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ANNONCIATION — ANQUETIN

comme la basilique, mais du sud au nord. Des piliers carrés le divisent en trois nefs. À l’extrémité de la nef centrale, le chœur forme comme un étage supérieur : on y monte par deux rampes disposées adroite et à gauche de l’entrée de l'étage inférieur ou crypte. Un escalier de quinze degrés en marbre blanc descend à ce sanctuaire souterrain. En voici la description (fig. 160). La grotte A est la partie naturelle, primitive. « Après la paix de l'Église, on la transforma en chapelle, c’est-à-dire on la prolongea du côté du midi par la construction d’une petite pièce voûtée d’arêtes, B, et ornée de colonnes en granit gris ; puis on façonna le fond de l’excavation pour en faire une abside, et on le tapissa d’une voûte en cul-de-four en petit appareil romain ; le caractère antique de ces constructions ne saurait se méconnaître, il reporte invinciblement jusqu’au IVe siècle la tradition qui place en ce lieu l’annonciation de Marie. Le mur laisse voir en beaucoup d’endroits la surface du rocher. » De Vogüé, Les églises de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 350. La grotte A, avec son avant-corps B, ne formait autrefois qu’un sanctuaire unique ; un mur moderne la divise maintenant en deux parties : au fond, la chapelle de saint Joseph, A, et, en avant, la chapelle de l’Annonciation, B. Un vestibule rectangulaire de 8 mètres de long sur 2 m 70 de large donne accès à la grotte : il est appelé chapelle de l’ange, C. Au fond de la grotte, A, un étroit escalier de quatorze marches, H, monte à une seconde grotte obscure, entièrement taillée dans le roc ; en tournant sur la droite, il communique également avec l’escalier F qui conduit à la sacristie. Primitivement la grotte A avait-elle une issue par le fond ? Cette ouverture, ainsi que les deux escaliers H et F et l’excavation E, sont peut-être l’œuvre des gardiens du couvent, qui se sont ménagé cette entrée secrète dans la grotte de l’Annonciation, à une époque où ils avaient à craindre les vexations des musulmans. Cependant cette entrée pourrait être plus ancienne, et dater de la transformation de la Santa Casa en sanctuaire.

Dans un ouvrage récent, Notre-Dame de Lorette, Étude historique sur l’authenticité de la Santa Casa, in-8°, Paris, 1906, M. Ulysse Chevalier a fait la critique de cette tradition, en produisant tous les documents relatifs à la maison de Nazareth, et au sanctuaire de Lorette. Ils ne paraissent guère favorables à l’existence de la Santa Casa à Nazareth en 1291, époque de la translation. Ils sont encore plus contraires à une translation ou origine miraculeuse du sanctuaire actuellement vénéré à Lorette. Jusqu’ici aucune réponse n’a pu ébranler son étude critique. Reste à expliquer l’origine de ce pèlerinage : plusieurs hypothèses ont été émises ; mais aucune n’est pleinement satisfaisante ou justifiée. On a en particulier avancé celle-ci : des pèlerins de Nazareth auraient apporté quelques pierres de la sainte Maison, qui seraient entrées dans la construction de l'édicule de Lorette.

L'Église, si empressée d’honorer les mystères de Marie ne pouvait tarder d’instituer une fête en l’honneur de l’Annonciation. En effet, c’est avec la Purification la plus ancienne fête de la sainte Vierge. Dès le Ve siècle, on la trouve bien établie en Orient et en Occident. Les Bollandistes et Benoît XIV, prétendent qu’elle est d’institution apostolique. Acta Sanctorum, t. IV, 25 mars, p. 533 ; Benoît XIV, De festis, t. IX, p. 190, in-f°, Venise, 1767. Mais il est difficile de l'établir : on sait que Pâques et la Pentecôte furent pendant assez longtemps les seules fêtes annuelles de l'Église. La Chronique pascale parle de cette fête célébrée par l'Église catholique, le 25 mars, « d’après la tradition des saints Docteurs. » Patr. gr., t. xcii, p. 488. On trouve des discours prononcés à l’occasion de cette fête par Proclus, évêque de Constantinople.vers 450 (Patr. gr., t. lxv, col. 704-705), par Basile de Séleucie, vers 440 (Patr. gr., t. lxxxv, col. 426), etc. Le concile de Tolède, en 650, en transféra la célébration au 18 décembre, sans doute à cause du carême et des êtes de Pâques qui ne permettaient pas de la célébrer avec solennité. Partout ailleurs qu’en Espagne, elle était célébrée le 25 mars, comme on le voit par le martyrologe attribué à saint Jérôme, par les martyrologes, calendriers et autres livres liturgiques latins, grecs, syriens, chaldéens, coptes, et par les autorités citées plus haut. Comme les deux mystères de l’Annonciation et de l’Incarnation sont étroitement unis, l'Église les honore par une même fête. Aussi la trouve-t-on nommée tantôt Annonciation de l’ange à Marie, tantôt Annonciation de l’incarnation, Incarnation, Conception du Christ.


161. — L’Annonciation. Fresque de la catacombe de Priscille.
D’après Liell, Die Darstellungen der allerseligsten Jungfrau und Gottesgebärerin Maria, pl. ii, n. 1.

Les Grecs l’appelaient Ἑορτὴ τοὺ εὐαγγελισμοῦ, Ἑορτὴ τοὺ ἀσπασμοῦ. L’art chrétien antique devait s’emparer d’un si beau sujet. Voir, fig. 161, une très ancienne représentation de ce mystère qui a été trouvée dans le cimetière de Sainte-Priscille.

ANOB (hébreu : ʿÂnub, « associé ; » Septante : Ἐνώβ), fils de Cos, de la tribu de Juda. I Par., iv, 8.

ANON. Voir Ane. Ce fut sur un ânon que Notre-Seigneur fit son entrée triomphale à Jérusalem, au jour que nous appelons le dimanche des Rameaux. Marc, xi, 7 ; Luc, xix, 35 ; Joa., xii, 14. Cet ânon n’avait pas encore été monté. Marc, xi, 2 ; Luc, xix, 30. Pour le rendre plus docile, on amena sa mère avec lui, comme nous l’apprend saint Mathieu, xxi, 2 ; mais elle ne servit pas de monture au Sauveur. Notre Vulgate porte Matt., xxi, 7 : « Et adduxerunt asinam et pullum : et imposuerunt super eos vestimenta sua, et eum desuper sedere fecerunt. » Le texte grec porte : ἐπάνω αὑτῶν, c’est-à-dire que Notre-Seigneur s’assit sur les vêtements qu’on avait placés sur l'ânon en guise de selle (voir col. 171), comme le fait remarquer Théophylacte : Οὐχὶ τῶν δύω ὑποζυγίων, ἀλλὰ τῶν ἱματίων, In Matth., xxi, 7, t. cxxiii, col. 369. D’autres commentateurs et Théophylacte lui-même (loc. cit.) ont dit qu’on pouvait interpréter le passage de saint Mathieu, xxi, 2, 7, en ce sens que Notre-Seigneur était monté à tour de rôle sur l'ânesse et sur l'ânon ; mais l’explication donnée ci-dessus est plus vraisemblable et plus naturelle.

F. Vigouroux.

ANQUETIN (N.), prêtre français, mort en 1716, vivait dans les dernières années du xviie siècle et dans les premières du xviiie. Après avoir longtemps vécu dans le monde, il embrassa l'état ecclésiastique et fut curé de Lyons-la-Forêt, au diocèse de Rouen. — Voici la liste des travaux qu’il a publié : Dissertation sur sainte Marie Madeleine, pour prouver que Marie Madeleine, Marie,