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APHEC


des $. 17 et 18 sont de celles qui furent conquises dans l’expédition contre le roi de Jérusalem et ses alliés, et par conséquent doivent être cherchées, non, comme le font plusieurs auteurs, dans le nord, mais bien dans le sud de Chanaan. Cf. Keil, Biblischer Commentar ùber das Alte Testament, Josua, Leipzig, 1874, p. 98-99.

Poursuivant notre calcul, nous pouvons préciser encore davantage l’emplacement approximatif d’Aphec, au moyen de Taphua et de Saron, quelle que soit l’obscurité qui les enveloppe elles-mêmes. Taphua (hébreu : Tappûa)}) doit être identique à la ville de même nom qui est mentionnée dans la tribu de Juda. Jos., xv, 34. Or cette dernière se trouvait « dans la plaine », et fait partie d’un groupe où plusieurs noms sont facilement identifiés : Estaol (Achou’a), Saréa (Sara’a), Zanoé (Zdnou’a), Jérimoth (Yarmouk), etc. Elle appartenait donc à la région nord-ouest de la tribu, et M. V. Guérin, par une conjecture fondée sur l’ensemble de ces rapprochements, propose de la reconnaître dans le Khirbet Khreickoum. Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 28. Une conjecture semblable nous permettrait peut-être de placer Aphec aux ruines de Belled el-Foka, que Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 403, et les auteurs de la carte anglaise, feuille 14, donnent comme le site probable d’Apnix 3. Nous nous gardons cependant d’appuyer cette hypothèse sur le mot Foha ; il pourrait sembler rappeler Aphec, mais c’est un simple adjectif qui, en arabe, signifie « supérieur » ou « d’en haut », et qui détermine plus d’un nom actuel dans la Palestine : par exemple, Beit’Our el-Fôka, « Béthoron supérieur, » par opposition à BeiVOùr et-Tahta, « Béthoron inférieur. » D’un autre côté, Saron, Jos., xii, 18, pourrait être le village de Sarona, dans la plaine du même nom, auprès de.laffa, marquant, vers le nord-ouest, la limite des villes énumérées du ꝟ. 9 au ꝟ. 18. Si Belled el-Foka paraît trop éloigné de ce point, nous indiquerons le Khirbet Menlj el-Fikiéh, sur la route de Ramléh à Jérusalem, dont le nom et la position peuvent également convenir à la cité ehananéenne.

D’après ce que nous venons de dire, cette ville ne saurait être confondue avec l’Aphéca de Jos., xv, 53, qui, mentionnée entre Beththaphua et Hébron, se trouvait « dans la montagne de Juda ». Jos., xv, 48. Voir Aphéca 2. Était-elle identique à l’Aphec de I Reg., iv, 1? Voir

Aphec 3.

A. Legendre.

2. APHEC (hébreu : 'Àfêq, Jos., xix, 30 ; 'Âfiq, Jud., I, 31 ; Septante : 'Aç£x, Jos., xix, 30 ; omis, Jud., i, 31), ville de la tribu d’Aser, Jos., xix, 30, dont les Chananéens ne furent pas chassés, Jud., i, 31. Citée entre Amma et Rohob, elle est jusqu’ici restée inconnue. Certains auteurs l’assimilent à l’Aphéca de Jos., xiii, 4, limite septentrionale de la Terre Sainte, r’Açaxi des Grecs ; VAfka du Liban. Keil, Biblischer Commentar ùber das Alte Testament, Josua, Leipzig, 1874, p. 158 ; Mûhlau, dans Riehm, Handivôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 69 ; Gesenius, Thésaurus lingux heb., p. 140. Voir Aphéca 1. Cette opinion nous semble sujette à plus d’une difficulté. Examinons d’abord la place qu’occupe Aphec dans l'énumération des villes de la tribu d’Aser. Jos., xix, 24-30. L’auteur sacré, qui suit toujours un ordre méthodique, après avoir successivement parcouru le centre, le sud et l’est, se dirige vers le nord par Cana et Sidon ; puis il redescend vers Tyr jusqu'à Achzib (Ez-Zib), pour finir par une ligne qui, partant de Ras en - Naqoura, s'étend vers la tribu de Nephthali avec Amma {'Aima ech-Chaoub, ou même, si l’on veut, Khirbet 'Amméh ; voir Amma 1) et Bohob ( peut-être Tell er-Rahib). Voir la carte de la tribu d’AsER. C’est donc dans cette dernière région que devrait se trouver notre ville.

Ensuite l’identification, tantôt certaine, tantôt probable, des différents noms, ne nous transporte pas au delà du Léontès, Kahr el-Qasmiyéh ou <i fleuve de la séparation ». Quelques auteurs, nous le savons, placeraient vo lontiers Amma à Kefr Ammeih, dans le Liban, au sud à'Rammana, dans le Djourd, et Rohob à Hûb, au nordest de Djébaïl ; mais, outre le caractère très hypothétique de cette assimilation, ce serait isoler complètement ces villes du reste de la tribu, et les jeter sans raison en plein territoire phénicien.

Nous croyons donc que si, en droit, c’est-à-dire en vertu d’une promesse divine dont l’entier accomplissement ne tut que momentané, les frontières de la Terre Sainte s'étendirent jusqu'à l’Afka du Liban, de fait elles n’atteignirent pas cette limite. Voilà pourquoi nous pensons qu’on peut identifier avec cette ville l’Aphéca de Jos., xiii, 4, mais nous hésitons à y reconnaître l’Aphec de la tribu d’Aser. A. Legekdre.

3. APHEC (hébreu : 'Àfêq ; Septante : 'AçÉ-/.), ville où étaient campés les Philistins au moment du fatal combat pendant lequel l’arche d’alliance fut prise et les fils d’Héli tués. I Reg., iv, 1. Nous sommes ici en présence d’un problème topographique des plus difficiles, parce. qu’il renferme trop d’inconnues.

Aphec se trouvait auprès d'Ében-Ézér, « la Pierre du Secours, » I Reg., iv, 1, c’est-à-dire près de l’endroit où, vingt ans plus tard, Samuel éleva une pierre commémorative, pour rappeler la victoire miraculeuse qu’il venait de remporter sur les mêmes ennemis, les Philistins. I Reg., vii, 12. Ce monument fut placé « entre Maspha et Sen ». Sen (hébreu : Hassên, « la dent » ) semble indiquer ou un rocher pointu, ou une localité située sur une sorte de pic : sa position est incertaine. Maspha est une localité de la tribu de Benjamin. Robinson l’identifie avec le village actuel de Néby-Samouïl, au nord-ouest de Jérusalem ; Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 460 ; et M. Guérin avec Cha’fath, situé plus bas, directement au nord de la ville sainte. Description de la Palestine, Judée, t. i, p. 395. L’un ou l’autre de ces deux sites, d’ailleurs très rapprochés, représente l’un des extrêmes ; mais, l’autre restant indéterminé, il devient difficile de fixer le point intermédiaire, Ében-Ézér. Les deux principales opinions sur ce sujet sont les suivantes.

Conder et Clermont-Ganneau placent Ében-Ézér à Deir Abdn, trois milles (environ cinq kilomètres) à l’est d’Aïn Chems, l’ancienne Bethsamès, dans la région nord-ouest de la tribu de Juda. Deir Abân, « le couvent de la Pierre, » rappellerait la première partie du nom ancien, et la situation serait en conlormité avec l’ensemble des faits racontés I Reg., iv, v, vi, vu. Dans ce cas, Aphec serait probablement Belled el-Foka, à environ six kilomètres au sudouest de Deir Abân, et se confondrait ainsi avec la cité ehananéenne de Jos., xii, 18. Voir Aphec 1. Le combat aurait donc eu lieu sur les confins du pays des Philistins. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1876, p. 149 ; 1877, p. 151-150. Cette opinion présente plusieurs difficultés que nous ne pouvons exposer ici ; voir Ébén-Ézér : une des plus grandes est la distance qui sépare Deir Abân de Silo. Il n’y a pas moins de quarante-huit kilomètres entre les deux endroits, et cependant le messager qui porta à Héli la nouvelle du désastre arriva « le jour même », c’est-à-dire le soir de la bataille. I Reg., iv, 12. Comme il ne partit pas avant la fin du combat,

  • . 16, 17, et qu’il était à Silo avant la nuit, 5°- 13, on peut

regarder le chemin comme trop considérable, même pour un bon coureur.

La seconde opinion, soutenue par YV. F. Birch et Thomas Chaplin, place le champ de bataille dans la tribu de Benjamin. Pour eux, Maspha est Néby-Samouïl, et Sen est Deir Yesin, cinq kilomètres plus bas, vers le sud, nom qui répond exactement au Beth-iasan des versions syriaque et arabe. Ébén-Ézér est, pour le premier, Khirbet Samou’il, à 1 600 mètres au sud de Néby-Samouïl, et, pour le second, Beit Iksa, un peu plus bas : tous deux reconnaissent Aphec dans Kiislàl ou Kasthoul, localité située