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APHARSACHEENS — APHARSATACHEENS


CHÉESS. Ces deux localités voisines eurent naturellement le même sort ; transplantées en Samarie par Asénaphar ou Asarhaddon, elles se conrondirent avec les néoSamaritains

et restèrent en hostilité avec les Juifs.

E. Pannier.
    1. APHARSATACHEENS##

APHARSATACHEENS (chaldéen : ' Âfarsatkaiê' ; Septante : 'AçapoaOcr/aîot ; Vulgate : Apharsathachsei), captifs transportés dans le royaume d’Israël lors de la seconde colonisation opérée par Asénaphar, c’est-à-dire Asarhaddon, ou, suivant quelques assyriologues, son fils et successeur Assurbanipal. (Voir ces noms.) Ils tâchèrent d’empêcher la reconstruction du temple de Jérusalem. I EsJr., iv, 10. Quelques auteurs les confondent avec les Apharsachéens mentionnés par I Esdr., v, 6 ; VI, C, comme signataires d’un rapport adressé à Darius au sujet de la même entreprise ; ces deux noms ne différant, en effet, que par l’addition ou l’omission d’un tliav et d’un vatach ou a bref dans les points-voyelles, il est possible que ces signes soient tombés ou aient été ajoutés par l’inadvertance des copistes. Dom Calmet, Commentaire littéral, sur 1 Esdr., iv, 10, 1722, p. 32 ; Clair, Esdras et Néhémie, dans la Bible de Lethielleux, sur I Esdr., iv, 10, 1882, p. 25 ; Keil et Delitzsch, Biblischer Commentar, Th. v, Chronik, Esra, sur I Esdr., IV, 10, Leipzig, 1870, p. 437 ; Kitto, Biblical Cyclopsedia, au mot Apharsachites, 1. 1, p. 163 ; Eb. Schrader dans Riehm, Handworterbuch des biblisclien Altertums, t. i, p. 69, etc.

Les Apharsatachéens paraissent originaires de l'Élam ou plutôt de la Médie. Leur rapprochement des Susanéchéens et des Élamites dans le texte d’Esdras a fait penser que c’est une tribu élamite (A. H. Sayce, dans les Transactions of the Sockty of Biblical Archseology, t. iii, part. ii, The Language of the cuneiform Inscriptions of Elam and Media, p. 468) ; de plus, dans la langue élamitique, sur laquelle les inscriptions cunéiformes jettent déjà quelque jour, la désinence ak ou (a)-ka se remarque dans les appellations géographiques et sert à la dérivation des adjectifs : SuHnak, suSunka, Susien ou de Susiane. A. H. Sayce, ibid., p. 478, 479 et passim ; J. Oppert, Les Inscriptions en langue susienne, p. 179, dans les Mémoires des congrès des Orientalistes, Paris, 1873 ; et du même, Susian texts, dans les Becords of the Past, l re série, t. vii, p. 81. — Les inscriptions d’Asarhaddon, que nous ne possédons pas complètes d’ailleurs, ne mentionnent pas de guerre en Elam ; mais Sennachérib, son prédécesseur, fut en lutte avec les Élamites alliés aux Babyloniens durant la plus grande partie de son règne ; il remporta sur eux de grands succès et leur fil de nombreux prisonniers. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 215, 221-223 ; Eb. Schrader, KeiUnschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 102-105, 106-111 ; The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 37, col. 19 ; pi. 41, col. v, 1. 5-85 et passim. Ces prisonniers de Sennachérib, auxquels vinrent s’adjoindre ceux que fit à son tour Asarhaddon dans les régions voisines (681-668), auraient formé le contingent de cette deuxième déportation en Israël. Mais la difficulté est de trouver dans le pays d'Élam un nom géographique se rapprochant de celui des Apharsatachéens ; en prenant la désignation d'Élam au sens large, c’est-à-dire en y comprenant la Susiane et les provinces que les textes assyriens y rattachent, parce qu’en effet à l'époque de leur rédaction tous ces pays appartenaient au même souverain, on reconnaît dans les inscriptions susiennes un district voisin de la Médie et nommé Habirdi ; les inscriptions cunéiformes trouvées dans cette localité même donnent la forme Aibir, le pays des Amardes des anciens, le plateau de Mal-Amir actuel ; sous ces mêmes noms Hapirti, Hapirtip, les inscriptions modiques désignent même l'Élam dans toute son étendue. Il se peut que les victoires des monarques assyriens sur les troupes élamites aient mis à leur disposition des prisonniers du pays d’Aibir ; mais il y a trop de différence entre ce nom et celui qu’on trouve dans I Esdras. — H. Rawlinson fait

des Apharsatachéens les Aibir ou « Hafar-Sittacéniens » ou de la Sittacène ; mais, outre que c’est pratiquer dans le texte une coupure arbitraire, il faut bien reconnaître qu’aucune inscription ne permet la jonction de ces deux noms propres. H. Rawlinson, Journal of the Boy al Asiatic Society, t. xv, p. 239 ; Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 261 ; Rœdiger dans Gesenius, Thésaurus linguse hebrses, supplément, p. 107. Voir aussi sur les I.Iabirdip : Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, t. ii, p. 487 et suiv. ; Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p..15, 10 et 236 ; Sayce, dans les Transactions of the Society of Biblical Archseology, t. iii, part. ii, p. 468 et suiv. ; Amiaud, Cyrus, roi de Perse, p. 253-254, dans la Bibliothèque de l'École des Hautes Etudes, sect. philol., fascicule 73, Mélanges Benier.

Fr. Delitzsch (Daniel, p. ix, et dans Schrader -Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 64, note) préfère avec raison y voir des tribus mèdes soumises par Asarhaddon lui-même : les (A)-pharsatachéens seraient les habitants de Partakka, comme les (A)-pharsachéens et les (A)-pharséens seraient ceux de Partukka et ceux du Parsua, autres localités médiques. Du reste la Médie confinait à l'Élam, et la langue des inscriptions médiques ne diffère que peu de celle des inscriptions élamites. Quant à la transcription de ces noms en chaldéen, le p du syllabaire cunéiforme correspond au double emploi du phé hébreu ou chaldéen, p et f ; l’addition de Yaleph prosthétique ne peut pas surprendre, car les Mèdes se nomment indistinctement aussi dans les inscriptions assyriennes Madà ou Amadâ, et les géographes anciens nous ont conservé côte à côte les deux formes MàpSoi et "AjjapSoi, Strabon, xv, 3 et vin, 8, édit. Didot, p. 619 et 440. Asarhaddon, dans ses inscriptions, mentionne en effet ses conquêtes dans les districts de Partoukku, Partakka et autres circonvoisins. The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 46, col. iv, 1. 8-38 ; Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 244 ; Eb. Schrader, KeiUnschriftliche Bibliotftek, t. iï, p. 132 ; voir aussi Fr. Lenormant, ibid., t. ii, p. i, p. 489490 ; Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichlsforschung, p. 175, note. Cette dernière opinion ne diffère donc pas beaucoup de l’ancienne, qui faisait des Apharsatachéens les habitants de la Paretacène ou des Scytho-Mèdes. Dom Calmet, Comment, lillér. in IV Reg., xvii, 24, 1722, p. 193.

Asarhaddon nous renseigne aussi sur le sort qu’il réseiv vait à ses prisonniers ; il transplanta dans le mat Hatti, qui embrassait la Phénieie, Chanaan, la Syrie, dont il avait au préalable enlevé les habitants révoltés, « les hommes des montagnes conquis par son arc, et ceux de la mer du Levant, » c’est-à-dire les riverains du golfe Persique, et les montagnards des diverses chaînes du Zagros qui ferment à l’est le bassin du Tigre. Or ces expressions conviennent aux Élamites et aux Mèdes ; à ce point que Eb. Schrader, après avoir révoqué en doute cette deuxième colonisation de la Samarie par Asarhaddon, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1867, p. 497 et suiv., l’admet sans hésiter dès la première édition de ses Keilinschriften und das Alte Testament, 1872, p. 244. Voir aussi Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 62 et 63, note ; Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 241 ; Eb. Schrader, Kcilinschriflliche Bibl’wlhek, t. ii, p. 126-127 ; The cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, pi. 45, col. i, 1. 24-34.

La suite de l’histoire des Apharsatachéens nous est connue par la Bible ; mélangés aux déportés de la première colonisation et aux débris israélites épargnés par le vainqueur, ils partagèrent leurs sentiments de jalousie contre les Juifs, et aussi leur religion où le culte du vrai Dieu s’alliait avec celui de leurs idoles nationales. Zo ; robabel ayant repoussé leur concours pour la recons— [ traction du temple de Jérusalem, ils la firent interrompre