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PREFACE

qu’un moyen sûr de trouver la vérité, disait saint Irénée, c’est de consulter la tradition telle qu’elle s’est conservée dans les Églises par les évêques que les Apôtres ont institués et par leurs successeurs. » Adv. hær., III, 3. Les Apôtres ne prêchaient pas une Bible à la main ; ils prêchaient Jésus crucifié et ressuscité. « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu et contemplé de nos yeux, ce que nous avons touché de nos mains…, nous vous l’annonçons, afin que vous-mêmes ayez société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. » I Joa., i, 1-3. La règle de foi était en dehors de l’Écriture, puisque le Nouveau Testament n’existait pas encore ; elle se puisait dans les enseignements donnés au baptême, dans l’enseignement oral des premiers disciples, dans cet ensemble de vérités qu’on réunira plus tard sous le nom de Symbole des Apôtres. Elle est essentiellement traditionnelle beaucoup plus que scripturaire. On sait que lorsqu’il s’agit de donner un successeur à Judas, saint Pierre demande que l’on choisisse un témoin de la prédication évangélique, depuis le jour du baptême de Jésus-Christ jusqu’à son ascension. Act., i, 21. Les premiers chrétiens, il serait aisé de le montrer par de nombreuses citations, ne sentaient pas l’impérieux besoin de s’appuyer avant tout sur l’Écriture. L’Ancien Testament leur servait à confirmer la foi, à la justifier jusqu’à l’évidence aux yeux des Juifs ; il n’en était pas le principe. Les Prophètes confirmaient l’enseignement des Apôtres d’une façon victorieuse ; cependant la révélation chrétienne n’en reposait pas moins sur Jésus— Christ. Le Sauveur était la clef de voûte, le couronnement de l’édifice ; il en était aussi la base.

I

IMPORTANCE DE LA BIBLE DANS L’ÉGLISE


Cette réserve de principe une fois admise, il faudrait être aveugle pour méconnaître l’importance capitale de l’Écriture dans la vie de l’Église, la part considérable que les Apôtres mêmes lui ont faite dans leur enseignement.

Les Apôtres. — Il suffit de lire avec quelque attention les écrits des Apôtres pour constater que si leur prédication s’appuie directement sur Jésus-Christ, s’ils prouvent la divinité de la religion par le ministère, les miracles, la résurrection du Sauveur, ils confirment la vérité de leur enseignement par la Sainte Écriture, qu’ils regardent comme le principal dépôt de la révélation, comme un Évangile anticipé, une prédication avant la lettre. « Interrogez les Écritures, disait Notre Seigneur, elles vous parlent de moi. » D’après eux, la Loi est donnée à Moïse en vue de préparer la venue du Christ ; elle en est remplie, toute pénétrée, lex gravida Christo. Nulle réserve, nulle restriction ; juifs et chrétiens de ce temps étaient d’accord pour y reconnaître la parole, la manifestation immédiate de la pensée de Dieu. Les faits historiques, même dans leurs détails en apparence insignifiants, les lois, les institutions mosaïques, les sacrifices, les prescriptions rituelles, n’ont aux yeux des