L’apposition de l’anneau royal donnait vigueur aux édits, et la tradition de l’anneau était un symbole de la transmission de la puissance. Ainsi, Gen., xli, 42, le Pharaon investissant Joseph de pouvoirs extraordinaires lui remet son anneau. Nous retrouvons le même usage chez les Perses dans le livre d’Esther ; le roi donne d’abord son anneau à Aman, pour sceller le terrible édit contre les Juifs, Esth., iii, 10, 12, puis il le retire à Aman, tombé en disgrâce, pour le donner à Mardochée, et pour sceller les lettres du « jour de vengeance ». Esth., viii, 2, 8, 10.
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155. — Bagues phéniciennes.
À droite, bague d’après le Bullettino sardo, 1858, p. 745. — À gauche, bague avec chaton, d’après di Cesnola. Salamina, p. 40.
Le livre de Daniel nous montre aussi à deux reprises le roi de Perse se servant de son anneau comme d’un sceau : Daniel, vi, 18 (avec le chaldéen ʿisqâ) et xiv, 10, 13 (que nous n’avons qu’en grec : σφράγισον ἐν τῷ δαϰτυλίῷ τοῦ βασιλέως). Cet usage passa sans doute aux monarchies grecques, qui remplacèrent en Orient l’empire perse, et nous voyons dans 1 Mach., vi, 14-15, Antiochus Épiphane mourant confier son anneau, avec les autres insignes royaux, à son ami Philippe, qu’il choisit comme régent du royaume et tuteur de son jeune fils Antiochus.
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156. — Anneaux égyptiens. Musée du Louvre.
À droite, anneau d’or avec chaton mobile. Pierre gravée en creux. Lapis lazuli. — À gauche, anneau d’or avec chaton mobile au nom d’Aménophis II.
Comme on se servait de l’anneau de doigt en guise de sceau, on le désignait aussi par le nom même qui signifiait en hébreu un sceau : ḥôṭâm. Dans Jérémie, xxii, 24, Dieu s’exprime ainsi : « Jéchonias, fils de Joakim, roi de Juda, serait-il un anneau (ḥôṭâm) à ma main droite, que je l’en arracherais. » Cf. Agg., ii, 24 ; Eccli., xlix, (11) 13 : passages qui nous montrent de plus que l’anneau se portait chez les Hébreux à la main droite. La Vulgate a donc bien rendu le sens de ḥôṭâm par annulus ; elle a fait de même dans Gen., xxxviii, 18, 25, où le sceau, ḥôṭâm, que Thamar demande à Juda pour se faire plus tard reconnaître de lui, paraît bien être celui de l’anneau. Mais la traduction annulus dans I (III) Reg., xxi, 8, où il s’agit de lettres scellées par Jézabel avec le sceau, ḥôṭâm, d’Achab, ne paraît pas aussi bien ustifiée ; là les Septante ont serré de plus près le texte en traduisant par σφραγίς. Dans les derniers temps, l’usage de porter l’anneau persistait chez les Juifs avec son importante signification.
L’anneau d’or est un indice d’opulence. Jac, ii, 2 : ἀνὴρ χρυσοδακτύλιος, l’homme à l’anneau d’or, désigne le riche pour lequel on ne doit pas faire acception de personne. L’anneau est aussi le signe distinctif du fils de famille par opposition aux serviteurs, signe qui est rendu à l’enfant prodigue repentant. Luc, xv, 22.
II — Anneaux du tabernacle. — L’expression tabbaʿaṭ est encore employée en hébreu pour désigner des objets qui, bien que ne pouvant servir à imprimer un sceau, comme les anneaux de doigt, avaient avec ceux-ci une certaine ressemblance de forme. Il s’agit des différents anneaux qui se trouvaient dans le mobilier du tabernacle : anneaux de l’arche, de l’autel, etc., servant à passer les barres de bois pour les transporter, cf. Exod., xxvi, 29 ; xxvii, 4 ; xxx, 4 ; anneaux plus délicats où s’attachaient les chaînettes qui reliaient le rational et l’éphod. Exod., xxviii, 23, 26-28. La Vulgate a traduit tabbaʿaṭ dans ces passages par annulus, mais aussi par circulus dans Exod., xxv, 12, 15 et suiv. ; xxvii, 7, etc., léger changement que nous ne signalerions même pas si elle n’avait aussi rendu par circulus l’expression gérés, Exod., xxvi, 6, etc., qui désigne non de simples anneaux, mais des crochets. Voir Agrafe.
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157. — Anneau, chaîne et crochets assyriens. D’après V. Place, Ninive et l’Assyrie, pi. 70.
Il est difficile de comprendre dans les traductions ces descriptions minutieuses de construction ou de mobilier, quand chaque objet n’a pas, comme en hébreu, un nom spécial ou qu’on ne lui donne pas toujours le même. On a retrouvé dans les ruines du palais de Sargon à Khorsabad, au nord de Ninive, des anneaux en fer, avec chaîne et crochets, que nous reproduisons ici (fig. 157).
III. Anneaux destinés a conduire les animaux. — Les Hébreux se servaient aussi d’anneaux passés dans les narines, pour mener les animaux difficiles à conduire ; ils appelaient cette espèce d’anneau ḥâḥ, ḥôaḥ. Dieu met Job au défi de conduire Léviathan avec un tel anneau. Job, XL, 20 : Numquid pones circulum in naribus ejus, aut armilla perforabis maxillam ejus ? Dans l’hébreu, v. 26 : « Placeras-tu un jonc dans sa narine, ou avec un anneau (ḥâḥ) perceras-tu sa mâchoire ? » L’image n’est pas moins grandiose quand Dieu menace Sennachérib de le ramener dans son pays avec un anneau dans les narines. Is., xxxvii, 29 ; IV Reg., xix, 28. Ézéchiel se sert de la même figure dans la parabole de la lionne et des lionceaux, xix, 4, et aussi pour le roi d’Egypte et le roi Gog, xxix, 4 ; xxxviii, 4 (Vulgate : frænum).
Ce qui n’était qu’une image dans les prophètes hébreux était la triste réalité chez les cruels conquérants assyriens et perses. Sur des monuments d’Assurbanipal (fig. 158) et de Darius figurent des bas-reliefs où les prisonnière de distinction sont amenés devant le roi vainqueur, enchaînés et conduits comme des animaux sauvages, avec un anneau passé dans les narines ou dans les lèvres ; c’est l’expressif commentaire non seulement de textes d’Isaïe et d’Ezéchiel, mais aussi de II Par., xxxiii, 1 1, où nous voyons que le roi de Juda Manassé, vaincu par les Assyriens, fut retenu prisonnier avec de tels anneaux, baḥôḥim. Les Paralipomènes nous ont conservé ici »