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APELLE — APHARSACHEENS

APELLE (Ἀπέλλης), chrétien de Rome, salué par saint Paul, Rom., xvi, 10. L’Apôtre l’appelle τὸν δοκιμον ἐν Χριστῷ, c’est-à-dire « serviteur fidèle du Christ ». Origène a supposé sans fondement, In Rom., xvi, 10, t. xiv, col. 1281, qu’Apelle était la même personne qu’Apollo. Act., xviii, 24. Le fameux trait satirique d’Horace : Credat Judæus Apella, non ego, Sat. I, v, 100, montre que ce nom juif était bien connu à Rome. D’après la tradition, Apelle était un des soixante et douze disciples, et devint évêque de Smyrne ou d’Héraclée. J. A. Fabricius, Salutaris Lux Evangelii, in-4o, Hambourg, 1731, p. 115. Les Grecs l’honorent le 31 octobre. Le martyrologe romain marque sa fête le 22 avril et le 10 septembre.

APHÆRÉMA (Ἀφαίρεμα), une des trois toparchies, νομούς, détachées de la Samarie et ajoutées à la Judée par les rois de Syrie. I Mach., xi, 34. La Vulgate l’omet. Josèphe l’appelle Ἀφερειμά, Ant. jud., XIII, IV, 9. C’est, selon toute vraisemblance, la forme grecque de l’hébreu ʿEfrain (Qeri), ʿEfrôn (Keṭib), II Par., xiii, 19, devenu plus tard, par un changement presque insensible, Ἐφραίμ, Ephrem, l’endroit où, peu de temps avant sa passion, Notre-Seigneur se retira, avec ses disciples. Joa., xi, 54. D’après Josèphe, cette ville d’Ephraïm était dans le voisinage de Béthel et tomba, comme elle, au pouvoir de Vespasien. Bell. jud., IV, ix, 9. C’est bien celle qu’Eusèbe place à vingt milles au nord de Jérusalem ; il la nomme également Ἐφραίμ ou Ἐφραείμ. Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 254, au mot Ἐφρoν, et S. Jérôme, Ephrœa, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 894. Elle est identique à l’Ophéra de Benjamin, Jos., xviii, 23, que Robinson et plusieurs auteurs, après lui, reconnaissent dans le village actuel de Thayebéh, au nord-est de Beitin (Bethel). Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447 ; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47. Pour la description, voir Éphrem et Ophéra, et cf. Aphra, col. 736.

APHARA (hébreu : Haffârâh ou Happârâh, avec l’article défini ; Septante Φαρά), ville de la tribu de Benjamin, mentionnée une seule fois dans la Sainte Écriture. Jos., xviii, 23. Elle appartient au premier groupe, qui, dans rémunération de Josué, représente les parties orientale et septentrionale de la tribu. Jos., xviii, 21-24. On trouve dans l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 222, une ville nommée Ἀφρά, que saint Jérôme, complétant une lacune d’Eusèbe, place à cinq milles à l’est de Béthel, et qu’il identifie avec le village d’Efrem ou Effrem. Liber de situ et nominibus loc. heb., t. xxiii, col. 872. Ces indications conviennent mieux, croyons-nous, à Ophéra (hébreu : ʿOfrâh), qui suit immédiatement Aphara, et que plusieurs auteurs sont portés à reconnaître dans le village actuel de Thayebéh, à l’est-nord-est de Beitin ou Béthel. Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447 ; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47.

Aphara se retrouve aujourd’hui dans Khirbet Tell el-Fârah, près de l’Ouadi Fârah, qui, au sud-est de Béthel et de Moukhmas, se joint à l’Ouadi Soueinit pour entrer dans l’Ouadi el-Kelt. Voir la carte de la tribu de Benjamin. L’identité de nom et la position conforme aux données de l'Écriture peuvent faire regarder comme certaine cette identification, proposée d’abord par Robinson, ouv. cité, t. i, p. 439, note 1 ; acceptée par van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 338 ; admise par V. Guérin, ouv. cité, p. 72, et par les auteurs anglais, G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 141. On ne saurait y opposer la différence de racine et de signification entre les deux mots hébreu et arabe (Fârâh, hébreu : « génisse ; » arabe : « souris, » ) car les noms modernes se rattachent plus souvent aux anciens par le son que par le sens.

La colline de Tell el-Fârah, dit M. V. Guérin, ouv. cité, p. 72, « domine d’une centaine de mètres la vallée au milieu de laquelle elle s'élève, et elle est elle-même commandée par plusieurs montagnes voisines. Son sommet, divisé en deux parties par une petite dépression centrale, est couvert de menus matériaux appartenant à des habitations complètement rasées. Au bas du tell, vers l’ouest, près du confluent de l’Oued Soueinit et de l’Oued el-Fârah, je remarque les débris de plusieurs constructions, entre autres d’un aqueduc, dont je suis les traces jusqu'à son origine, en remontant, l’espace de quatre cent soixante pas, à l’ouest, les bords de l’Oued el-Fârah. Le lit de ce torrent est rempli de roseaux gigantesques et de magnifiques touffes d’agnus castus. Bientôt j’arrive à une source très abondante, qui tombe en cascade et dont les eaux étaient autrefois en partie dérivées dans le canal de l’aqueduc que je viens de mentionner. L’oued est, en cet endroit, resserré entre deux énormes masses de rochers, qui se dressent, presque verticalement, à une très grande hauteur. Les parois sont percées, à différents étages, d’un certain nombre de grottes artificielles… Rien de plus austère et de plus saisissant que cette gorge sauvage, où l’on n’entend que les cris des oiseaux de proie qui ont élu domicile dans ces cavernes, depuis longtemps abandonnées, et dont la source solitaire est, vers le soir, le rendez-vous des bêtes fauves qui hantent les montagnes voisines. »

APHARSACHÉENS (chaldéen : ʾĂfarsekâïê ; Septante : Ἀφαρσαχαῖοι; Vulgate : Apharsachæi et Arphasachæi), captifs transplantés par les Assyriens dans l’ancien royaume d’Israël, mentionnés dans I Esdr., v, 6 ; vi, 6, comme hostiles au rétablissement des Juifs dans leur patrie et à la reconstruction du temple de Jérusalem, et signataires d’une lettre adressée dans ce but à Darius. On les confond assez souvent avec les Apharsatachéens mentionnés I Esdr., iv, 9 : ces deux noms ne différant que par l’addition ou la suppression d’un ii, thav, et d’un patach ou a bref, il est possible que ces signes soient tombés ou aient été ajoutés par l’inadvertance des copistes. Clair, Esdras et Néhémie, sur I Esdr., v, 6, dans la Bible de Lethielleux, 1882, p. 30 ; Kitto, Biblical Cyclopædia, t. i, p. 163 ; Eb. Schrader, dans Riehm, Handwörterbuch des biblischen Altertums, t. i, p. 69. En soi, la suppression serait plus probable que l’addition ; cependant il faut noter que le mot Apharsatachéens ne se trouve qu’une fois dans la Bible, tandis que l’autre y est répété deux fois (et même dans notre Vulgate, par une faute de copiste évidente sous deux formes légèrement différentes, Arphasachéens dans la lettre à Darius, et Apharsachéens dans la réponse). Du reste, rien n’oblige à confondre les deux noms : les circonstances sont différentes, la première lettre, signée par les Apharsatachéens, Dinéens, etc., I Esdr., iv, 10, est adressée à Artaxerxès ; celle des Apharsachéens l’est à Darius.

H. Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, t. xv, p. 239, ayant fait des Apharsatachéens une tribu élamite, les Hafar-Sittacéniens, fait de même des Apharsachéens les Hafar-Saces ; il est suivi par Rœdiger dans le supplément à Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, Addenda, p. 107. Mais, outre que c’est couper ces deux noms bibliques d’une façon arbitraire, les inscriptions cunéiformes contemporaines ne nous présentent jamais les noms ainsi combinés, et eux-mêmes se nomment toujours Aibir dans leurs inscriptions de Mal-amir. — Delitzsch (dans Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 64, note) voit avec plus de vraisemblance dans ces deux noms les localités mèdes de Partakka et Partukka, soumises toutes deux à l’Assyrie sous le règne d’Asarhaddon, dont la situation doit correspoudre à la Parétacène des anciens. Voir Apharsata-