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ANTIOCHE DE SYRIE


constaté récemment. Voir Le Camus, Noire voyage aux pays bibliques, i. iii, p. 34s

On sait, d’après Josèphe (Bell, jud., i, xxi, ii ; Ant. jud., XVI, v, 3), qu’une large rue ornée de portiques, comme à Palmyre, traversait la ville dans toute sa longueur (4 kil.), de l’occident à l’orient, et qu’Hérode le Grand la fit en partie paver de marbre ou de pierres blanches, pour y supprimer la boue et la poussière qui la rendaient impraticable vers le levant, au quartier des Juifs. Les traces de cette voie royale sont aisément reconnaissables depuis la porte de Saint-Paul jusqu’à l’entrée d’Antakiéh, la petite ville actuelle. Là elles disparaissent sous des constructions élevées sans ordre le long de rues tortueuses, qu’un large ruisseau ou canal profond, destiné à recevoir

les écoles publiques, quelques temples et d’autres édifices, , dont les Turcs ne consentent à exhumer les ruines quepour les enfouir aussitôt dans les constructions qu’ils veulent édifier. Dans l’île fut le palais royal, auquel aboutissaient de superbes portiques. Il est aujourd’hui enterré sous le limon qu’amassent périodiquement les crues de l’Oronte et les eaux de l’Onopniétès. De riches moissons de blé, d’orge et de réglisse poussent sur la vieille demeure des Séleucides. Une vaste couche de marbres, incroyablement fragmentés, n’empêche pas la végétation de s’y épanouir verte et luxuriante. Non loin de là, l’hippodrome et des bains publics sillonnent encore le sol de leurs charpentes vigoureuses.

Au bas d’Iopolis, et adossés à ses roches gigantesques,

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171. — Plan d’Antioche de Syrlp, D’après V. Le Camus !

les pluies d’orage, divise invariablement en un double trottoir. Les piétons passent à droite et à gauche, les eaux au milieu. Il est évident que les voitures ne sauraient y pénétrer. On sait que cette rue des Portiques aboutissait à la porte de Daphné, et, en effet, quelques restes de dallages en porphyre, visibles près de la caserne turque actuelle, en précisent les derniers développements.

Plus près de la montagne, et probablement parallèle à cette grande voie, fut la rue de Tibère. Elle allait de la porte des Chérubins au faubourg d’Agrippa. Ces deux artères longitudinales étaient, ici comme à Alexandrie (les bâtisseurs de villes à cette époque suivaient à peu près les mêmes inspirations), coupées perpendiculairement par une large rue, descendant du pied de l’acropole vers le quai de l’Oronte, depuis le temple de Mars jusqu’au Nymphéum. Cette rue, ornée d’arcs de triomphe tels que celui de la Porte du Milieu, rencontrait, à chacune des deux grandes voies parallèles qu’elle traversait, des tétrapyles décorés de statues magnifiques. Après avoir laissé à gauche le théâtre et le temple de Bacchus, à droite l’amphithéâtre et le Cæsareum, elle abordait l’agora pour le traverser du sud au nord, et côtoyer ensuite vers l’Oronte le muséum,

furent des temples nombreux, comme on en voyait autour de l’acropole d’Athènes. Une tête colossale de Charon, le nautonnier des enfers, avait été sculptée, comme préservatif de la peste, dans un des pics abruptes qui dominent la ville. Sur la partie la plus élevée de l’Orocassiadès, était le sanctuaire de Jupiter Céraunus. Les monnaies des Séleucides portent d’ordinaire l’oiseau de Jupiter armé de la foudre. On disait qu’un aigle, enlevant tout à coup les chairs de la victime offerte au roi de l’Olympe, avait marqué lui - même la place où devait être bâtie Antioche. Toutefois le dieu le plus en honneur dans la cité était Apollon de Daphné, dont le temple fut célèbre dans le monde entier. Cf. II Mach., iv, 33. Voir Onias m. C’est là, à huit kilomètres au couchant de la ville, que les théories sacrées, à travers des bois de lauriers et de myrtes, par des chemins bordés de rosiers et de jasmins, allaient vénérer, dans son temple à double portique, la statue du dieu. Elle était de proportions colossales et atteignait presque le haut de la cella où elle était enfermée. C’est Bryaxès d’Athènes qui en était l’auteur. Une imprudence du philosophe Asclépiade amena l’incendie du temple et la porte de la statue. Rien n’était