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ANTIOCHUS V EUPATOR — ANTIOCHUS VII SIDÈTES


souffrait dans ce pays, qui n’avait pas été cultivé ; sous ce prétexte il fit conclure la paix avec les Juifs, à qui l’on assura de nouveau le libre exercice de leur religion. Les Syriens n'étaient pas de bonne foi ; ils le prouvèrent tout de suite après en détruisant les murs de la ville, contrairement au serment royal. Cependant la crainte que Philippe ne réussît à s’emparer du pouvoir les obligea à j quitter précipitamment la Palestine, et Jérusalem fut ainsi délivrée. I Mach., vi, 57-63 ; II Mach., xiii, 23-26. La guerre entreprise par Mathathias et ses fils, pour la liberté religieuse, se termina de la sorte par un glorieux triomphe pour les Juifs. Le droit de pratiquer leur religion, reconnu à Israël par Antiochus V Eupator, ne leur fut plus contesté par aucun roi de Syrie. La folle entreprise d'Épiphane d' « helléniser » les serviteurs du vrai Dieu avait complètement échoué. Désormais les Juifs devaient avoir encore à combattre contre les Séleucides, mais seulement pour leur indépendance politique et non plus pour leur indépendance religieuse. Les maux qu’ils avaient endurés leur étaient venus d’un usurpateur, du père d’Eupator, à qui le trône n’appartenait pas, et, par une conséquence imprévue, c'étaient les suites mêmes de cette usurpation qui, en introduisant pour longtemps la division dans la famille des Séleucides, devaient permettre aux Machabées, habiles à profiter de la rivalité des rois qui se disputaient la couronne, de recouvrer leur autonomie et de s’affranchir pleinement du joug étranger.

Lysias, de retour en Syrie, après avoir calmé à Ptolémaïde les citoyens de cette ville, qui s’indignaient d’avoir été soumis à Judas, II Mach., xiii, 24-26, ne paraît pas avoir eu de peine à écraser son rival Philippe et à garder ainsi en son pouvoir le jeune roi Antiochus V. I Mach., vi, 63 ; cf. II Mach., xiii, 23-26. D’après Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 7, Philippe fut non seulement vaincu, mais mis à mort (163 avant J.-C).

Cependant Eupator et Lysias ne devaient pas rester longtemps paisibles possesseurs du pouvoir. Un ennemi plus redoutable que celui qu’ils venaient d’abattre surgit tout à coup, Démétrius, fils de Séleucus IV Philopator. Les Romains avaient servi les intérêts du tuteur d’Antiochus V en retenant Démétrius comme otage en Italie, et en l’empêchant de faire valoir ses droits à la couronne, parce qu’ils aimaient mieux voir le trône de Syrie occupé par un enfant ; mais le fils de Séleucus IV parvint à tromper leur surveillance et à se rendre en Syrie. Les soldats mêmes de Lysias se rangèrent sous ses ordres. II Mach., xiv, 1 ; Eusèbe, Citron, arm., i, 40, t. xix, col. 261 ; Syncelle, édit. Dindorf, t. i, p. 150 ; Justin, xxxiv, 3. Eupator et Lysias furent livrés au nouveau roi par leurs propres troupes. « Ne me montrez point leur face, » dit Démétrius, qui voulait venger sur leur personne le mal que lui avait fait Antiochus Épiphane. Et l’armée les fit mourir aussitôt l’un et l’autre (162 avant J.-C). I Mach., vu, 2-4. Cf. II Mach., xiv, 2 ; Appien, Syr., 46. Antiochus V Eupator avait régné deux années pleines. Josèphe, Ant. jud., XII, x, 1 ; Polybe, xxxi, 19. F. Vigouroux.

5. ANTIOCHUS VI DIONYSOS, roi de Syrie, en compétition avec Démétrius II Nicator (145-vers 142 avant J.-C ; de l'ère des Séleucides, 167-170. Les dates 167-170 sont données par les monnaies de ce prince). Il était fils d’Alexandre I er Balas et de Cléopâtre (fig. 176). Son père, ayant été vaincu par Ptolémée VI Philométor, s'était vu obligé de s’enfuir en Arabie et y avait péri assassiné. Antiochus n'était encore qu’un enfant, I Mach., xi, 54 ; Appien, Syr., 68 ; Tite Live, Epit. 50, et hors d'état de disputer la couronne à Démétrius II Nicator, le rival de son père, qui se trouva ainsi quelque temps unique maître du royaume de Syrie. Mais Démétrius II se fit détester de ses sujets par sa cruauté, et un des officiers d’Alexandre I er Balas, Diodote, plus connu sous le nom de Tryphon, mettant à profit ces circonstances favorables, alla chercher en Arabie, où il était resté depuis la mort de son père,

et où il était élevé par Ëmalchuel, le jeune Antiochus VI pour l’opposer à Nicator. I Mach., xi, 39-40, 54. Celui-ci ne put résister à ceux qui s'étaient soulevés contre lui, et Antiochus ceignit la couronne. I Mach., xii, 54-56. CL Justin, xxxvi, 1 ; Appien, Syr., 68 ; Diodore, dans Mùller, Hist. grœc. frag., t. ii, p. xxvii, n. 21.

La guerre civile qui avait ainsi éclaté en Syrie permit aux Juifs de s’assurer de nouveaux avantages. Quand Démétrius II s'était vu menacé à Antioche par ses propres soldats qu’il avait licenciés, il avait promis à Jonathas

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176. — Antiochus VI Dionysos.

Tête radiée d’Antiochus VI. — % BAS1AEQS ANTIOXOT EIMANOYS AIONYSOT. Les Dioscures à cheval et la lancj en arrêt. Une étoile est au-dessus de leur tête. Datée©SP, ou 169 de l'ère des Séleucides. À droite, au-dessus de la marque de fabrique, TPV, et au-dessous, ETA, probablement abréviations de Tryphon et de Staphilos (protecteur).

Machabée de lui remettre la citadelle de Jérusalem et les : autres places fortes de la Judée, à la condition de recevoir des troupes auxiliaires. Ces troupes lui avaient été envoyées, et avaient sauvé le roi dans une sédition ; mais, le danger passé, il n’avait pas tenu ses promesses. I Mach., xi, 38-53. Les Juifs n’avaient donc pas lieu d'être satisfaits, de lui. Tryphon, après avoir chassé Démétrius II, s’empressa de mettre à profit le mécontentement de Jonathas pour le gagner à la cause d’Antiochus VI. Le jeune roi lui écrivit pour lui assurer la tranquille possession de tout ce que Nicator lui avait accordé, et pour confier à Simon, son frère, le titre de général commandant depuis l'échelle de Tyr jusqu'à la frontière d’Egypte. I Mach., xi, 57-59. Les Juiis se rangèrent d’autant plus volontiers du côté d’Antiochus VI, qu’ils avaient conservé une vive reconnaissance pour son père Alexandre I er Balas. I Mach., x, 47. Jonathas et Simon soumirent donc par la force au nouveau roi tous les pays environnants, I Mach., xi, 60-66, et repoussèrent même une attaque de Démétrius contre la Palestine. I Mach., xii, 24-30.

Cependant la fidélité de Jonathas inquiéta celui qu’elle aurait dû le plus réjouir, c’est-à-dire Tryphon. Cet ambitieux voulait s’emparer du trône, et il se servait d’Antiochus VI comme d’un instrument pour réaliser ses projets. Craignant que Jonathas ne devînt un obstacle à ses plans, il chercha à se défaire de sa personne, parvint à s’en emparer par stratagème, et le fit périr à Ptolémaïde ( 143 avant J.-C). I Mach., xii, 40-48. Il retourna alors en Syrie et couronna sa trahison en mettant à mort le malheureux jeune roi, I Mach., xiii, 31, à l’aide des médecins, d’après le récit de Tite Live, Epit. 55. Cf. Diodore, dans Mùller, Hislor. greec. fragm., t. ii, p. xix, n. 25 ; Appien, Sy>, 68 ; Justin, xxxvi, 1 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 1. F. Vigouroux.

6. ANTIOCHUS VII SIDÈTES, le dernier roi de Syrie nommé dans les Livres Saints (138-129 ou 128 avant J.-C ; de 1ère des Séleucides, 174-183). C'était le second fils de Démétrius I er Soter (fig. 178). On lui a donné le surnom de Sidètes, parce qu’il était né à Sida, en Pamphylie. Eusèbe, Chron. arm., i, 40, t. xix, col. 262. Lorsque son frère Démétrius II Nicator fut tait prisonnier par