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    1. ANSELME##

ANSELME (SAINT) — ANTÉCHRIST

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cevoir comme par intuition étaient contenues dans les livres inspirés et comment on pouvait les y découvrir ; mais il fallait toute la force de son talent pour les saisir comme lui d"un coup d’oeil. Les principes fondamentaux qui le guident sont déjà dans les écrits de saint Athanase, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Jean Chrysostome, de saint Cyrille d’Alexandrie et des autres Pères de l’Église ; mais dans ses ouvrages, et en particulier dans le Cur Deus homo, il a réuni en un tout systématique un corps de doctrine qu’on n’avait pas encore ainsi coordonné avant lui, et par l’étendue, la profondeur et la vigueur de son esprit, il a fondé cette science scolastique qui a rendu tant de services à l’Église.

La meilleure édition des œuvres de saint Anselme est celle de Venise : Opéra omnia necnon Eadmeri monachi Cantuariensis historia, 2 in-f », Venise, 1744. Elles ont été réimprimées dans la Patrologie latine de Migne, t. clviii-clix. Voir Mdhler, Anselm’s Leben und Schriften, dans la Theologische Quarlalschrift de Tubingue, années 1827 etl828 ; G. B. Veder, De Anselmo Cantuariensi disputatio, 1832 ; G. F. Franck, Anselmvon Canterbury, in-8°, Tubingue, 1842 ; F. fi. Hasse, I. Das Leben Anselm’s ; II. Die Lehre Anselm’s, 2 in-8°, Leipzig, 1843-1852 ; C. de Rémusat, Anselme de Cantorbéry, in-8°, Paris, 1852 ; Ragey, Histoire de saint Anselme, 2 in-8°, Paris, 1890.

2. ANSELME DE LAON, Anselmus Laudinensis, ainsi nommé du lieu de sa naissance, mort le 15 juillet 1117. Il fut élève de saint Anselme de Cantorbéry à l’abbaye du Bec, et se rendit célèbre par son enseignement. Il professa d’abord à Paris, à partir de 1070, et contribua beaucoup à la réputation de l’université de cette ville. À la fin du XIe siècle, il retourna à Laon, où il fut archidiacre et scolastique, et en cette dernière qualité placé à la tête de l’école théologique, où sa célébrité attira un grand nombre d’auditeurs, parmi lesquels on compta Abélard, qui, du reste, ne goûta pas son enseignement. Voir Abélard, Histor. calamit. sitar., 3, t. clxxviii, col. 123. Anselme refusa plusieurs fois l’épiscopat, pour ne pas abandonner ses fonctions de professeur. Le pape Eugène III Fa qualifié de restaurateur des études théologiques en France, et on l’a surnommé le Doctor scholasticus. — Anselme de Laon a commenté toute la Bible dans sa Glossa interlinearis, ainsi appelée parce qu’elle annote la Vulgate « entre les lignes » du texte sacré. Les annotations sont pour la plupart des extraits des Pères de l’Église. La Glossa interlinearis a été imprimée in-f°, à Bâle, 1502 ; avec les notes de Nicolas de Lyre, Baie, 1498, 1501, 1509 ; Paris, 1520 ; Lyon, 1529 ; Venise, 1588 ; Lyon et Paris, 1590, 6 in-f° ; Douai, 1617 ; Anvers, 1634 (c’est la meilleure édition) ; dans la Biblia magna de J. de la Haye, Paris, 1660. Elle a été pendant longtemps, avec la Glossa ordinaria de Walafrid Strabon, le commentaire le plus lu des Saintes Écritures. — Anselme de Laon est aussi l’auteur des commentaires sur le Cantique des cantiques et sur l’Apocalypse imprimés sous le nom de saint Anselme de Cantorbéry. Patr. lat., t. CLxii. Les autres commentaires qu’on lui attribue ne sont pas de lui. Voir Babion ; Hervé de Bourg-Dieu. Cf. Hist. lillér. de la France, t. X, p. 182 ; Ceillier, Hist. des auteurs ecclésiastiques, édit. Bauzon, t. xiv, p. 183.

    1. ANSSE##

ANSSE (D) DE VILLOISON ou DANSSE Jean Baptiste Gaspard, helléniste français, né à Corbeil, le 5 mars 1750, mort à Paris, le 26 avril 1805. Élevé à Paris dans les collèges de Lisieux, du Plessis, des Grassins et d’Harcourt, il manifesta dès sa jeunesse un amour passionné pour la littérature et surtout pour la langue grecque, et ne tarda pas à se distinguer comme helléniste. Il fit avant la Révolution divers voyages scientifiques et diverses publications. Après la Terreur, il ouvrit un cours libre de grec à Paris, et quelque temps après le gouvernement créa pour lui, à l’École des langues

! orientales vivantes, une chaire provisoire de grec moderne
! qui fut transférée plus tard au Collège de France sous le

| titre de Chaire de langue grecque ancienne et moderne. I D’Ansse de Villoison avait obtenu, en 1781, une mission

! aux frais du roi, à Venise, pour étudier les manuscrits

grecs de la bibliothèque de SaintMarc de cette ville. Il y découvrit, entre autres choses, une version grecque de la Bible, différente des Septante, et datant du xiv « ou xve siècle. Elle est maintenant connue sous le nom de Versio Veneta ou Grsecus Venetus. Il en publia plusieurs livres à Strasbourg, en 1784, avec une préface savante. Il envoya la copie du Pentateuque à un helléniste allemand, Chr. Frd. von Ammon, qui la publia en 3 volumes in-8°, 1790. Cf. Ammon 5, col. 493, et Gflecus Vexetls. Voir E. Quatremère, dans Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xiii, col. 1-18.

    1. ANTÉCHRIST##

ANTÉCHRIST (’Av « -/si<rcoç). Ce mot a probablement été formé par saint Jean, le seul écrivain du Nouveau Testament qui en fasse usage. Il dit dans ses Épîtres : « Comme vous avez entendu dire que l’Antéchrist viendra, il y a maintenant beaucoup d’Antéchrists. » I Joa., ir, 18. « Celui-là est un Antéchrist qui nie le Père et le Fils. » Ibid., 22. « Tout esprit qui détruit Jésus n’est pas de Dieu ; et celui-là est Antéchrist dont vous avez entendu dire qu’il doit venir, et déjà il est dans le monde. » lbid., iv, 3. « Beaucoup d’imposteurs ont paru dans le monde, qui ne confessent pas que Jésus-Christ est venu dans la chair ; ce sont des imposteurs et des Antéchrists. » II Joa., 7. Deux autres écrivains inspirés parlent bien d’un personnage qui fera la guerre à l’Église du Christ ; mais saint Jean seul, dans les passages que nous venons de rapporter, donne à ce personnage le nom qui lui a été conservé : « adversaire du Christ, » Antéchrist. Dans ces textes, saint Jean laisse entendre qu’à la fin du monde quelqu’un s’élèvera qui sera l’adversaire acharné de Notre-Seigneur ; néanmoins il ne s’occupe que des hommes pervers qui, animés de l’esprit de l’Antéchrist, peuvent être considérés comme ses précurseurs et méritent d’en porter le nom. On est vraiment l’adversaire du Christ dès lors qu’on rejette l’Incarnation, voilà ce que dit l’Apôtre. Mais que sera cet impie mystérieux dont les hérétiques ne sont que les pâles images ? Saint Jean ne nous donne sur ce point aucun renseignement dans ses Épîtres.

Dans son Apocalypse, au chapitre xiii, il décrit une bête mystérieuse qui vomit des blasphèmes contre Dieu. Quelques interprètes ont cru y reconnaître l’Antéchrist, mais leur opinion n’est pas généralement acceptée. Les Pères et les commentateurs reconnaissent, au contraire, l’Antéchrist sous les traits de Satan séduisant les nations et les lançant contre la cité sainte, comme il nous est représenté, Apoc, xx, 7 et suiv. Toutefois, dans ce tableau, la pensée du prophète est enveloppée sous les voiles d’une allégorie qui nous empêche d’en saisir les détails. Nous pouvons conclure, de ce que dit saint Jean, que Satan sera l’auteur principal de la révolte. Est-ce à dire qu’il sera lui-même l’Antéchrist ? Non ; saint Paul va nous apprendre que ce personnage sera un homme, et que par conséquent Satan sera le conseiller et l’inspirateur invisible de l’Antéchrist ; il ne sera pas l’Antéchrist lui-même.

Saint Paul nous fournit des renseignements plus précis

sur la personne et le caractère de l’Antéchrist. Nous lisons

dans la deuxième Épître aux Thessaloniciens, ii, 3-7 : « [Le jour du Seigneur ne viendra que] lorsque sera

, venue d’abord l’apostasie et se sera montré l’homme de

, péché, le fils de la perdition, qui combat et s’élève contre

tout ce qui est appelé Dieu… Vous savez ce qui le retient

maintenant pour qu’il se montre en son temps. Car déjà

s’opère le mystère d’iniquité : il faut seulement que celui

! qui le retient encore "ait disparu. Et alors paraîtra l’impie

i que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche

et qu’il anéantira par l’éclat de son avènement. » Cet

impie est l’Antéchrist ; le jour du Seigneur est le dernier