Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée

C49

ANNIVERSAIRE — ANNONCIATION

630

II Mac, vi, 7, et d’Hérode, Marc, vi, 21 ; Matth., xiv, 6. Celui d’Antiochus Épiphane, dit l’auteur du second livre des Machabées, était célébré chaque mois. Ce retour mensuel de l’anniversaire, contraire aux usages romains, n’a pas été compris du traducteur de la Vulgate, qui a supprimé les mots -/.ocra (J.r, va, « chaque mois. » Les textes que nous avons cités plus haut, à propos des rois grecs : Ptolémées, Séleucides, Attalides et rois de Commagène, prouvent, au contraire, que le retour mensuel de la fête était une coutume constante. Les cérémonies usitées aux anniversaires des rois étaient les mêmes qu’aux iêtes des dieux. C'étaient des jeux de toute espèce, luttes, pugilats, courses, combats d’animaux ; des processions dans lesquelles l’image du roi était portée avec celles des dieux ; des distributions de vivres et de vin au peuple, des sacrifices offerts aux dieux pour le roi et au roi lui-même, comme à un dieu. Voir les textes cités plus haut. Le texte des Machabées fait mention spéciale de ces sacrifices dans les anniversaires d’Antiochus Épiphane. II Mac, VI, 7.

E. BeurlieR.

ANNONCIATION. Message de l’ange Gabriel à la Vierge Marie pour lui annoncer qu’elle serait la mère de Jésus-Christ. Saint Luc, i, 26-38, est le seul des Évangélistes qui nous ait raconté les circonstances de ce mystère, sans doute d’après les indications fournies par Marie ellemême.

L’ange du Seigneur se présente à elle sous une forme humaine pour remplir son message. Il la salue en lui reconnaissant trois prérogatives exceptionnelles : « elle est pleine de grâce, » w/apiTiûiiévi, , c’est-à-dire enrichie de tous les dons célestes ; « le Seigneur est avec elle » d’une manière spéciale pour l’accomplissement du grand mystère de l’Incarnation, auquel le messager divin vient lui proposer de coopérer ; enfin elle est « bénie entre toutes les femmes », c’est-à-dire élevée au-dessus de toutes par ses glorieux privilèges. À la vue de l’ange (texte reçu : ÏSoOaa) et plus encore en entendant ses paroles, l’humble jeune fille se trouble, ne sachant quels peuvent être le sens et le but d’une telle salutation. L’ange la rassure ; elle n’a rien à craindre, car elle a trouvé grâce devant Dieu. Il lui révèle alors la dignité à laquelle elle est appelée par un résumé rapide des principales prophéties messianiques : « Voici que vous concevrez en votre sein et enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, il sera le Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin. » Cf. Is., vii, 14 ; ix, 7 ; Dan., vii, 14-27 ; Mich., iv, 7 ; Ps. cxxxi, II. La Vierge, familiarisée avec les prophéties, comprit bien qu’il s’agissait du Messie promis à Israël et qu’elle était appelée à l’honneur d'être sa mère. Devant une telle proposition, sa foi ne fut pas hésitante, comme celle de Zacharie, Luc, i, 18-20 ; mais simple et ferme. Luc, r, 45. Cependant, dans sa surprise, elle demande humblement de quelle manière cela peut se faire, puisqu’elle est vierge et veut rester vierge. L’ange lui apprend aussitôt comment sa virginité et sa maternité peuvent se concilier dans ce mystère. C’est l’Esprit -Saint, la puissance du Très-Haut qui viendra en elle former le corps très pur du Fils de Dieu. Le' saint formé en elle sera tout ensemble le vrai Fils de Dieu et le sien : sa virginité sera couronnée par la maternité divine. La conscience alarmée de la Vierge est rassui'ée ; elle ne demande pas de signe d’une telle merveille, mais l’ange lui en donne un : la fécondité miraculeuse d’Elisabeth, sa cousine, restée stérile jusque dans sa vieillesse. Rien n’est impossible à Dieu. Marie le sait, aussi s’incline-telle en disant : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » Luc, i, 38. Et elle s’abandonne à la divine Providence pour la réalisation de cette annonce et toutes ses conséquences. I.'ange s'éloigne aussitôt ; sa mission est heureusement remplie.

Dés que la Vierge eut donné son consentement, Luc, i, 38, « le Verbe se fit chair et habita parmi nous, » Joa., i, 14 : c’est le sentiment unanime des théologiens. D’après saint Luc, i, 26, ce grand événement s’accomplit au sixième mois : ce qui ne doit pas s’entendre du sixième mois de l’année juive, mais bien, suivant le contexte, du sixième mois depuis la conception de Jean-Baptiste. Le temps n’est indiqué que de cette manière générale et relative. Selon la croyance commune, ce fut le 25 mars. Voir S. Augustin, De Trinilale, iv, 5, t. xlii, col. 894. Marie était alors « fiancée » à Joseph. Luc, i, 27. La cérémonie du mariage, qui consistait surtout en la réception solennelle de l'épouse dans la maison de son époux, n’avait pas encore été célébrée, d’après beaucoup de commentateurs, et Marie habitait la maison paternelle. C'était à Nazareth. Luc, i, 25. L'évangéliste ne précise pas davantage le lieu. Les Grecs prétendent que Marie se trouvait près d’une fontaine, occupée à puiser de l’eau, quand l’ange la salua une première fois ; il-ne lui aurait révélé le mystère qu'à son retour dans sa demeure. Sur le lieu, présumé de cette première apparition, ils ont élevé une église à l’ange Gabriel. Mais rien n’autorise cette légende, puisée dans le Protévangile de Jacques. Migne, Dictionnaire des apocryphes, 1. 1, col. 1019. L’Evangile ne parle pas de cette première salutation, qui paraît d’ailleurs bien invraisemblable ; il insinue même que ce fut dans l’intérieur de sa demeure (£Î<ts), 8mv xpbç avirrçv, Luc, i, 28) que Marie, étonnée et troublée, entendit la salutation et le divin message.

La maison où eut lieu le mystère de l’Annonciation était située, d’après une tradition ancienne, dans l’enceinte du couvent actuel des Franciscains, près de la grotte qui renferme l'église de l’Annonciation à Nazareth. C’est là. que sainte Hélène, après avoir retrouvé la sainte maison, dont le souvenir avait dû se conserver à Nazareth (cf. Adrichomius, Theatrum Terne Sanctse, in-f°, Cologne, 1582, p. 161), aurait fait élever une belle basilique, comme sur les lieux saints de Jérusalem et de Bethléhem. Nicéphore Callixte, H. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 1 13. Les ruines trouvées au xviie siècle, quand on voulut réédifier l'église et les quelques vestiges découverts de nos jours, portent, en effet, le cachet de l’architecture du rv « siècle. Depuis son érection jusqu'à sa destruction en 1263, de nombreux pèlerins ont visité cette basilique et forment une longue chaîne de témoignages en faveur de l’authenticité du lieu. Au vie siècle, saint Antonin de Plaisance admire cette « grandebasilique ».P.A., t. Lxxii, col.901, et Reland, £)e urbibus et vicis Palestine, lib. III, Nazareth. L’auteur de l’opuscule Liber nominum locorum ex Actis, attribué à saint Jérôme (Pair, lat., t. xxiii, col. 1302), signale une église à l’endroit où l’Ange entra pour annoncer à Marie la bonne nouvelle, et une seconde à l’endroit où Jésus .enfant fut élevé. Au VIIe siècle, Arculfe constate également la présence de ces deux églises. Patr. lat., t. lxxxviii : col. 804. À partir du vin" siècle, un de ces deux monuments n’est plus mentionné : c’est l'église de la Nutrition, décrite par Arculfe, et dont les Dames de Nazareth, en 1885, ont vraisemblablement retrouvé l’emplacement. Voir dans La Terre Sainte, 1888, Les fouilles de Nazareth, p. 279, 299 et 322 ; et année 1889, Élude sur les sanctuaires de Nazareth, p. 88, 99 et 122. Elle avait probablement été détruite par les musulmans. Cf. la description de l’higoumène Daniel, en 1114, et celle de Phocas, en 1185, dans Abraham de Norolf, Pèlerinage en Terre Sainte de l’higoumène russe Daniel, in-4o, Saint-Pétersbourg, 1864, p. 113-115 ; dans Léon Allatius, £y|i|juxTa sive opusculorum grsecorum libri duo, in-12, Cologne, 1653, p. Il et 12, et dans La Terre Sainte, 1889, p. 101, Étude sur les sanctuaires vénérés à Nazareth. Au vine siècle, saint Willibald nous apprend que les infidèles menaçaient de détruire aussi la basilique de l’Annonciation : ce n’est qu'à prix d’argent que les chrétiens les en détournèrent. Acla Sanctorum ordinis S. Benedicti, in-f°, t. iv, p. 374 Pendant