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APHEC

au sud-ouest des précédentes et au nord-ouest de Deir Yesin. L’hébreu אפק, ʾǍfêq, signifie « forteresse », et l’arabe Jila*aï, kǔstǔl, semble dériver d’un ancien castellum construit par les Romains. Le village, composé de quelques maisons seulement, est sur une hauteur d’où la vue est très étendue et d’où l’on aperçoit distinctement la mer. Le long des lianes de la montagne, on remarque encore les traces d’une voie antique. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 100-101 ; 1882, p. 262-264 ; 1888, p. 263-265.

Cette hypothèse évidemment n’est pas exempte de toute difficulté, mais M. Chaplin, ouv. cité, 1888, p. 263-265, montre bien comment les différents points de cette topographie s’adaptent d’une façon naturelle au récit biblique. I Reg., iv et vii. De son exposé nous ne retenons que ce qui concerne Aphec. Pendant que les Hébreux occupaient la colline de Beit Iksa, entourée de vallées profondes, les Philistins trouvaient dans celle de Kǔstǔl une position sûre et parfaitement appropriée pour leur servir de point d’attaque. Au nord s'étend un large plateau qui, encore environné par les restes d’un rempart de grandes pierres, semble avoir été utilisé comme camp dans les temps anciens. De là, ne pouvant se lancer directement sur les Hébreux défendus par la vallée comme par un fossé naturel, ils pouvaient marcher en toute sécurité vers le nord, passer par le village actuel de Beit Sourik, puis, une fois arrivés à Biddou, faire un mouvement tournant vers la droite pour fondre sur Maspha, le centre du gouvernement à cette époque, ou sur un ennemi retranché à Beit Iksa. De ce dernier point, il était facile à un coureur agile d’aller, en quatre heures à peu près, porter à Silo, après la défaite et la perte de l’arche, la triste nouvelle qui devait causer la mort du grand prêtre.

4. APHEC (hébreu : ʾǍfêqâh ; Septante : Ἀφέκ), ville où étaient campés les Philistins avant le combat qui occasionna la défaite et la mort de Saül. I Reg., xxix, 1. Quelques auteurs sont tentés de l’assimiler à la précédente, I Reg., iv, 1 ; mais comme, au chap. xxviii, 4, le récit sacré nous montre les ennemis d’Israël déjà établis à Sunam, au pied sud-ouest du petit Hermon, il faut voir alors dans le chap. xxix un épisode intercalé et racontant des événements qui se seraient passés pendant la marche des Philistins vers la plaine d’Esdrelon. Calmet, Commentaire sur le premier livre des Rois, Paris, 1711, p. 331 ; Grove, dans Smith’s Dictionary of the Bible, Londres, 1861, t. i, p. 78.

Un plus grand nombre d’exégètes la distinguent d’Aphec 3. Eusèbe et saint Jérôme la placent « près d’Endor de Jezraël, où combattit Saül ». Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 97, 226. C’est la reproduction de l’interprétation inexacte des Septante, qui, I Reg., xxix, 1, ont traduit bâʿain, « près de la fontaine, » par Ἀενδώρ. Il ne s’agit pas ici de cet endroit. Pour mieux fixer, d’ailleurs, l’emplacement que nous cherchons, rappelons les principaux mouvements des deux armées ennemies. Les Philistins, « rassemblant leurs troupes et se préparant à la guerre, viennent camper à Sunam, » I Reg., xxviii, 1, 4, c’est-à-dire au village actuel de Soulam, sur la pente sud-ouest du Djebel Dahy. Saül, de son côté, s'établit, avec les armées d’Israël, sur le mont Gelboé, I Reg., xxviii, 4, d’où il contemple avec frayeur les forces ennemies, t- 5> Les Philistins, retranchés d’abord au pied de la montagne, reviennent vers la plaine, à Aphec, où ils pourront développer plus facilement leur cavalerie et leurs chariots. En même temps, les Hébreux prennent position « auprès de la fontaine qui était à Jezraël, » I Reg., xxix, 1, 2, c’est-à-dire l’Ain el-Maïtéh, ou, plus probablement, l’Aïn-Djaloud, suivant M. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 309. Enfin les Philistins « montent à Jezraël, » I Reg., xxix, 11, la Zeraʿin actuelle, à l’extrémité nord-ouest du mont Gelboé. C’est là que se passe le combat, là que les Israélites sont vaincus, et que Saül, après avoir vu périr ses fils, blessé et pressé par l’ennemi, se jette sur son glaive pour se donner la mort. I Reg., xxxi, 1-6. Voir la carte de la tribu d’Issachar.

D’après cet exposé, Aphec devait se trouver dans la plaine d’Esdrelon, à l’ouest de Sunam et au nord-ouest de Jezraël. Or le village qui, par sa position, répond le mieux à ces données topographiques, est celui d’Afouléh, situé sur une éminence qui domine un peu la plaine. Certaines traditions du moyen âge plaçaient là les ruines de notre ville, et M. V. Guérin donne cette opinion comme vraisemblable. Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 109-110. Tel est aussi le sentiment de Van de Velde. Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 286. C’est entre ce village et celui de Fouléh, à peu de distance vers l’est, que, le 16 avril 1799, était campé le gros de l’armée turque, à la bataille dite du mont Thabor. Kléber, avec une poignée d’hommes disposés en carrés, osa l’attaquer, et résistait depuis six heures à toute la furie de nombreux adversaires, lorsque Bonaparte, débouchant dans la plaine, enveloppa l’ennemi qui, bientôt déconcerté, s’enfuit dans toutes les directions, laissant sur le terrain d’innombrables cadavres d’hommes et de chevaux.

Conder, Handbook to the Bible, p. 403, et G. Armstrong, W. Wilson, Names and places in the Old and New Testament, p. 11, carte, 1890, feuille 10, placent Aphec à Foukouʿa, localité qui, à une altitude de plus de 400 mètres, occupe, vers le sud-est, l’un des points culminants du massif montagneux auquel elle a donné son nom, le Djebel Foukouʿa, ancien mont Gelboé. Cette identification nous semble en désaccord avec l’ensemble du récit biblique, tel que nous l’avons exposé. On se demande d’abord pourquoi les Philistins seraient venus s’embarrasser dans la montagne, quand la plus vulgaire tactique leur conseillait de choisir la plaine ; puis pourquoi ce mouvement en arrière de l’armée israélite, de Sunam à Foukouʿa. Enfin, au lieu de « monter » d’Aphec à Jezraël, comme le dit formellement le texte sacré, I Reg., xxix, 11, ils auraient dû « descendre » de Foukouʿa à Zéraʿin. Plusieurs auteurs prétendent que l' Aphec dont nous venons de parler est identique à celle de III Reg., xx, 26, 30. Voir Aphec 5.

5. APHEC (hébreu : ʾǍfêqâh ; Septante : Ἀφέκά, III Reg., xx, 26, 30 ; ʾǍfêq, Ἀφέκ, IV Reg., xiii, 17), ville où Achab remporta sur Benhadad II, roi de Syrie, une éclatante victoire, III Reg., xx, 26, 30 ; et où plus tard Joas, fils de Joachaz, roi d’Israël, vainquit Benhadad 111. IV Reg., xiii, 17, 25. On la trouve dans les inscriptions assyriennes sous le nom d’Ap-qu. Ct. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 204 ; Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, 1881, p. 178, 286, 287. Joséphe la nomme également Ἀφέκά. Ant. jud., VIII, XIV, 4.

Plusieurs auteurs l’identifient avec la précédente, car elle se trouvait « dans la plaine ». Les Syriens, en effet, battus une première fois auprès de Samarie, dans une contrée montagneuse, attribuèrent leur défaite aux dieux des Israélites, qui devaient être « des dieux de montagnes », et se promirent un triomphe facile dans la plaine, où ces mêmes dieux n avaient aucun pouvoir. III Reg., xx, 23-25. Voilà pourquoi ils revinrent, au bout d’un an, camper à Aphec, où ils éprouvèrent un nouvel échec. Telle est l’opinion de Keil, Biblischer Commentar über das Alte Testament, die Bücher der Könige, Leipzig, 1876, p. 220 ; de Fried. Delitzsch, ouv. cité, p. 287 ; de Mûhlau, dans Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 69.

Beaucoup d’autres placent Aphec à l’est du lac de Tibériade, sur la grande route de Damas en Palestine, au village actuel de Fik, dont le nom, ^jj ou t i>jj) chez