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ANAMÉLECH — ANAN BEN DAVID


une déesse Aa ou Malkitu, épouse du Soleil, souvent mentionnée dans les texles cunéiformes : Aa liirtum naramtaka hadis linimal.ûfirka, dans les Transact. of the Society of Biblical Archseology, t. viii, p. ii, p. 168 ; Ebabara sa Sippar ana Samsi u Aa belia eSsis ebus. The cun. Inscr. of Western Asia, t. i, pi. 65, c. ii, 1. 40-41, etc. Le terme non sémitique aa semble être l'équivalent du verbe sémitique malaku, et se décliner comme lui, ainsi que l’insinue, entre autres, l’exemple de VEpony mencanon, Delitzsch, Assyrische Lesest., 1878, p. 96, 1. 176. — Ceux qui identifient Anamélech avec l'épouse du Soleil peuvent encore alléguer en faveur de leur opinion les sacrifices humains mentionnés dans la Bible ; ils rappellent en effet le culte des divinités solaires en Chanaan, en Phénicie et à Carthage. Voir Molocii. Cette Aa-Malkit paraît avoir été une personnification féminine du soleil considéré comme principe de beauté, de grâce et de douceur, tandis que Samsou était le principe mâle, c’est-à-dire le principe de force, d'énergie, de chaleur brûlante ; il en résultait une dualité analogue à celle de Moloch-Baal en Phénicie, de Seket-Bast en Egypte, qui représentait également l’astre dans sa force et dans sa douceur.

Dans ces deux hypothèses, il faut regarder le mot biblique comme dépouillé de sa terminaison féminine, soit intentionnellement, soit accidentellement, par le fait des transcripteurs. Du reste, ce retranchement de la terminaison féminine se remarque encore dans d’autres mots passés de l’assyrien à l’hébreu : Idiklat(u), nom assyrien du Tigre, donne l’hébreu Hiddékel ; lehâmtu, l’abîme, devient l’hébreu tehôm, etc.

Dom Calmet, Comment, litl., ad loc., a cru pouvoir identifier avec la Lune l’Anamélech biblique. Mais celle-ci était considérée en Babylonie et en Assyrie comme un dieu, nommé Sin, indépendant du Soleil, Sam’su, dont il était l'égal et souvent même le supérieur ; d’ailleurs Sippar ne lui était pas consacrée.

Eb. Schrader croit enfin qu’Anamélech n’est autre que le dieu Anu, suivi de l'épithète maliku, prince ; il identifie même, dans Biehm, Handwbrterbuch des bibl. Alterlums, t. i, p. 61, cet Anou avec l’Oannès ou dieupoisson, qui apporta sur la terre les arts et les sciences, au dire deBérose. Mais cet Oannès est certainement Ea-han ou Ea-nunu, dieu de foeéan, de l’abîme et de la sagesse. Quant à Anou, c'était le dieu du ciel, comme Éa était le dieu de l’abîme, et Bel celui de la terre ; la croix, image des quatre régions, c’est-à-dire des quatre points cardinaux, paraît avoir été son emblème. À la vérité, il était adoré spécialement à Dir, qui portait le nom de « ville du dieu Anou », et qui était à quelques kilomètres seulement de Sippar. Fr. Homme], Die Semitischen Vôlker, t. i, p. 330 ; Zur allbabylonischen Chronologie, p. 43, dans le Zeitschrift fur Keilschriftforschung, i, et Separalabdruck. Cependant les holocaustes dont parle la Bible semblent indiquer plutôt dans Anamélech une divinité solaire ; de plus, les textes cunéiformes mentionnent toujours le culte de Samsou et d’Anounit comme caractérisant la ville de Sippar, tandis qu’ils ne disent jamais qu’Anou y ait été particulièrement honoré. On ne voit donc pas pourquoi les Sépharvaïtes auraient introduit en Samarie, comme divinité nationale, le dieu d’une localité étrangère. Cf. J. Seldenus, De dits syris, 1061, I, p. 328 ; il, p. 308, et passim pour les anciens ; parmi les modernes : Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 210 ; F. Lenormant, Les origines de l’histoire, t. ii, p. 7 ; Th. Pinches, Proceed. of the Society of Biblic. archxol., 3 novembre 1885, p. 27 ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 276 Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. v, p. 251 et 259 ; G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. ii, p. 10, t. i, p. 126-129 ; H. Sayee, Lectures on the origin of religion, Londres, 1887, p. 182-184 ; 176-179 ; F. Yigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 175. E. Panmer.

    1. ANAMIM##

ANAMIM (hébreu : 'Ânâmîm ; Septante : 'Èv£(j.£Tief|i, Gen., x, 13 ; 'Ai/xutii, I Par., i, 11), peuple égyptien, mentionné le second parmi les descendants de Mesraïm. Gen., x, 13 ; I Par., i, 11. Quelques-uns des anciens interprètes le plaçaient dans la basse Egypte : le pseudo-Jonathan, ou le Targum sur le Pentateuque, dans le nome Maréotique ; Rabbi Saadia, ou la version arabe, dans les environs d’Alexandrie. Les commentateurs modernes ont émis des hypothèses trop souvent basées sur des étymologies douteuses et des rapprochements chimériques. S. Bochart fait des Anamim une peuplade habitant la région du temple de Jupiter Ammon et la Nasamonite, Phaleg, Cæn, 1647, 1. IV, ch. xxx, p. 322 ; dom Calmet les assimile aux Garamantes, indigènes du centre de l’Afrique, Commentaire sur la Genèse, Paris, 1707, p. 266 ; Gesenius compare le grec 'EvEu.et ! 5 ! (i à benesiitc, nom d’une contrée citée par Champollion, Thésaurus linguse heb., p. 1052. Knobel et Bunsen combinent le même mot des Septante avec emliit, <c le nord, » et l’entendent des habitants du Delta. Cf. Crelier, La Sainte Bible, La Genèse, Paris, 1889, p. 131. L’opinion d’Ebers, un peu plus fondée que la précédente, est elle-même bien incertaine. D’après lui, le peuple dont nous parlons serait identique aux Aamû ou An-Aamû, pasteurs asiatiques établis sur le bras bucolique du Nil, Aeggpten und die Bûcher Mose’s, t. i, p. 98 et suiv.

Les principaux égyptologues français reconnaissent les Anamim dans les 'Anou. Cf. E. de Rougé, Recherches sur les monuments des six premières dynasties, dans les Mémoires de l’académie des Inscriptions, t. xxv, 1866, p. 228 et suiv. ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., Paris, 1886, p. 14 ; F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9° édit., Paris, 1881, t. i, p. 269. « Les Anamim, dit ce dernier, sont les 'Anou des monuments égyptiens, population qui apparaît, aux âges historiques, brisée en débris répandus un peu partout dans la vallée du Nil ; elle a laissé son nom aux villes d’Héliopolis (en égyptien 'An), Tentyris ou Dendérah (appelée aussi quelquefois 'An) et Hcrmonthis ÇAn-res, la 'An du sud) ; deux de ses rameaux gardèrent pendant un certain temps, après les autres, une vie propre, l’un dans une portion de la péninsule du Siuaï, l’autre dans la Nubie ; ce sont probablement les gens de ce dernier rameau, les 'Anou-Kens des inscriptions égyptiennes, que l’auteur du document ethnographique de la Genèse a eu en vue. » Il est probable que les Anou formèrent l’avantgarde des populations primitives qui vinrent se fixer en Egypte, et qu’ils eurent ensuite à supporter le poids des tribus venues après eux. Refoulés en grande partie vers le midi, ils habitaient, sous la douzième dynastie, dans le désert et au delà de la seconde cataracte, errant avec cent tribus aux noms étranges, toujours prêtes aux razzias, toujours battues et jamais soumises. Les Pharaons, comprenant combien il leur était nécessaire de réduire ces peuples, tandis qu’ils étaient encore indécis et flottants, tournèrent leurs armes contre eux, et, à force de persévérance, parvinrent à les dompter pour la plupart, à détruire ou à refouler vers le sud ceux qui s’obstinèrent à la lutte. Cf. Maspero, ouv. cité, p. 104-105. A. Lecendp.e.

1. ANAN (hébreu : 'Anân, « nuage ; « Septante : 'Hvâp.), un des chefs du peuple qui signèrent avec Néhémie le renouvellement de l’alliance. II Esdr., x, 26.

2. ANAN ben David, célèbre docteur juif qui vivait au vine siècle dans l'école rabbinique de Sora, en Babylonie. Écarté de la dignité de Gaon ou chef de cette école, à laquelle il aspirait, il fut blessé de cette exclusion. Aussi, par ressentiment contre ses collègues, et peut-être aussi entraîné par l’exemple des Chiites, qui, dans l’islamisme, se déclaraient alors les adversaires de la tradition, Anan secoua le joug de la hiérarchie rabbinique, et fonda, vers 700, la secte des Caraïtes. Comme les rabbins et leur mé-