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ANIMAUX FABULEUX — ANIMAUX IMPURS


xci, 11 ; et cinq fois dans la Vulgate, aux quatre psaumes indiqués, et, de plus, dans Isaïe, xxxiv, 7. Le mot hébreu correspondant est re'êm, qui ne désigne certainement pas la licorne, mais, d’après l’opinion commune aujourd’hui, l’aurochs, espèce de taureau sauvage.

7° Onocentaure, être fabuleux moitié homme, moitié âne. Le mot ôvoxôvxa-jpo ; se trouve quatre fois dans les Septante : Is., xxxiv, 11 (hébreu : 'abnê-bôhû, « les pierres de la solitude » ) ; xiii, 22 ; xxxiv, 14 (hébreu : 'iyyim, « les chacals » ) ; xxxiv, 14 (hébreu : Mit), et une fois seulement dans la Vulgate, Is., xxxiv, 14 (hébreu : 'iyyîm).

8° Phénix ; cet animal fabuleux serait désigné, d’après quelques auteurs, par le mot grec ipoîvil, par lequel les Septante ont traduit le mot hébreu liai. Job, xxix, 18. La Vulgate traduit palma, « palmier. »

9° Satyre ; d’après saint Jérôme, In Isaiam, xiii, 21, t. xxiv, col. 159 ; Gesenius, Thésaurus linguse hebreeæ, p. 1335, et beaucoup d’autres auteurs, les « satyres » sont désignés, Is., xiii, 21 ; xxxiv, 14, par le mot hébreu Sâ'ir, pluriel se'îrîm, que les Septante ont traduit par 8at(ji(îvta, et la Vulgate par pilosi, « velus, » traduction littérale de l’hébreu éâ'ir, qui appelle ainsi un animal très velu, ordinairement le bouc.

10° Sirène. Le mot oup-'rfi, « sirène, » être fabuleux, moitié femme, moitié poisson, se trouve six fois dans les Septante : Job, xxx, 29 ; Is., xiii, 21 ; xxxiv, 13 ; xliii, 20 ; Jer., xxvii (hébreu : l), 39 ; Mien., i, 8 ; dans la Vulgate, le mot siren ne se trouve qu’une fois. Is., xiii, 22. Les mots hébreux correspondants sont benôf ya'ândh, traduits ordinairement par « autruches », et tannin, traduit souvent par « dragon, serpent ». Cf. S. Jérôme, In Isaiam, xm, 22, t. xxiv, col. 214-216.

11° Tragélaphe. Le mot xpay£Xa ?o ; se trouve dans les Septante, Job, xxxix, 1, et dans la Vulgate, tragelaphus. Deut., xiv, 5. Les mots hébreux correspondants sont : Job, sxxix, 1, 'ayydlâh, « biche ; » Deut., xiv, 5, 'aqqô, espèce de chevreuil. À la suite d’Origène, De princ., iv, 17, t. xi, col. 379, beaucoup d’auteurs ont prétendu que le tragélaphe, tenant à la fois du bouc et du cerf, était un animal fabuleux. Personne ne conteste sérieusement aujourd’hui que les mots hébreux 'ayyâl et 'aqqô, et le mot grec TpctYÉXaço ; ne désignent des animaux réels.

Sur ces animaux fabuleux voir Bochart, Hierozoicon, 2 in-f°, Leyde, 1692, t. ii, p. 809-844. Quant aux animaux symboliques des visions d'Ézéchiel et de Daniel, voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1889, t. iv, p. 354-409 ; 545-560. S. Many.

3. ANIMAUX IMPURS. La distinction entre les animaux purs et impure est un des caractères spéciaux de la loi mosaïque, et un de ceux qui contribuent le plus à lui donner sa physionomie originale, au moins par rapporta nous. Les textes fondamentaux, en cette matière, sont Lev., xi, et Deut., xiv, 1-21. De plus, dans d’autres passages, Dieu rappelle ces lois et insiste sur leur observance. Lev., xx, 24-26, etc.

I. Nature de la loi sur les animaux impurs. — La distinction des animaux puis et impurs regardait premièrement et avant tout l’alimentation : les animaux purs étaient ceux dont les Israélites pouvaient manger la chair ; les impurs, ceux dont ils devaient s’abstenir. L’inscription, pour un animal, sur la liste des animaux impurs n’entraînait pour lui, par elle-même, aucun discrédit, aucune dépréciation, à plus forte raison, aucun mépris. L’aigle, le lion, le cheral, etc., sont classés dans la catégorie des animaux impurs, et cependant l'Écriture, en beaucoup d’endroits, loue leurs qualités et leurs services, et les donne même comme des symboles des vertus morales. En dehors de l’alimentation, les Hébreux pouvaient utiliser les animaux impurs pour différents services ; il suffît de citer l'àne et le chameau, les deux bêtes de somme les plus communes chez les Hébreux ; mais, dès qu’il s’agissait de l’alimentation, les épithètes

les plus énergiques s’accumulaient pour inspirer aux Israélites la répugnance et l’horreur pour la chair de l’animal défendu : l’animal était appelé « immonde, souillé, abominable, exécrable, etc. ». Lev., xi, 5, 8, 10, 12, 23, etc. Ce n'était pas là une contradiction : quoi de plus apprécié, chez nous, que le cheval et le chien, qui sont les aides et les compagnons de l’homme dans tous ses travaux ? Et cependant, comme aliment, leur chair nous inspire du dégoût.

IL Origines de cette loi. — La première origine historique de cette loi apparaît dès avant le déluge. Gen., vii, 2 : « Prenez sept par sept de tous les animaux purs, … et un couple des animaux impurs. » Cf. vii, 8 ; viii, 20. C’est pour la première fois que nous rencontrons l'épithète d' « impur » appliquée à un animal. D’après sa nature, aucune espèce d’animal n’est immonde ; nous voyons, au contraire, Gen., i, 20-25, qu’au cinquième et au sixième jour de la création, Dieu, après avoir créé les animaux de toute espèce, quadrupèdes, oiseaux, reptiles, etc., vit que « tout était bon ». Toutefois ce qui est bon d’une manière générale peut ne l'être pas sous tel ou tel rapport particulier ; un animal peut être excellent pour la course, le travail, etc., mais sa chair, comme nourriture, peut être ou paraître nuisible ; dans ce cas, il sera traité d’impur et d’immonde. Cette dénomination vient donc de l’appréciation de l’homme ; et cette appréciation elle-même se forme, généralement, par l’observation faite des mœurs de l’animal. L’homme, remarquant dans tel animal des mœurs sensuelles, brutales, cyniques, ou bien, le voyant se nourrir d’aliments immondes et dégoûtants, comme de boue, de cadavres, etc., le croit naturellement impropre à servir de nourriture, et le qualifie d’impur. D’autres considérations, soit physiques, soit même morales ou religieuses, ont pu donner naissance à la même appréciation : par exemple, le souvenir du premier homme tenté et trompé par le serpent a pu contribuer à faire déclarer immonde toute la classe des reptiles.

Or ces différentes appréciations se formèrent et se développèrent dès avant le déluge, si bien qu'à cette époque reculée, il y avait déjà diverses catégories d’animaux qualifiés d’impurs. De là les expressions que nous avons relevées Gen., vii, 2, et viii, 20. Nous savons que plusieurs auteurs disent que Moïse a parlé ainsi « par anticipation » ; cette opinion est déjà signalée par Alphonse Tostat, Commentaria in Genesim, vii, Venise, 1596, p. 39 ; d’après eux, Dieu aurait désigné à Moïse les espèces d’animaux dont il voulait sauver sept couples, et celles dont il ne voulait sauver qu’un couple ; or, plus tard, du temps de Moïse, les premières espèces furent appelées pures, les autres, impures ; en sorte que Moïse, publiant à ce moment son ouvrage que nous appelons la Genèse, a pu leur donner cette qualification. Mais cette explication paraît forcée ; il serait bien étrange que précisément toutes les espèces, et celles-là seules, dont Dieu ne sauvait qu’un couple, fussent plus tard déclarées impures ; il est plus naturel de penser que si Dieu ne voulut sauver du déluge qu’un couple des espèces impures, c’est que déjà, à cette époque, elles étaient regardées comme telles, et qu’ainsi un moins grand nombre d’individus de ces espèces pouvait suffire, les animaux impurs ne servant ni aux sacrifices, iii, en général, à l’alimentation. Cette opinion est soutenue par Pererius, In Gen., vii, t. ii, p. 175 ; Cornélius a Lapide, In Gen., vu, 2. Remarquons cependant qu’au point de vue de l’alimentation, les animaux impurs, avant Moïse, n'étaient pas défendus par une loi positive, puisque Dieu lui-même permet à Noé la chair de tous les animaux, Gen., rx, 4 ; ce n'était sans doute qu’une coutume pieuse, observée seulement dans les familles les plus fidèles au culte du vrai Dieu. Pererius, In Gen., vii, t. ii, p. 175.

Après le déluge, la distinction des animaux purs et impurs s’accentua et se propagea. Nous la trouvons chez les Egyptiens, dès les temps les plus antiques ; au temps où Joseph gouvernait l’Egypte, nous voyons, Gen., xmi, 32,