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ANGE — ANGE DE ANGELIS


dans l'œuvre de Dieu a paru davantage ; mais il n’y a eu là qu’un éclaircissement des données les plus anciennes de la Bible. Au temps des patriarches, les anges ne se distinguent point les uns des autres par des noms particuliers. On ne prend presque point garde à eux, mais seulement au Dieu dont ils sont les députés. C’est pourquoi on les appelle tantôt anges de Dieu, tantôt Dieu. Il faut remarquer cependant que la même confusion apparente qui fait donner au même personnage le nom d’ange et de Dieu se retrouve jusque dans les derniers livres du Nouveau Testament. Qu’on lise pour s’en convaincre le discours de saint Etienne, Act., vii, 30, 33, et la fin de l’Apocalypse, xxii, 9, 13. Il est certain pourtant que les auteurs de ces derniers livres distinguaient parfaitement Dieu des anges, et que leur croyance sur ces derniers n’avait rien de polythéiste. Dieu, sur lequel toute l’attention se porte dans les premières pages de la Bible, semble par suite remplir en personne les ministères qui seront plus tard attribués aux anges qu’il envoie. Cependant, dès les temps les plus reculés, les anges s’acquittent, à la sortie du paradis terrestre, près d’Abraham, d’Agar, de Loth, de Jacob, de Moïse, de ministères de la même nature que ceux dont ils seront chargés auprès de ïobie, de Daniel, de Marie et de Joseph. Du reste, le nom de messager donné aux anges de toute antiquité montre bien qu’on leur a toujours attribué le môme ministère que dans les derniers temps de l’Ancien Testament.

Les anges n'étant pas distingués individuellement les uns des autres à l'époque des patriarches, on ne pouvait arriver à la conception d’un ange gardien spécial, chargé de protéger les individus et les peuples pendant toute leur existence. Cependant Agar est sans cesse protégée par un ange ; Jacob mourant invoque l’ange qui l’a délivré de tous les dangers, Gen., xlviii, 1(5, et un ange accompagne et guide le peuple d’Israël dans le désert, avec la même vigilance que Raphaël mit à accompagner Tobie. Sans être formulée théoriquement, la notion des anges gardiens des individus et des peuples a donc toujours fait partie des croyances hébraïques. Quant à la pensée que les anges concoururent à la promulgation de la loi qui fut entourée de tant de prodiges, on voit qu’elle était conforme aux idées reçues du temps de Moïse. Du reste, ce n’est pas seulement d’après la version des Septante, mais encore d’après le texte hébreu aussi bien que d’après la Vulgate, que le cantique de Moïse rapporté au Deutéronome, xxxiii, 2, parle de la part que les anges ont eue à la promulgation de la loi.

Les démons sont mieux connus et se distinguent mieux des anges après la captivité, mais de la même manière que les bons anges sont mieux connus et se distinguent mieux les uns des autres. L’attention était moins appelée à l’origine sur la différence de ces êtres supérieurs à l’homme, mais qui n’agissent que par l’ordre ou la permission de Dieu. Cependant la notion de l’esprit mauvais et méchant est dans les plus anciens livres de la Bible. Le serpent qui tente Eve a une personnalité aussi nettement dessinée qu’aucun des bons anges qui interviennent dans la Genèse ; or son rôle est celui du démon. Il en est de même du rôle de Satan vis-à-vis de Job, Job, ii, et de celui de l’esprit malin qui agite le roi Saûl. 1 Reg., xvi, 11. Sans doule ces esprits mauvais nous sont présentés, au moins dans ces deux derniers cas, comme agissant par la permission, et d’une certaine manière par la volonté de Jéhovah, tandis que dans les livres postérieurs de la Bible le démon semble avoir plus d’initiative ; mais nous avons déjà fait une remarque analogue pour les bons anges. Du reste, il ne faut pas oublier qu’alors même que la Bible représente le démon laissé à lui-même, elle sousentend toujours cette permission de Jéhovah sur laquelle les anciens récits portent notre attention. Il y a en effet toujours eu une différence radicale entre le dualisme des doctrines zoroastriennes, qui égalent le principe du mal au principe du bien, et les doctrines de la Bible, qui sont

essentiellement monothéistes et soumettent à Dieu le principe même du mal.

Les divers ordres de la hiérarchie des anges n’avaient pas été déterminés avant la captivité ; mais leur existence était déjà indiquée d’une façon générale, car dès lors les anges étaient comparés à une armée, et celui qui apparut à Josué s'était nommé le chef de l’armée du Seigneur. Josue, v, 14.

- Enfin les exégètes catholiques ne font pas difficulté de reconnaître que les noms des anges et quelques détails de l’angélologie hébraïque ont pu être empruntés aux croyances des Perses. Ces croyances n'étaient pas, en effet, fausses à tous égards. L’esprit de Dieu a pu révéler et faire discerner aux écrivains inspirés ce qu’elles contenaient d’exact. Pour ce qui est des noms donnés aux anges, nous avons déjà remarqué que ce ne sont pas les noms par lesquels ils se désignent eux-mêmes dans leur langage, puisqu’ils ne se servent pas de mots comme nous. Il importe, du reste, de ne pas oublier que s’il existe quelque ressemblance entre les croyances des Hébreux sur les anges et celles des autres peuples, et en particulier des Perses, il y a aussi de notables différences, et que l’angélologie des Juifs s’est développée sur un fonds tout hébraïque, ainsi que nous l’avons montré.

Ce fonds s’est encore développé davantage dans la théologie catholique. Deux influences y ont puissamment contribué : c’est l’action de la dogmatique chrétienne et les données de la philosophie grecque. Nous avons signalé les principaux problèmes sur lesquels l’attention des Pères et des théologiens s’est portée et les solutions diverses qu’ils ont reçues. Ces problèmes sont surtout la question de la nature des anges qui s'éclaircit en même temps que la doctrine de la spiritualité de l'âme humaine ; la question de l’action des anges dans l’Ancien Testament, qui fut envisagée différemment par les Pères et par les scolastiques ; celle de leur hiérarchie, sur laquelle l’accord ne se fit qu’au moyen âge sous l’inlluence du traité attribué à saint Denys l’Aréopagite ; la question de l’objet de leur science étudiée déjà par les Pères, en particulier par saint Augustin ; les questions plus philosophiques que théologiques qui ont été discutées par la scolastique au sujet de leur mode de connaissance, de leur langage et de leur action sur le monde et sur nos âmes.

A consulter : Pierre Lombard, // Sententiarum liber, D. 3-11, et tous ses commentateurs ; S. Thomas d’Aquin, Summa theologica, I p., q. 50-62, 106-108, 111 -113, et ses commentateurs ; Suarez, De Angelis, lib. l-iv ; Collegii Sahnanticensis cursus théologiens, tract, vii, De Angelis ; Petau, Dogmata theologica, de Angelis ; D. Calmet, Dissertation sur les bons et sur les mauvais anges, avant son Commentaire sur saint Luc ; Albertus (Knoll) a Bulsano, Institutiones théologien theoretiesc, 5e édit., Turin, 1875, p. 2, cap. m ; Jungmann, De Deo creatore, editio quarta, Ratisboune, 1883, p. 57-96 ; Mazzella, De Deo créante, edilio altéra, Rome, 1880, disput. 2% p. 169-340 ; Hurter, Theologiæ dogmatiesc compendium, 5 S édit., lnspruck, 1888, t. ii, p. 319-336 ; Scheeben, La dogmatique, trad. Belet, Paris, 1881, § 135-142 ; Schell, Katholische Dogmalik, Paderborn, 1890, t. ii, p. 170-262 ; Oswald, Angelologie, 2e édit., Paderborn, 1889 ; Wetzer etWelte, Kirclienlexicon, 2e édit., Fribourg - en-Brisgau, t. iv, 1886 ; article Engel. A. Vacant.

2. ANGE CÉLESTIN, mineur observant, né à MonteCorvino, ville du Principato, se rendit recommandable

! par l’enseignement, parla prédication et parla publication de beaucoup de bons ouvrages, parmi lesquels Alva

note un Commentaire italien sur le Magnificat, imprimé à Naples en 1609, in-4o. P. Apollinaire.

3. ANGE DE ANGELIS, natif de Feltria, mineur réformé de la province dite de Saint-Antoine-de-Padoue, dans laquelle il fut honoré des dignités de définiteur et de