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ANNEAU
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inaures super os suum ; dans Isaïe, iii, 21, « des nézém de nez : » gemmas in fronte pendentes.

Le nézém était porté, chez les Hébreux, par les femmes ; il donna lieu à un proverbe au trait acéré. Prov., xi, 22. Voici la traduction exacte de l’original : « Un nézém d’or au nez d’un porc (be’af hâzîr), telle est une femme belle mais sotte. » — L’anneau de nez était-il aussi porté par

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151. — Femme orientale portant le nézém.

les hommes chez certaines tribus voisines de la Palesine ? C’est peut-être ce qui ressort de Jud., viii, 22. Après la défaite des Madianites et des autres nomades orientaux, Benê-Qédém, qui les accompagnaient, Gédéon demande pour sa récompense que chaque Israélite lui cède de sa part de butin un nézém, et il ajoute : « Car ils avaient des nézém d’or, puisque c'étaient des Ismaélites, » Réflexion qui présente, comme un trait distinctif des Ismaélites, la coutume de porter des nézém d’or.

2° L’anneau de doigt porte en hébreu le nom de tàbba’af. Non seulement ces anneaux sont mentionnés parmi les bijoux des femmes, 1s., iii, 21 ; cf. Judith, x, 3, mais il en est aussi question pour les hommes. Ces anneaux formaient une partie notable des présents offerts pour la construction du tabernacle, Exod., xxxv, 22 ; ils figurent aussi parmi les pièces recherchées dans le butin pris sur les Madianites. Num., xxxi, 50. Les Hébreux venaient de sortir de l’Egypte, où l’usage des bagues et anneaux était très répandu. On en a découvert en or, très massifs,

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152. — Anneau égyptien

avec pierre gravée fixe

au nom rie Thotmès IV.

Musée du Louvre.

ayant la plupart, comme celui de la figure 152, une pierre gravée. Quelques-uns sont larges et émaillés (fig. 153). Sur les bas-reliefs et sur les peintures, on voit souvent hommes et femmes portant des anneaux ; ces dernières en ont parfois à chaque doigt, mais spécialement à la main gauche (fig. 154).

Établis en Chanaan, les Israélites se trouvèrent en contact et presque toujours en bons termes avec les Phéniciens ; ils purent facilement se procurer auprès d’eux les bibelots de toilette, et en particulier les anneaux que l’industrie phénicienne excellait à mettre à la portée de tous. « L’usage des anneaux, dit M. Perrot, était encore plus répandu que celui des bracelets (en Phénicie).

Il y en avait de tous les modèles et de toutes les matières, depuis la bague de verre ou d’ambre jusqu’au simple cercle d’or et à celui qui était muni d’une pierre gravée, d’un scarabée ou d’un scarabéoïde tournant autour d’un axe ; il y en avait de tous les modèles, les uns, comme en Egypte, ayant la forme d’un serpent roulé sur lui-même ; d’autres faits d’une chaînette ou d’une tresse, beaucoup ne se composant que d’une tige métallique ronde ou triangulaire, qui vers son milieu a un renflement elliptique où le burin a quelquefois mis une image. On rencontre partout des bagues dans les sépultures phéniciennes. » G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iii, p. 836. On trouve des échantillons de ces

bagues phéniciennes de la Sardaigne dans la dissertation spéciale que leur a consacrée Spanio, Anelli antichi Sardi, dans le Bullettino archeologico Sardo, t v, p. 16-20 (fig. 155).

Dans l’Ecriture, les anneaux sont le plus souvent considérés comme de simples ornements, mais on s’en servait

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153. — Anneau d’or

avec émaux. Musée du Louvre.

154.

- Mains de femme avec anneaux, sur le couvercle d’un cercueil de momie. British Muséum.

en outre comme de sceaux, et c’est ce qui explique leur nom (de la racine tâba', « enfoncer, empreindre s), ainsi que l’importance que l’on y attachait, bien supérieure à celle de bagues ordinaires. Cette coutume n'était pas spéciale aux Hébreux ; on la retrouve chez d’autres peuples orientaux, chez les Égyptiens, par exemple (fig. 150). Toutes les personnes d’un rang élevé faisaient usage de leur anneau comme d’un sceau. Les fouilles nous en ont fourni un grand nombre. Le musée du Louvre en possède des centaines. Pierrel, Salle historique de la galerie égyptienne, 1877, p. 110-119. Ils étaient parfois tout en métal ; souvent aussi ils étaient munis d’une pierre gravée en creux portant le signe caractéristique de la personne.