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ANDRÉ (APOTRE) — ANDRÉ DE PÉROUSE


d’un Juif cyrénéen du même nom, qui joua un rôle sous Trajan. C’est parce qu’il fut porté par l’un des douze Apôtres que ce nom est célèbre dans la littérature biblique.

Fils de Jona ou Jean et frère de Simon, André était originaire de Bethsaïde, Joa., i, 44, et pêcheur de son état. Les occupations matérielles n’ont jamais empêché les hommes de l’Orient de se passionner pour les questions religieuses. Les deux frères, tout en gagnant leur vie sur le lac de Génésareth, s'étaient vivement intéressés au mouvement théocratique que Jean-Baptiste venait de provoquer en Judée. L’un et l’autre avaient tenté de devenir les disciples du Précurseur. C’est en l’entendant désigner Jésus comme « l’Agneau de Dieu », qu’André et un de ses amis se mirent à la suite de celui qui leur était ainsi révélé comme le Messie. L’histoire naïve de cette première vocation est admirablement racontée par celui qui fut le compagnon d’André en cette circonstance. Joa., i, 35-40. Après avoir passé quelques heures avec Jésus, André, enthousiasmé de ce qu’il avait vu et entendu, se hâta de chercher son frère, et l’ayant abordé par cette parole qui nous révèle l’ardeur de son âme : « Nous avons trouvé le Messie ! » il le conduisit, le soir même, au jeune Maître, comme une nouvelle recrue qui ne devait pas être la moins importante de toutes. Joa., i, 41. En s' attachant, dès ce jour, à la doctrine ou même à la personne de Jésus, les deux, frères ne renoncèrent pas cependant entièrement à leurs filets. Il leur fallait pourvoir aux nécessités de la vie pour eux et surtout pour leur famille. Nous savons qu’ils habitaient tous deux, à Capharnaùm, une même maison, où Jésus guérit la bellemère de Pierre. Marc, i, 29. Peut-être André était-il plus jeune que son frère et non encore marié, puisqu’il avait quitté Bethsaïde pour s'établir chez sa belle-sœur. Mais on ne pouvait guère être réellement disciple de Jésus, encore moins Apôtre, sans avoir renoncé à toutes les attaches terrestres de la vie : famille, biens, et préoccupations matérielles diverses. Jésus alla un jour surprendre les deux frères qui péchaient sur les bords du lac, et les ayant invités à laisser désormais leur vulgaire métier, il leur proposa de devenir tout simplement des pêcheurs d’hommes. Matth., iv, 18 ; Marc, I, 16 ; Luc, v, 2. C’est dire qu’il y eut pour eux, après une vocation préliminaire, une seconde vocation définitive. Le récit de Jean n’exclut aucunement celui des synoptiques, mais le prépare. La première fois il s'était agi pour Jésus de s’attacher les deux frères par des liens généraux de foi et d’affection, la seconde il entendit établir entre eux et lui les relations officielles et suivies qui doivent exister entre les disciples et le Maître. On comprend surtout que Simon et André, aussi bien que Jacques et Jean, aient entendu le second appel de Jésus, si bref, si impératif, s’ils avaient déjà vécu avec lui et subi ses saintes influences.

Dans les quatre listes que nous avons des douze Apôtres, André fait invariablement partie du premier groupe présidé par Pierre, et dont les membres vécurent toujours dans une intimité plus particulière avec le Maître. Voir Apôtres. Toutefois il n’occupe pas le même rang dans chacune d’elles. Ainsi, tandis qu’il est le premier après Pierre dans saint Matthieu, x, 2, et dans saint Luc, vi, 14, il ne se trouve que le troisième, et par conséquent après les deux fils de Zébédée, dans Marc, iii, 18, et Act., I, 13. Ce fut peut-être là son classement véritable, car nous le trouvons encore nommé après Pierre, Jacques et Jean dans Marc, un, 3, lorsque les quatre du principal groupe interrogent Jésus sur la fin des temps.

André ne figure nommément que trois fois dans les récits évangéliques : c’est d’abord dans le passage de saint Marc, que nous venons de citer ; puis dans la première multiplication des pains, Joa., vi, 9, où, prenant la parole après Philippe, il observe qu’il y a bien dans la foule un petit jeune homme avec cinq pains d’orge et deux poissons, ressources insuffisantes pour tant de gens affamés ; et enfin, quand les Grecs demandent à voir Jésus, Joa., xii, 22,

il se joint à Philippe pour appuyer leur requête auprès du Maître. Assez naturellement on pourrait supposer que, Jésus ayant fait de Pierre et des fils de Zébédée ses trois disciples privilégiés, André était devenu le compagnon plus ordinaire de Philippe, natif comme lui de Bethsaïde, et chef du second groupe. Il est remarquable, en effet, que, sur trois fois où il est mis en scène par l'Évangile, il intervient deux fois pour appuyer Philippe dans ce qu’il dit ou dans ce qu’il veut. Bien que le livre des Actes ne mentionne André que dans la liste des Apôtres, il suppose qu’il eut part à tout ce que le groupe apostolique entreprit et supporta pour la gloire du Seigneur. Les Épitres ne parlent pas de lui, mais la tradition conservée par Eusèbe, H. E., iii, 1, t. xx, col. 216, et dont il faut chercher l’origine dans des documents qui, pour avoir été défigurés par l’esprit de secte et de ridicules légendes, n’en furent pas moins tout d’abord une histoire peut-être très authentique de l'œuvre des Apôtres, assure qu’André alla prêcher chez les Scythes : 'Avopétxç £è [ôïlrf/r^] tt|v Sxu8fav. Ce qui n’exclut pas l'évangélisation des colonies grecques qu’il trouva sur sa route vers la rive méridionale du Pont-Euxin, Héraclée, Sinope, Trapézonte. Nicéphore, H. E., ii, 39, 40, 41, 42, 43, 44, t. cxlv, col. 860-880. Après être retourné à Jérusalem, par Néocésarée et Samosate, il serait remonté de nouveau jusqu'à Byzance, d’où il passa en Grèce, S. Jérôme, Epist. lix ad Marcell., t. xxii, col. 589, et Théodoret, In Ps. cxvi, t. lxxx, col. 1805, pour y mourir à Patras, sur une croix dressée en forme d’X, et depuis appelée la Croix de Saintvndré. Voir Tischendorf, Acta Apostolorum apocrypha, p. 105-166 ; ou Epistola. de martyrio Sancti Andrese, dans Migne, Patr. gr., t. ii, col. 1218-1248. E. Le Camus.

2. ANDRÉ BERNA. Voir Berna.

3. ANDRÉ D’ALERET ou DALERET, mineur conventuel, est qualifié simplement de Segusianus, c’est-à-dire de Forézien, par Franchini, bibliographe des conventuels, Wadding et autres. Sbai aglia estime que cet auteur n'était pas conventuel, mais capucin ; il le conclut de ce qu’un de ses ouvrages est une défense de l’Apologie des capucins, parue sous le pseudonyme de Bonice Combasson, conventuel, dissimulant un nom de capucin. Nous estimons que l’orthographe d’Aleret et Daleret doit être remplacée par d’Allerey, qui est le nom d’un village du département de Saône-et -Loire, compris par conséquent dans la région dont Lyon était le cheflieu, à laquelle les géographes étrangers étendaient le nom de Forez. André d’Allerey a publié : Notse in universam Sacram Scripturam, 21n-f », Sion (en Valais), 1625.

P. Apollinaire.

4. ANDRÉ de Césarée, archevêque de la ville de ce nom, en Cappadoce, vivait vers la fin du ve siècle. Voir Rettig, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1831, p. 739. Quelques savants le placent cependant au VIe et même au 7111° ou IXe siècle. Il nous reste de lui un commentaire de l’Apocalypse (Migne, Patr. gr., t. cvi, col. 216-457) ; œuvre importante, non seulement parce qu’elle est l’explication la plus ancienne de ce livre qui soit parvenue jusqu'à nous dans son intégrité, mais aussi et surtout parce que les commentateurs ecclésiastiques qui sont venus après André, lui ont beaucoup emprunté. Il distingue dans l’Apocalypse le sens littéral ou historique, le sens tropologique et le sens anagogique. Il s’attache principalement à montrer l’accomplissement des prophéties de saint Jean ; mais il a soin de remarquer qu’on ne peut tout expliquer, parce qu’une partie des prédictions ne sont pas encore réalisées et ne se réaliseront que dans un avenir encore obscur. Voir R. Ceillier, Histoire des auteurs sacrés, t. xii, 1862, p. 426 ; Wetzer et Welte, Kirchen leocicon, 2e édit., t. i, col. 830.

5. ANDRÉ DE PÉROUSE, frère mineur, fut fait évoque