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ANTIOCHUS IV ÉPIPHANE — ANTIOCHUS V EUPATOR


II Mach., IX, 5 ; un accident de voiture aggrava son état ; il se blessa dans sa chute, les vers et la gangrène se mirent à ses plaies. II Mach., ix, 5, 7. Il reconnut alors, mais trop tard, la main du Dieu qui le frappait ; il le pria et implora sa miséricorde, I Mach., vi, 10-12 ; II Mach., IX, 12-13 ; il promit d’adorer le vrai Dieu, de réparer le mal qu’il avait fait aux Juifs et de les rendre égaux aux Athéniens, dont il avait embelli et enrichi les temples. II Mach., IX, 14-17. Cette conversion était sans doute trop intéressée pour être sincère ; il sentit bientôt que tout était fini pour lui, et il chercha à assurer du moins son trône à son fils. La crainte qu’il ne put lui succéder augmenta encore les angoisses de ses derniers moments. Son fils n'était encore qu’un enfant en bas âge, incapable de placer lui-même la couronne sur sa tête. De plus, il n’y avait point droit : elle appartenait légitimement à son cousin Démétrius, sur qui son père l’avait usurpée. Épiphane ne pouvait se dissimuler que son neveu mettrait sa mort à profit pour essayer de saisir le pouvoir qui lui avait été injustement ravi ; il s’efforça donc d’assurer des partisans au jeune Antiochus, et à cette heure suprême, rendant comme malgré lui hommage à la fidélité des Juifs, dont ses prédécesseurs avaient eu plus d’une fois l’occasion d’avoir des preuves, ce roi qui les avait si cruellement persécutés leur écrivit une lettre pour leur recommander son Dis. II Mach, ix, 18-27. Peu après il expirait « dans les montagnes », dit l’auteur sacré, II Mach., ix, 28 ; à Tabès, en Perse, comme nous l’apprennent d’une manière plus précise Polybe, xxxi, 11, et Porphyre, dans S. Jérôme, In Van., xi, 44 ; t. xxv, col. 573. C'était l’an 149 de l'ère des Séleucides, 164-163 avant J.-C. I Mach., vi, 16.

Antiochus IV, en mourant, avait nommé l’un des généraux qui l’avaient accompagné, Philippe le Phrygien, son ami d’enfance, régent du royaume et tuteur de son fils Antiochus V Eupator ; mais Lysias, à qui il avait laissé le pouvoir à Antioche en partant pour la Perse, ne tint aucun compte de ses dernières volontés : il garda la personne du jeune roi pour régner réellement sous son nom, et Philippe, qui était revenu en hâte, emportant avec lui le corps du souverain défunt, fut obligé d’aller chercher un asile à la cour du roi Ptolémée VI Philométor. I Mach., vi, 14-17 ; II Mach., ix, 29 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 2. Voir Philippe et Lysias.

Les circonstances principales de la mort d' Antiochus IV Épiphane, rapportées par les écrivains sacrés, sont confirmées, comme on l’a vii, par les historiens profanes. Mais on a prétendu que les auteurs des deux livres des Mæhabées n'étaient pas d’accord entre eux, I Mach., vi, 1-16 ; II Mach., IX, 2-28, et que celui du second livre se contredisait lui-même et rapportait cette mort de deux manières tout à fait différentes, II Mach., i, 13-16, et IX, 2-28. Des critiques catholiques mêmes ont admis que ces deux derniers récits, qui sont en effet inconciliables, étaient l’un et l’autre relatifs à la mort d'Épiphane, et ils prétendent qu’on doit considérer le premier, II Mach., i, 13-16, comme erroné, parce qu’il est contenu dans une lettre non inspirée, insérée simplement dans son livre par l’historien de la persécution d’Antiochus. Quelques-uns soutiennent, au contraire, que l’Antiochus de II Mach., i, 13-16, est Antiochus VII Sidètes ; mais cette opinion ne saurait être acceptée. Voir Antiochi : s VII. Tout porte à croire que le roi dont la lettre des Juifs, II Mach., i, 13-16, raconte la fin violente est Antiochus III le Grand. Voir Antiochus III, col. 691-692. Il n’existe donc aucune contradiction entre les deux passages II Mach., i, 13-16, et îx, 2-28. Il n’en existe pas davantage entre I Mach., vi, 1-16, et II Mach., ix, 2-28.

On « ignale d’abord une contradiction sur le nom du lieu dont Antiochus IV voulait piller le temple : c'était Élymaïs, ville de Perse, d’après la leçon reçue et la traduction de la Vulgate de I Mach., vi, 1 ; c'était Persépolis, d’après II Mach., IX, 2 ; mais les deux textes sont faciles à éclaircir. La leçon : « Élymaïs, ville de Perse, » est fautive ; les

meilleurs manuscrits grecs portent : 'Eorlv h 'EX-jfixiSi èv Tr, IlepaiSi itôXiç s’vîoïo ;  ; « Il y a en Élymaïde, en Perse, une ville célèbre. » Cette lecture est la seule vraie, car on ne trouve alicune trace de l’existence d’une ville appelée Élymaïs. L’auteur sacré ne nomme donc pas la ville dont Épiphane voulut piller le temple ; il dit seulement qu’elle était située dans la province de l'Élymaïde, dans le royaume de Perse, la désignant ainsi de la même manière que l’ont fait Polybe, xxxi, 11, édit. Didot, p. 72, et Appien, Syr., 66, édit. Didot, p. 208. Le second livre des Machabées, dans sa forme actuelle, nomme la ville où était le temple de Nanée « Persépolis ». II Mach., ix, 2. Cet ouvrage a été composé en grec. On peut supposer avec vraisemblance que Persépolis signifie, dans ce passage, non pas la ville qu’on appelait de ce nom, mais, en traduisant le nom grec, « la ville ou la capitale des Perses, » c’est-à-dire probablement Suse, en Élymaïde, l’une des principales résidences royales des rois de Perse, et l’une des plus connues des Juifs à cause de l’histoire d’Esther et d’Assuérus.

Après sa tentative infructueuse du pillage du temple, Antiochus IV apprend le désastre que Judas Machabée a fait subir à ses armes ; il l’apprend « en Perse », dit I Mach., vi, 5 ; « près d’Ecbatane, » par conséquent en Médie, dit II Mach., îx, 3. — On a voulu découvrir là encore une contradiction, mais les deux textes disent la même chose en termes différents : le premier entend par la Perse toute l’Ariane, qui comprenait la Médie, puisque cette province faisait partie du royaume de Perse ; le second est plus précis et indique nommément le lieu où lui parvinrent les nouvelles de Judée. Ce qu’il dit est confirmé indirectement par les historiens profanes, qui, comme on l’a vii, col. 699, nous apprennent qu'Épiphane mourut à Tabès, entre Ecbatane et Persépolis. — Voir J. Chr. C. Hoffmann, De bellis ab Antiocho Epiphane adversus Ptolemseos gestis, Erlangen, 1835 ; J. Frd. Hoffmann, Antiochus IV Epiphanes, Kônig von Syrien, Leipzig, 1873 ; Grâtz, Geschichte der Juden, t. II, 2 (1876), p. 436-443 ; Wiederholt, Antiochus IV Epiphanes nach der Weissagung Dan. xi, 21-xiri, 3, und der Geschichte, dans la Theologische Quartalschrift de Tubingue, année 1874, p. 567-631. F. Vigouroux.

4. ANTIOCHUS V EUPATOR, neuvième roi de Syrie (164-162 avant J.-C ; de l'ère des Séleucides, 149-151), fils et successeur d’Antiochus IV Épiphane (fig. 175). Eupator signifie « qui a un noble père ». Il n’avait que neuf ans lorsqu’il monta sur le trône, d’après Appien, Syr., 46, 66 ; douze ans, d’après Porphyre, dans Eusèbe, Chron. arm., i, 40, t. xix, col. 261. Son père avait désigné Philippe, un des généraux qui l’avaient accompagné en Perse, comme régent du royaume et tuteur du nouveau roi, I Mach., vi, 14-17 ; II Mach., ix, 29 ; mais Lysias, qui avait tenu la place d'Épiphane en Syrie, pendant son absence, n’eut garde d’abandonner le pouvoir qu’il avait entre les mains et de se dessaisir du jeune prince, dont il fit l’instrument de ses volontés. I Mach., vi, 14-15 ; II Mach., IX, 29. Après avoir été battu par Judas Machabée, il était retourné à Antioche. I Mach., iv, 34-35 ; II Mach., xi, 12. Il se préparait à venger son affront et à recommencer la campagne contre les Juifs, I Mach., iv, 35, lorsqu’il apprit la nouvelle de la mort d’Antiochus IV et ses dernières dispositions. Ces événements l’obligèrent de modifier sa politique envers les Juifs. Il fallait d’abord qu’il assurât la possession du trône à son pupille ; il fallait aussi qu’il maintint lui-même son pouvoir contre Philippe.

Antiochus IV Épiphane, en mourant, avait tout lieu de craindre que sa couronne ne passât point sans difficulté sur la tête de son jeune fils, parce qu’il l’avait usurpée lui-même sur son neveu Démétrius, et qu’il devait s’attendre à ce que ce dernier revendiquât ses droits à la première occasion favorable. Plusieurs historiens croient, d’après le récit de Porphyre, dans Eusèbe, Chron. arm.,