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ANTIOCHUS IV ÉPIPHANE


Comme nous l’avons vii, Antiochus IV était très dévoué au culte de ses dieux ; il poussait pour eux le zèle jusqu’au fanatisme ; il se croyait même personnellement un dieu, et il s’en attribuait le titre sur ses monnaies*(fig. 174). Obligé de renoncer à tous ses projets de conquête en Egypte, il voulut du moins rendre païenne cette petite terre de Judée qu’il croyait incapable de lui résister, et d’où il résolut d’extirper la religion véritable. En l’an 168 ou 167 avant J.-C, il y envoya à la tête d’une armée un collecteur des impôts, I Mach., i, 30 (grec, 29), nommé Apollonius, II Mach., v, 14, avec la mission d' « helléniser » complètement Jérusalem. Afin d’y réussir, l’officier syrien devait anéantir une grande partie de la population juive, et la remplacer par des Hellènes ou des Hellénisants. Cf. I Mach., i, 38-40 ; II Mach., v, 24. Il arriva à Jérusalem en affectant des intentions pacifiques ; mais au jour du sabbat, lorsque les Juifs ne se croyaient même pas le droit de se défendre, de peur de violer le repos du jour du Seigneur, les soldats syriens se précipitèrent sur eux, massacrèrent tous les hommes qu’ils rencontrèrent, s’emparèrent des femmes et des enfants et les vendirent comme esclaves. I Mach., i, 30-34 ; II Mach., v, 24-26. Aucune précaution ne fut négligée pour assurer au roi de Syrie la tranquille possession de la capitale de la Judée, et rendre ainsi facile la perversion de ses habitants et le triomphe de l’hellénisme : les murs de la ville furent renversés, afin que le peuple fut sans défense ; mais la cité de David, où s'établirent les soldats d’Apollonius, fut fortifiée avec le plus grand soin, entourée d’une muraille solide, flanquée de fortes tours, et transformée en une citadelle inexpugnable, I Mach., i, 35, où la garnison syrienne vécut en sécurité. Sa position était si forte, qu’elle y maintint la domination des Séleucides même pendant les succès des Machabées, et ce ne fut que vingtsix ans plus tard (142-141 avant J.-C.) que Simon réussit à s’emparer de cette acropole et à briser ainsi complètement le joug des oppresseurs de son peuple.

Une fois que le lieutenant d’Antiochus Épiphane eut ainsi assuré sa position à Jérusalem, la persécution ouverte contre la religion judaïque commença. Le roi ordonna par écrit de pratiquer sa propre religion. I Mach., i, 43, 46, 53. L’observation de la loi mosaïque fut interdite, le culte légal aboli, la sanctification du sabbat et la circoncision défendues sous peine de mort. I Mach., i, 46-53. Dans toutes les villes de Juda, on dut offrir des sacrifices aux dieux païens. I Mach., i, 54. Le 15 casleu de l’an 145 de l'ère des Séleucides, c’est-à-dire en décembre 168, un autel païen fut construit sur l’autel juif des holocaustes, dans le temple même de Jérusalem, et dix jours après, le 25 casleu, on y immola pour la première fois des victimes. I Mach., I, 54 (texte grec). Antiochus IV Épiphane avait voué un culte particulier à Jupiter Olympien ; il prenait ses titres sur ses monnaies (voir plus haut, col. 693), et se faisait représenter avec ses attributs : c’est à cette divinité qu’il consacra le temple du vrai Dieu. Il Mach., vi, 2. Il ordonna aussi qu’on célébrât tous les mois le jour où il était né selon les rites païens, avec des couronnes de lierre en l’honneur de Bacchus. II Mach., vi, 7. Voir Anniversaire, col. 648-649.

Pour assurer l’exécution de ces édits, des émissaires, envoyés par le roi, les publièrent dans toutes les villes de Judée. I Mach., i, 46. Des inspecteurs eurent la charge de les faire observer. [ Mach., i, 53. Tous les mois, on faisait des perquisitions régulières. I Mach., i, 61. Quiconque était trouvé possesseur des Écritures Saintes, ou avait gardé les observances de la loi, était impitoyablement mis à mort. I Mach., i, 60. Les femmes mêmes qui avaient fait circoncire leurs enfants étaient massacrées avec le fruit de leurs entrailles et avec ceux qui les avaient circoncis, d’après les ordres exprès du roi Antiochus. I Mach., i, 63-64 ; Il Mach., vi, 10. Partout la Terre Sainte était souillée par des sacrifices idolâtriques. I Mach., i, 49 - 50, 57-58. Un certain nombre de Juifs courbèrent la tête sous la

violence de la tempête, ils eurent la faiblesse de se soumettre au persécuteur et de pratiquer les rites païens. I Mach., i, 45. Mais d’autres plus généreux préférèrent lamort à l’apostasie. I Mach., i, 65 ; cf. Il Mach., vi, 18-31 ; vu, 1-41. Ceux qui le purent échappèrent à la violenceen se cachant au fond des cavernes ou en s’enfuyant dans le désert. I Mach., i, 56 ; II Mach., v, 27 ; vi, 11. Et enfin Mathathias et ses fils se levèrent, et l’orgueil et la puissance d’Antiochus Épiphane vinrent se briser contre la foi et l’héroïsme des Machabées.

Les envoyés d’Antiochus IV arrivèrent un jour à Modin, pour obliger les Juifs qui y habitaient à immoler aux idoles. Le vieux prêtre Mathathias exhorta ses frères à être j fidèles à leur Dieu, mais l’un d’eux s’avança aux yeux de tous pour sacrifier selon l’ordre du tyran. Le saint vieillard, à ce spectacle, ne put maîtriser son indignation ; il s'élança contre le coupable et le frappa mortellement ; il fît subir le même sort à l'émissaire d'Épiphane, et renversa avec horreur l’autel sacrilège. Après cet éclat, il se retira dans le désert avec les siens. Un grand nombre de Juifs fidèles ne tardèrent pas à le rejoindre, et ainsi se forma le noyau de l’armée qui devait délivrer Israël. Mathathias, chargé d’ans, ne tarda pas à rendre à Dieu son àme généreuse ; mais il laissa après lui de dignes héritiers, ses cinq fils, cinq héros, et parmi eux Judas Machabée, « le lion » de Dieu. I Mach., ii, 7-70 ; iii, 4.

Apollonius ne tarda pas à s’apercevoir que la résistance était sérieuse. Il marcha contre les Juifs à la tête d’une forte armée. Judas s’empressa d’aller à sa rencontre, le battit, le tua et s’empara de ses dépouilles. I Mach., iii, 10-12. Quand il reçut ces nouvelles, Séron, général en chef des forces syriennes, prit la route de la Palestine ; il fut battu à son tour près de Béthoron. I Mach., iii, 13-24. On s’imagine aisément quelle dut être la colère d’Antiochus Épiphane en apprenant ces désastres. 1 Mach., m, 26-27. Il résolut d’exterminer les Juifs, et comme il devait faire lui - même une campagne contre les Parthes, I Mach., iii, 31 ; Tacite, Hist., v, 8, il chargea Lysias, à qui était confiée l'éducation du prince royal, d’envoyer une armée considérable avec des éléphants en Judée, pour détruire jusqu’au nom d’Israël et repeupler le pays avec des étrangers. I Mach., iii, 32-36. C'était l’an 147 de l'ère des Séleucides, 166-165 avant J.-C. Lysias envoya contre Judas trois généraux, Ptolémée, Nicanor et Gorgias. Ce dernier, avec ses troupes d'élite, fut complètement battu près d’Emmaûs. I Mach., iv, 1-22. Une armée nouvelle, conduite l’année suivante par Lysias en personne, essuya également une sanglante défaite. I Mach., iv, 28-35.

L’expédition d’Antiochus Épiphane contre les Parthes ne fut pas plus heureuse. Le tyran allait expier tout le mal qu’il avait fait au peuple de Dieu. Il avait toujours besoin d’argent pour satisfaire à ses prodigalités et pour payer aux Romains les contributions qu’ils avaient imposées à son père Antiochus III, et qui n'étaient pas encore complètement acquittées. II Mach., viii, 10-11. Sa campagne à l’est de son royaume avait pour objet de remplir son trésor. I Mach., iii, 29-31 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vu ; Appien, Syr., 45 ; Tacite, Hist., v, 8. Non seulement il ne devait pas atteindre son but, mais il devait y perdre la vie. Les richesses du temple de Nanée, la Diane et la Vénus élyméenne, tentèrent sa cupidité ; il voulut piller son sanctuaire, mais il échoua dans son dessein ; les adorateurs de la déesse se soulevèrent et l’obligèrent à s’enfuir. I Mach., vi, 1-4 ; II Mach., ix, 2 ; Josèphe, Ant. jud., XII, IX, 1 ; Polybe, xxxi, 11 ; Appien, Syr., 66 ; S. Jérôme, In Dan., xi, 44, 45, t. xxv, col. 573. Voir Nakée, Élymaïde, Persépolis.

Il venait de subir cet échec humiliant quand à son retour, aux environs d’Ecbatane, lui arrivèrent les nouvelles du désastre de ses troupes eu Judée. I Mach., vi, 5-7 ; II Mach., ix, 3. Ce message porta son irritation à son comble. Il voulut précipiter son voyage, mais il ne devait plus revoir Antioehe : Û fut pris de violentes douleurs d’entrailles %