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ANNÉE — ANNIVERSAIRE

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donne la priorité à l’usage du printemps, tandis qua Wellhausen, Geschichte Isræls, c. iii, la donne à celui de l’automne, que sans preuve suffisante il présente comme le seul usage en vigueur au temps des rois. Mais ces auteurs, préoccupés de trouver le moyen de dater les documents, oublient d’examiner une troisième hypothèse : la coexistence des deux systèmes, telle qu’elle a existé à l'âge postérieur, et que Josèphe faisait remonter à l'époque de Moïse ; dans ce cas, le même auteur pourrait parler comme Exod., xii, 2, et Exod., xxiii, 16. Mais de plus ils oublient de montrer que, dans ce dernier passage indiquant le rapport des fêtes religieuses avec les travaux des champs, il y a autre chose qu’une allusion à l’année agricole indépendante de tout système de calendrier.

En résumé, nous croyons que les Hébreux ont commencé primitivement l’année au printemps selon le système chaldéen, apporté en Chanaan par la famille d’Abraham. Pendant leur séjour prolongé en Egypte, les Hébreux auraient pu s’accoutumer au système de l’année vague ou placer le commencement des saisons à partir de l’inondation, en août. Voir plus haut, col. 639. Voilà pourquoi Moïse, sans établir rien de nouveau, insiste pour fixer le début de l’année au printemps et donne désormais à ce début une consécration religieuse ; ce qui ne l’empêche pas, en parlant de la fête de la récolte, hag 'àsïf, de tenir compte de l’année naturelle agricole, ou peut-être, comme d’autres le veulent, d’un système de calendrier préexistant.

Comme nous l’admettons pas cette préexistence, il nous reste à dire quand s’introduisit l’usage de commencer une année civile av°c Tischri, usage qui était certainement en vigueur au I er siècle de notre ère. Quelques auteurs le feraient remonter au retour même de la captivité, la restauration du culte mosaïque à Jérusalem ayant commencé par les têtes du septième mois, I Esdr., iii, 1-0 ; II Esdr., vii, 73 (hébreu) ; viii, 1 et suiv. Mais, dans ces récits, le mois de la fête est appelé le septième ; il n’y a donc aucune trace de dérogation aux usages antérieurs ou d’innovation sous ce rapport. Les livres postérieurs à la captivité donnent aux mois des noms d’origine babylonienne, mais ils continuent à les ranger et à les indiquer suivant l’ordre ancien : Nisan comme le premier, Esth., m, 7 ; Sivan, le troisième, Esth., viii, 9 ; Casleu, le neuvième, Zach., vii, 1 ; I Mac, iv, 52 ; Tébet, le dixième, Esth., ii, 16 ; Sabath, le onzième, Zach., i, 7 ; I Mac, xvi, 14 ; Adar, le douzième. Esth., iii, 13 ; ix, I. Il faut descendre plutôt jusqu'à la domination macédonienne en Palestine pour trouver l'époque où s’introduisit l’usage de distinguer un second commencement de l’année en automne. L’année macédonienne, en effet, comme celle d’autres cités helléniques, avait son point de départ en automne ; elle fut acceptée par beaucoup de villes syriennes. Voir Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, au mot Calendrier. De plus, la plupart de ces villes adoptèrent, pour supputer les années et dater les événements, l'ère des Séleucides, qui partait de l’automne 312 avant J.-C. Que ces usages aient pénétré dans le monde juif, c’est ce qui résulte des livres des Machabées ; tout en comptant les mois suivant la coutume ancienne, I Mac, iv, 12 ; x, 21 (où le mois de la fête des Tabernacles est appelé le septième) ; xvi, 14 ; II Mac, xvi, 37 (grec), ils se servent de l'ère des Séleucides pour dater les événements, l’un des deux au moins, sinon tous les deux, la faisant partir de l’automne selon l’usage grec. Les noms macédoniens de certains mois, Dioscore, Xanthique, y apparaissent dans certains documents rapportés II Mac, xi, 21, 30, 33, 38. Il est donc probable que ce fut aussi vers le même temps que les Juifs s’accommodèrent, pour les affaires civiles, à la coutume devenue générale autour d’eux par rapport au début de l’année. Ils s’en servirent comme leurs voisins ; et elle entra si bien dans leurs habitudes, que deux siècles après, au temps de Josèphe, ils la considéraient comme un

usage ancien qu’ils auraient connu avant Moïse en Egypte. Josèphe, Ant. jud., i, iii, 3 : o-jtw ;-jàp Èv Aî-pjjcTo) tôv êviocvrôv ^crav SiatETor/oteç. Le texte de Josèphe ne suppose pas encore qu’on fait une fêle de r'ôs hassanâh au 1 er Tischri ; Philon, De septenario 2, 22, appelle la septième néoménie Upopjvt’a et <ja>w : - ; " l " MV ëopTv^, « fête des trompettes », mais ne laisse nullement entendre qu’elle est une solennité de nouvel an. Cependant, d’après Josèphe, on considérait Tischri comme le premier mois selon l’ordre prémosaïque (tov upcÛTov xôapov) ; or de là à prendre la solennité de la septième néoménie comme une fête de tête d’année, il n’y avait qu’un pas, et ce pas était déjà franchi, nous l’avons vii, au temps des docteurs de la Mischna.

Bibliographie. — Maimonide, dans son Yad hahhazaka, le traité Kiddush Hachodesh, traduit et expliqué par Ed. Mahler, in-8°, Vienne, 1889. Dans la Bibliotheca rabbintca de J. Bartolocci, t. ii, p. 392, et dans le Thésaurus d’Ugolini, t. xvii, diverses dissertations sur l’année juive, parmi lesquelles la traduction latine du traité de Maimonide. Ideler, Handbuch der mathemat. und technischen Chronologie, t. i, p. 477-583, in-8°, Berlin, 1825 ; Anger, De temporum in Actis Apostoloruni rations, in-8°, Leipzig, 1833 ; Wieseler, Chronol. Synopse der vier Evangelien, in-8°, Hambourg, 1843 ; Beitrâge zur richtigen Wiirdigung der Evangelien und der evangel. Geschichte, in-8% Gotha, 1869, p. 290-321 ; Seyflàrth, Chronologia sacra, in-8°, Leipzig, 1846, p. 26-80 ; Gumpach, Ueber den altjïtdischen Kalender zunâchst in seiner Beziehung zur neuteslatementl. Geschichte, in-8°, Bruxelles, 1848 ; Cas~ pari, Chronolog. und geograph. Einleitung in das Leben Jesu Christi, in-8°, Hambourg, 1869 ; Schwarz, Derjïidische Kalender historisch und astronomisch untersucht, 1872 ; Zuckermann, Materialien zur Enlwichelung der altjïidisclien Zeitrechnung im Talmud, in-8°, Breslau, 1882 ; abbé Mémain, La connaissance des temps évangéliques, in-8°, Paris, 1886, p. 39-43 ; 377-445 ; 481 et suiv. ; Isidore Loeb, Tables du calendrier juif, in-12, Paris, 1886 ; Mahler, Chronologische Vergleichungs-Tabellen, 2 Heft ; Die Zeitund Festrec/tnung der Juden, in-8°, Vienne, 1889 ; Schûrer, Geschichte der jùdischeh Volkes in Zeitalter Jesu Christi, in-8°, Leipzig, 1890 ; édit. angl., 1890, append. m. J. Thomas.

2. ANNÉE JUBILAIRE. Voir Jubilaire (Année).

3. ANNÉE SABBATIQUE. Voir SABBATIQUE (ANNÉE).

    1. ANNIVERSAIRE##

ANNIVERSAIRE (de naissance), natalis, YsvÉSXiot. — L’usage de célébrer par une fête l’anniversaire du jour de naissance était très répandu dans l’antiquité. Les anniversaires des rois étaient plus nombreux encore. On (était non seulement le jour de leur naissance, mais celui de leur couronnement. Telle fut la coutume à l'égard des Pharaons (Josèphe, Ant. jud., II, v, 3 ; Philon, De Joseph, p. 540 c ; cf. Erman, /Egypten, ^. 101) ; des rois de Perse (Hérodote, ix, 110 ; cf. i, 133 ; Platon, Âkibiad., i, p. 121. Plutarque, Artaxerx., iii) ; des Ptolémées ( décret de Canope, dans le Journal des savants, 1883, p. 214 et suiv., 1. 4 et 26 ; décret de Rosette, Corpus inscript, grsecaruin, n°4697, 1. 46 et suiv.) ; des Séleucides (Corpus inscript, grsecarum, n° 3595, 1. 16 ; Bulletin de correspondance hellénique, 1885, p. 387, 1. 2) ; des Attalides (Dittenberger, Syllog. Inscript, grsec, n » 249, 1.35 ; Corpus inscript, grxc, n* 3068, 1. 17 ; 3069, 1. 36) ; des rois de Commagène(Humann et Puchstein, Reisen in Kleinasien und Nordsyrien, p. 274, II b., 1. 15 et 16), et plus tard des empereurs romains (Corpus inscriptionum latinarum, t. i, 280), etc. Tant que le roi était vivant, l’anniversaire de naissance se nommait en grec ysvÉBXia ; il prenait le nom de fsvÉGtct après sa mort. La Bible mentionne la célébration des anniversaires de naissance du Pharaon contemporain de Moïse, Gen., XL, 20 ; d’Antiochus Épiphane,