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AOD — APAMÉE


s’en retourna par le même chemin jusqu’au point d’où il était revenu, aux environs de Galgala, et de là il se dirigea vers Seirath. Il fit aussitôt retentir la trompette de la délivrance dans les montagnes d'Éphraïm, et les enfants d’Israël, répondant à cet appel, vinrent se mettre sous ses ordres. « Suivez-moi, leur dit-il, carie Seigneur nous a livré entre les mains nos ennemis les Moabites. » Jud., iii, 28. Il s’avança d’abord à la tête de son armée vers le Jourdain, dont il fit occuper les gués, afin d'ôter aux ennemis tout moyen d'échapper, et marcha ensuite contre eux. Pris ainsi à revers par les Israélites et déjà démoralisés par la mort de leur roi, les Moabites furent taillés en pièces, et ils périrent tous dans le combat, au nombre d’environ dix mille. Quatre-vingts ans de paix et de sécurité furent le résultat de l' « humiliante » défaite qu’Aod infligea en ce jour aux Moabites. Jud., iii, 30.

E. Palis.

    1. APADNO##

APADNO (hébreu : 'Apadnô) désigne, d’après la Vulgate, une ville où Antiochus IV Épiphane devait « fixer sa tente, entre les mers, sur la montagne célèbre et sainte ». Dan., xi, 45. Les versions ont différemment compris ce mot. Les Septante l’omettent ; Aquila et Théodotion en font un nom propre : 'Eçaêavw ou 'AçaSavù ; Symmaque traduit 'ohôlê 'apadnô par Ta ? axrivàç toû 'n17tO(7Ta<Tt’o> aOtoû, « les tentes de sa cavalerie » ou « de son écurie » ; la Peschito, ne considérant que l'étymologie paddan, « plaine, pays plat, » sans tenir compte du suffixe possessif, met simplement : « dans la plaine. »

Les commentateurs sont également divisés. Les uns, voyant dans Apadnô une ville, l’identifient avec une localité nommée 'ArcàSvaç par Procope, De ssdificiis Justiniani, ii, 4, peut-être 1' 'Açocêâvw de Ptolémée, v, 18, située, en Mésopotamie, au confluent de l’Euphrate et du Chaboras. Porphyre, cité et en même temps réfuté par saint Jérôme, Comment, in Danielem, t. xxv, col. 573, la place entre le Tigre et l’Euphrate. Dom Calmet, traduisant de même l’hébreu : 'Apadnô bên yammim par « Apadnô ou Padan d’entre les deux mers », reconnaît ici « Padan d’entre les deux fleuves, ou Padan Aram ou Aram Naharaïm, qui signifient incontestablement la Mésopotamie ; les fleuves du Tigre et de l’Euphrate sont assez grands pour être nommés des mers, surtout dans leurs débordements ». Commentaire sur Daniel, Paris, 1715, p. 735. On suppose encore qu' « Apadnô entre les deux mers » désignerait la Parétacène, dans laquelle QuinteCurce, v, 13, place la ville de Tabès, où mourut Antiochus IV. D’autres la cherchent en Palestine, non loin de Jérusalem ou aupi'ès d'Émmaiis-Nicopolis. Cf. S. Jérôme, In Dan., t. xxv, col. 574. Enfin, d’après M. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Paris, 1891, t. ii, part. Il, p. 1426, Grâtz a soutenu tout récemment que le mot 'apadnô désigne la ville d’Apfadna en Élymaïde.

Avec le texte hébreu, tel que nous le possédons actuellement, il est impossible de faire un nom propre du mot qui nous occupe. Pour traduire : « Il fixera sa tente à Apadnô, » il faudrait un suffixe possessif à 'ohôlê, et la préposition be devant Apadnô ; d’un autre côté, 'oholê, étant à l'état construit, indique que 'apadnô est son complément. Aussi la plupart des exégètes anciens et modernes en font un nom commun. C’est, dit saint Jérôme, In Dan., t. xxv, col. 574, un mot composé qui signifie ôprjvou aOtoO, » son trône ; » et le sens est : « Il fixera sa tente et son trône entre les mers. » D’autres traduisent : « Il fixera les tentes de son palais, » expression employée par le prophète, probablement en souvenir des grandes tentes, semblables à des palais, en usage chez les rois orientaux. C’est donc entre ces deux sens que flotte 'apadnô. Pour Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 1<)92, ]isx, appédén, n’est

autre chose que pédén avec aleph prosthétique, et se rattache ainsi à la racine pâdan, d’où l’arabe. x., xS ' faddan, a. construire en haut, » et …JsS, fadan, « tour

élevée, » en sorte que notre mot signifie « palais, citait y délie ». Le syriaque Ii^qI > ofadên, a la même signification chez les auteurs profanes et chrétiens, et dans certains passages de la version biblique ; I Par. xv, 1 ; Eccli., xxl, 5. Le Targum de Jonathan a rendu par FW15N, 'apadnêh, le mot safrîrô, un ornai ; eyi).zvQ-i,

c’est-à-dire, qui ne se rencontre qu’une seule fois dans l'Écriture, Jer., xliii, 10. èafrîrô, dans la phrase du prophète, est certainement en parallélisme avec kis'ô, « son trône ; » mais a-t-il ce sens précis ? M. Fabre d’Envieu le croit : « Le saprir dont parle Jérémie, dit-il, était, en effet, un trône royal, splendide, que les rois chaldéens emmenaient avec eux, et sur lequel ils s’asseyaient pour juger les rebelles et pour recevoir les hommages, les adorations de leurs sujets, et aussi la soumission des vaincus. » Daniel, t. ii, part. ii, p. 1427. D’autres auteurs y voient simplement une annexe ou un ornement du siège royal, c’est - à - dire le tapis ou les draperies qui le recouvraient. On explique le mot safrîr par l’assyrien saparu, supar-ruru, « étendu, » « extentum vel expansum, ergo ffTpw|jia, stramentum. » J. Knabenbauer, Commentarius in Jeremiam, Paris, 1889, p. 492.

On peut rapprocher du terme hébreu 'apadnô le mot apadâna écrit en caractères cunéiformes sur des monuments de Persépolis, et qui semble réunir les deux sens dont nous venons de parler. Il désigne, en effet, selon plusieurs savants, une « salle du trône » dans laquelle les rois de Perse donnaient leurs audiences solennelles. Cependant il reste encore des doutes sur cette expression. « Nous voyons bien, dit M. Perrot, que ce mot se lit sur des bases qui ont appartenu à une salle de ce genre ; mais la seule étymologie qui en ait été présentée par un linguiste compétent, M. James Darmesteter, Études iraniennes, t. ii, p. 133, ne suggère pas d’autre idée que celle de « bâtiment élevé sur une hauteur », et c’est avec ce même sens de « citadelle », de « palais », qu’il a passé du perse dans les langues sémitiques, en hébreu, en syriaque et en arabe. » Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1890, t. v, p. 664. Nous ne pouvons discuter ici l’origine du mot apadànâ ; il nous suffit de retenir que les différents sens qui viennent d'être exposés conviennent parfaitement à 'apadnô, dont l’idée générale peut se résumer dans celle de « : pavillon royal ».

A. Legendre.
    1. APAMÉE##

APAMÉE, contrée de la Syrie, que traversa Holopherne dans sa marche contre le peuple d’Israël. Judith, m, 14. Le texte latin seul la mentionne. C’est le territoire que Strabon, xvi, 10, édit. Didot, p. 640, désigne par t) 'Aîtâ(jieia, tj 'A71aij.£<ov-f îj, et qui, outre la capitale de

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180. — Monnaie d’Apamée de Syrie.

Tête Iaurée de Zeus. - ^. AIIAMEQ[N] THS IEPAS KAI A2YA0T. Un éléphant.

même nom, comprenait des villes telles que Larisse (Qala’at Seidjar), Mégare et Apollonie. Voir en particulier la Géographie de Strabon, traduite du grec en français, Paris, 1805-1819, t. v, p. 206-208, avec les notes de Letronne. La ville principale s’appelait Aparnée surl’Oronie (fig. 180), pour la distinguer de plusieurs cités de ce nom, entre autres d’Apamée de Phrygie, dans le voisinage de laquelle une tradition fait arrêter l’arche de Noé. Le géographe grec