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ANAGOGIQUE (SENS) — ANAMÉLECH


t. xxii, col. 681 ; In Amos, iv, 4, 5, t. xxv, col. -1027 ; S. Chrysostome, In Ps. xlvi, 1, t. lv, col. 208 ; Denys l’Aréopagite, De cœlesti hierarchia, i-ii, t. iii, col. 121 et 137, désignaient par ce nom le sens spirituel, qui toujours élève l’esprit des lecteurs vers des choses hautes et sublimes. Depuis le moyen âge, le sens anagogique n’est plus considéré que comme une espèce particulière du sens spirituel. Voir Spirituel (sens).

Les types anagogiques, pris dans la signification restreinte, sont peu nombreux dans l'Écriture. La plupart peuvent être rangés parmi les types allégoriques, et le plus souvent les saints Pères ne les en ont pas distingués. La ville de Jérusalem, capitale du royaume de Juda, représente anagogiquement le ciel, le royaume que Dieu a préparé aux élus pour l'éternité. Tobie, xiii, 21-22. Le sacerdoce de Melchisédech, Heb., vii, 24 et 25 ; viii, 1, et celui d’Aaron, Heb., viii, 4 et 5, figurent le sacerdoce éternel du Sauveur et son exercice au ciel. Le tabernacle et le temple dans lesquels s’offraient les sacrifices juifs étaient l’emblème du ciel, temple où le pontife éternel s’immole lui-même. Heb., XI, 2-25. L’idée la plus féconde en applications anagogiques est que les biens temporels, promis aux observateurs de la loi ancienne, étaient la figure des biens éternels réservés aux chrétiens. Les commentateurs se sont complus à la développer. Voir Patrizi, Inslilutio de interpretatione Bibliorum, Rome, 1876, n° s 289 et 290.

E. Mangenot.

    1. ANAGLYPHA##

ANAGLYPHA, mot grec (àvà-f^ u ? a) employé par saint Jérôme dans sa traduction du troisième livre des Rois, vi, 32 : « Sculpsit ( Salomon) in eis ( sur les portes en bois d’olivier du Saint des sainte) picturam cherubim, et palmarum species et anaglypha valde prominentia, » c’est-à-dire que Salomon fit sculpter sur les deux portes de l’entrée du Saint des saints des figures de chérubins et de palmes, et des bas-reliefs très saillants. Anaglypha vient du verbe grec-fXûîpw (d’où est aussi tiré notre mot français glyptique), « graver en creux ou en bosse, ciseler, sculpter, » et de âva, qui marque que la gravure est en relief et non en creux. Les anaglypha sont donc des sculptures en relief. Le texte hébreu porte : « Il fit représenter en relief (sur les portes) des figures de chérubins, de palmes et de fleurs épanouies. » Ce genre de travail était très connu des Phéniciens, comme des Égyptiens et des Chaldéo - Assyriens, qui faisaient un grand usage des bas-reliefs dans la décoration de leurs temples et de leurs palais. La représentation des sphinx en Egypte, des chérubins en Chaldée et en Assyrie, des plantes et des fleurs dans ces divers pays, étaient les motifs les plus communs de l’art national, en dehors des scènes où figuraient les personnages divins ou humains.

    1. ANAHARATH##

ANAHARATH (hébreu : 'AnâJiârât ; Septante : 'AvoeXtptQ), ville de la tribu d’Issachar, mentionnée entre Séon et Rabboth. Jos., xix, 19. Le manuscrit alexandrin portant 'PevctB et 'AppavÉO, certains auteurs en ont conclu que le nom était peut-être corrompu, et qu’il faudrait lire en hébreu 'Arhanat, en transposant le resch et le noun. On pourrait ainsi l’identifier avec celui d’Arânéh, petit village situé au nord de Djenin, au pied du mont Gelboé. Cf. C. F. Keil, Biblischer Commentar ûber das Alte Testament, Josua, Leipzig, 1874, p. 154. Ce qui nous empêche d’admettre cette opinion, c’est que la paraphrase chaldaïque, la Vulgate, la version arabe, sans compter les autres manuscrits des Septante, rendent le mot de la même manière, et que, de plus, nous le trouvons reproduit sur les monuments égyptiens avec la même exactitude. Il est, en effet, dans les listes géographiques de Tothmès III, sur les pylônes de Karnak, n° 52 ; et la transcription est aussi parfaite que possible, sans changement ou retranchement d’aucune lettre, comme on peut s’en convaincre en comparant les caractères égyptiens et

hébraïques : l^fc^V ^ *' Anûbertû (dans

deux exemplaires, ' Anûherû), mnas*. Cf. A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 29. M. E. de Rougé avait, dès le principe, reconnu là une « de ces transcriptions… rigoureusement conformes aux règles très logiques que les hiérogrammates avaient su se tracer et qui sont fondées sur une grande connaissance des deux idiomes ». Étude sur divers monuments du règne de Toutmès III, dans la Revue archéologique, novembre 1861, p. 364. M. Maspero déclare que ce nom « a un équivalent certain dans l’onomastique de la Bible ». Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmos III, qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, 1886, p. 10.

Les explorateurs anglais proposent d’identifier Anaharath avec En-Na 'ourah, localité située à la partie septentrionale du Djebel Dahy ou Petit-Hermon. Cf. G. Armstrong, "Wilson et Conder, Narnes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 10. Cet emplacement, sans être certain, convient assez bien à la cité biblique, séparée seulement par deux noms de Sunem (Soulem), Jos., xix, 18, et mentionnée, dans les listes de Karnak, entre Schémesch-Adouma (peut-être Édema, Jos., XIX, 36, aujourd’hui Khirbet Admah) et Apourou = Apoulou (Fouléh, El-Afouléh ?). Cf. Maspero, ouv. cité, p. 10, 11. M. Guérin, qui a visité En-Na’ourah, n’a rien relevé de remarquable dans ce village, autrefois considérable, réduit aujourd’hui à l'état de simple hameau. Cf. Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 124. Voir la carte de la

tribu d’IssACHAR.

A. Legendre.
    1. ANAÏA##

ANAÏA (hébreu : 'Ànâyâh, « Jéhovah exauce ; » Septante : 'Avaia, 'Avctviaç), un des chefs du peuple qui signèrent avec Néhémie le renouvellement de l’alliance. II Esdr., x, 22. Peut-être est-il le même que celui qui se tenait au côté d’Esdras dans la lecture solennelle de la loi au peuple, et que la Vulgate appelle Ania. II Esdr., viii, 4.

    1. ANAMÉLECH##

ANAMÉLECH (hébreu : 'Ânammélék ; Septante : 'Avr]|AeXéx J textes cunéiformes : Anunitu - malkitu, et, suivant d’autres : Anu-malku ou Anu-malik), idole dont les Sépharvaïtes, IV Reg., xvii, 29-41, introduisirent et perpétuèrent le culte, conjointement avec celui d’Adramélech, dans la Samarie où les avait transplantés Sargon, roi d’Assyrie, après la destruction du royaume d’Israël et la prise de sa capitale. On lui offrait des enfants en holocauste. Les anciens et les rabbins disent qu’on le représentait sous la forme d’un cheval, d’un paon, d’un faisan, etc., mais sans aucune preuve, et probablement par le seul désir de tourner en dérision le culte samaritain, à peu près comme Apion accusait les Juifs d’adorer une tête d'âne. L’une des deux portions de Sippar, la Sépharvaïm biblique, patrie de ces néo-Samaritains, était particulièrement consacrée à cette déesse Anounit ; les textes cunéiformes la mentionnent fréquemment sous le nom de Sippar Sa Anunitu, Sippar d' Anounit, à côté de Sippar sa Samsu, la Sippar du soleil, The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi 65, 1.18, 196. Malkitu serait une épithète empruntée au verbe malaku, « être prince, » laquelle est donnée à plusieurs divinités assyrobabyloniennes, The cun. Inscr. of Western Asia, t. iv, pi. 56, 1. 36 b. Anounit joue un rôle à la fois effacé, mal défini, et multiple, comme presque toutes les divinités féminines mésopotamiennes. Plusieurs textes semblent la confondre avec la déesse Istar ou Vénus, The cun. Inscr. of Western Asia, t. iii, pi. 53, 1. 34 b ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. v, p. 257 ; du reste, au point de vue étymologique, ce nom signifie simplement déesse ; il a donc pu être porté par plusieurs divinités différentes, H. Sayce, Lectures on the origin and growth ofthe religion, p. 261, 273 et 306.

C’est ce qui a engagé plusieurs assyriologues, notamment S. H. Rawiinson, à voir dans l’Anamélech biblique