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ANE — ANÉMONE


de la crèche de Notre -Seigneur. Le plus ancien monument connu à ce sujet est un petit monument de l’an 343 (fig. 146). Voir de Rossi, Inscripliones christianse urbis Romx, t. i, n° 73, p. 51. Cette représentation n’est guère que la mise en scène du passage d’Isaïe, i, 3 : Cognovit bos possessorem suum, et asinus prœsepe domini sui : « Le bœuf a reconnu son maître, et l'âne, la crèche de son Seigneur. » De ces paroles du prophète, rapprochées de celles d’Habacuc, iii, 2, telles qu’elles sont traduites dans les Septante et l’ancienne Italique : « Vous vous manifesterez entre deux animaux, » est venu l’usage de représenter l'âne et le bœuf dans la grotte de la Nativité, quoique

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146. — L'âne et le bœuf dans l'étable de Bethléhem.

ces textes n’aient pas directement la signification qu’on leur a attribuée. Dans Habacuc, iii, 2, le texte original porte, comme le traduit exactement notre Vulgate : « Au milieu des années, » c’est-à-dire bientôt, sans attendre trop longtemps, et non pas : « entre deux animaux. » Voir Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, note v, 2e édit., 1701, t. i, p. 423, et pour la thèse contraire Baronius, Annales ecclesiastici, ann. 1, n° 3, édit. de Lucques, 1738, t. i, p. 2. L'âne et le bœuf sont représentés dans le mystère de la naissance de NotreSeigneur sur de nombreux sarcophages, à Rome, à Milan, à Arles, sur des gemmes et sur des diptyques. Voir F. X. Kraus, Real-Encyklopâdie der christlichen Alterthùmer, t. i, 1880, p. 431 ; J. E. de Uriarte, El buey y et asno, testigos del nacimiento de Nuestro Senor, dans La ciencia christiana, t. xii, 1879, p. 260-275 ; t. xiii, 1880, p. 64-87 ; 167-188.

Sur l'âne, voir J. G. Wood, Bible animais, in-8°, Londres, 1869, p. 264-279. — Pour l'âne sauvage, voir Onagre ; pour l'ànesse de Balaam, voir Balaam ; pour la mâchoire d'âne de Samson, voir Samson" et Ramathlechi

F. Vigouroux.

    1. ANEITUMÈSE##

ANEITUMÈSE (VERSION) DE LA BIBLE. — La langue aneitumèse, parlée dans l'île d’Aneitéum, la plus méridionale des îles Hébrides, appartient à l’extrême groupe polynésien et est une branche du papou. Le Nouveau Testament a été traduit en aneitumèse par deux ministres protestants, J. Geddie et J. Inglis ; il a paru en 1863. L’impression de l’Ancien Testament, traduit par J. Inglis, a été terminée en 1878.

ANEM (hébreu : 'Anêm ; Septante : tt, v 'Atvâv), ville de la tribu d’Issachar, donnée, avec ses faubourgs, aux fils de Gerson. I Par., vi, 73 (hébreu, 58). Dans le passage parallèle, Jos., xxi, 29, et dans la liste générale des villes de la même tribu, Jos., xix, 17-23, elle est omise, et à sa place on trouve Engannim. Aussi la plupart des auteurs regardent 'Anem comme une contraction de ce dernier nom, de même que Carthan, Jos., xxi, 32, est mis pour Cariathaïm. I Par., vi, 76. Cependant Conder et les explorateurs anglais proposent de l’identifier avec 'Anîn, village

situé à l’ouest de la plaine d’Esdrelon, non loin de Djenin (Engannim). Cf. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 402 ; Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1800, feuille 10. Voir Engannim.

A. Legendre.
    1. ANÉMONE##

ANÉMONE, genre de la famille des Renonculacées, type de la tribu des Anémonées, dont on compte un très grand nombre d’espèces et de variétés. Pline dit, H. N., XXI, 23 (94), que son nom vient du grec àvs^oç, « vent, » parce que cette fleur ne s’ouvre qu’au souffle du vent. La mythologie la fait naître du mélange du sang d’Adonis et des larmes de Vénus, flos de sanguine concolor ortus, dit Ovide, Metam., x, 735. Elle fait par là allusion à la couleur de l’anémone rouge commune en Syrie. Cette plante est une herbe vivace, à tige souterraine souvent charnue et ramifiée. Ses feuilles sont alternes, découpées, d’un vert foncé, du milieu desquelles s'élève une hampe portant une fleur solitaire. Les anémones croissent dans l’hémisphère boréal et dans l’hémisphère austral. L’anémone rouge abonde en Syrie. Quand on arrive en février ou en mars en Palestine, dès qu’on quitte Jaffa pour se rendre à Jérusalem, et qu’on entre dans la plaine de Saron, on est aussitôt frappé par la vue de cette petite fleur, dont la couleur vive attire invinciblement le regard au milieu de la verdure qui l’entoure. On la trouve ensuite sur toute sa route, à Jérusalem, au mont des Oliviers, en Samarie, en Galilée. Nulle autre fleur n’est aussi commune en Palestine, et c’est presque invariablement la variété rouge qu’on rencontre ; parce que les jaunes, les bleues et les pourpres fleurissent de très bonne heure ou sont plus rares.

L'éclat de sa couleur (fig. 147) a porté plusieurs naturalistes à supposer que cette fleur est celle dont Notre-Seigneur dit, dans son sermon sur la montagne : « Jetez les yeux sur les lis des champs (ià xpfva toC àypoO) : ils ne travaillent point, ils ne tissent point, et cependant Salomon dans toute sa gloire n'était pas vêtu comme l’un d’eux. » Matth., vi, 28-29 ; cf. Luc, XII, 27. « L’anémone coronaria, dit M. Tristram, est la plus magnifiquement colorée, la plus remarquable au printemps, la plus universellement répandue de toutes les fleurs que renferme la riche flore de la Terre Sainte. Si une plante peut prétendre à la prééminence parmi cette opulence merveilleuse qui couvre la terre d’Israël d’un tapis de fleurs au printemps, c’est l’anémone, et c’est donc à elle que nous nous arrêtons comme étant le plus probablement le lis des champs du discours de Notre-Seigneur. » H. B. Tristram, The Fauna and Flora of Palestine, 1884, p. 208.

Cette identification n’est pas sans souffrir quelques difficultés, et elle est loin d'être admise par tout le monde. Ce qui est du moins certain, c’est qu’elle a des raisons à faire valoir en sa faveur et que, sur le mont des Béatitudes, à l’endroit même où la tradition place la scène du Sermon sur la montagne, le divin Maître pouvait mon-. trer à ses auditeurs de nombreuses anémones qui y étalaient alors, comme aujourd’hui, leur riche et brillante couleur. Ce qui est également certain, c’est que « le lis des champs » n’est pas le lis blanc ordinaire ; car on ne le rencontre nulle part dans les champs de la Palestine. Une autre raison à faire valoir en faveur de l’anémone, c’est que les traits par lesquels le Cantique des cantiques caractérise le s'ôs’annâh ou lilium comàllimn lui conviennent en général fort bien, tandis qu’ils ne sauraient s’appliquer à ce que nous appelons le lis. L’anémone se voit partout dans les « vallées » de la Palestine, Cant. il, 1, et elle étale ses pétales rouges « au milieu des épines », ii, 2, ainsi que dans les prairies où les bergers font paître leurs troupeaux, ii, 16 ; vi, 2 ; dan s les champs où broutent les gazelles, iv, 5 ; là où la rosée féconde la terre. Osée, xiv, 6 ; cf. Eccli., L, 8. Elle croît aussi dans les jardins, où celui qui aime les belles fleurs la cueille volontiers. Cant., VI, 1. Sa forme gracieuse nous explique pourquoi l'épouse du Cantique dit d’elle-même :