d’une des Aphec de Juda, mais sans savoir à laquelle il se rapportait au juste. « Il est bien plus probable, dit- ii, que le n° GG est la ville d’Aphec dont le roi fut tué par Josué, Jos., xii, 18, et qui fut plus tard