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ANA — ANAGOGIQUE (SENS)


La contrée où Ana menait paître ses ânes possède encore un certain nombre de sources chaudes, en particulier celles de Callirrhoé, celles de l’ouadi el-Ahsa, et celles de l’ouadi Hamad. Les ânes furent-ils pour quelque chose dans cette découverte ? est-ce pour cela que cette circonstance est mentionnée ici ? Peut-être. On sait que la source thermale de Karlsbad fut trouvée par le fait d’un chien de chasse qui, tombé en poursuivant un cerf, attira par ses cris l’attention sur la nature des eaux de cette source.

E. Levbsque.

3. ANA (hébreu : Hêna' ; Septante : 'Avi), ville conquise par les Assyriens et mentionnée comme telle, à côté de Sépharvaim et d’Ava, dans la proclamation du Rabsacès aux envoyés d'Ézéchias et aux habitants de Jérusalem. IV Reg., xviii, 34 ; xix, 13 ; Is., xxxvii, 13. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 165, et Eb. Schrader, Schrader -Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 8, en parlent comme d’une localité de site inconnu ; mais dans Riehm, Handwôrterbuch des bibl. Altertums, 1. 1, p. 594, le même Eb. Schrader croit devoir la placer en Babylonie, parce que le texte sacré la mentionne à côté de Sépharvaim, et en conséquence l’identifierait volontiers avec l’Anat ou 1' 'Anah actuelle, située sur la rive droite et aussi en partie sur une île de l’Euphrate, entre Hit et Rakka, à quatre journées de marche au nord-ouest de Bagdad. Cette identification avait déjà été proposée par d’anciens commentateurs, notamment par dom Calmet, Comment, litt., in IV Reg., xviii, 34, lequel ne décide cependant pas si Ana est un nom de ville ou un nom d’idole ; mais, outre que ^es Sépharvaïtes n’avaient point d’idole de ce nom, le contexte de ces passages, comparé à IV Reg., xvil, 31 (où les Hévéens sont les habitants d’Ava), marque bien qu’il s’agit d’une localité. G. Rawlinson, dans The five great Monarchies, t. ii, p. 485, et dans Smith’s Dictionary of the Bible, t. i, p. 786, soutient aussi cette identification. L’Anah ou Anat moderne, l’Anatho des classiques ( t ou tho n'étant que la terminaison féminine) n’occupe plus qu’une longue bande sur la rive droite du fleuve : c’est une ville de quatre mille habitants, très fréquentée des caravanes, et près de laquelle on remarque des ruines anciennes. Elle paraît déjà mentionnée, sous la forme An-at, dans les annales du roi d’Assyrie AëSour-nasir-apal, mais comme indépendante de l’empire assyrien : « ir Anat ina kabal nahar Puratti, la ville d’Anat au milieu de l’Euphrate. » The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 23, co. iii, 1. 15 et 16. Les textes cunéiformes actuellement connus ne mentionnent d’ailleurs pas la prise de cette ville, et le passage d’ASsournasir-apal est lui - même antérieur de plus d’un siècle et demi au siège de Jérusalem et au discours du Rabsacès. Enfin Fr. Delitzsch, Wo lag das paradies, p. 279, tout en rapprochant aussi l’Anat des inscriptions de l’Ana biblique, la distingue cependant de l’Anah actuelle, et la place notablement plus au nord, mais sans raison bien décisive ; ce qui fait qu’il n’est guère suivi par les autres assyriologues, lesquels reconnaissent d’ailleurs que la forme hébraïque, commençant par un hé, s'éloigne moins de la forme assyrienne que le mot arabe actuel, qui commence par un 'aïn. Voir Isidore de Charax, Mansiones parthiese, dans Muller, Geographi grseci minores, édit. Didot, 1. 1, p. 249 et note, avec la carte ix, Ibid., Tabulée in geogr. gr. min. pars prima ; A. Layard, Discoveries in Ninive and Babylon, 1853, p. 355 ; Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 142, note ; E. Reclus, Nouvelle Géographie universelle, t. IX, p. 450 et 460.

E. Pannier.

ANAAS. Voir Senaa.

ANAB (hébreu : 'Anâb ; Septante : 'Ava6<48, Jos., M, 21 ; 'Avûv, Jos., XV, 50), ville appartenant au district montagneux de la tribu de Juda, Jos., xv, 50, occupée primitivement par les Énacim, qui furent exterminés par

Josué. Jos., xi, 21. Eusèbe ei saint Jérôme nous disent qu’elle existait encore de leur temps « sur les confins d’Eleuthéropolis » (aujourd’hui Beit-Djibrin), Onomasticon, Goettingue, 1870, p. 93, 221. Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856, 1. 1, p. 494, signale un village de même nom, mais à une certaine distance au sud-est de Beit-Djibrin et au sud-ouest d’Hébron. M. V. Guérin en décrit deux situés dans cette même contrée et tout près l’un de l’autre. Le premier s’appelle Khirbet 'Anab es-Serhir, c’est-à-dire « ruines d’Anab la Petite ». « Des centaines de maisons renversées, en pierres de taille pour la plupart, couvrent le sommet et les pentes d’une colline. Quelques constructions plus étendues, et bâties avec de gros blocs, les uns aplanis, les autres relevés en bossage, semblent avoir été des édifices publics. De distance en distance, on rencontre des citernes et des magasins souterrains creusés dans le roc. » V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 362.

Le second, placé un peu au sud-ouest du premier, s’appelle Khirbet 'Anab el-Kebir, ou « ruines d’Anab la Grande », et ces ruines sont très étendues. « La ville dont ce Khirbet offre les débris s'élevait sur deux collines, l’une occidentale, l’autre orientale, séparées par une vallée qui est aujourd’hui livrée à la culture, et qui paraît avoir été aussi jadis couverte d’habitations. En parcourant l’emplacement que cette ville occupait, on heurte à chaque pas les arasements de maisons bouleversées de fond en comble, qui renfermaient pour la plupart un hypogée pratiqué dans le roc. Il y a de nombreuses citernes ; les unes sont obstruées par des décombres, les autres sont encore pleines d’eau. » V. Guérin, ouv. cité, p. 365. Sur la colline occidentale, on remarque une mosquée presque entièrement construite avec des blocs antiques, dont quelques-uns sont taillés en bossage. Sur celle de l’est se trouvent les traces d’une église chrétienne, et les vestiges considérables d’un vaste édifice qui paraît avoir eu une destination militaire ; il était bâti en pierres de taille très régulièrement agencées. « La Bible, il est vrai, ajoute M. Guérin, loc. cit., ne mentionne, dans le massif montagneux de Juda, qu’une seule ville appelée 'Anab ; mais les deux Khirbet connus sous ce nom, et distingués uniquement l’un de l’autre par les épithètes de petit ou de grand, prouvent que dans l’antiquité il y avait deux villes ainsi désignées, qui pouvaient être différenciées entre elles par quelque surnom analogue. » N’en pourrait-on pas trouver comme un souvenir dans T’AvaêiiO des Septante, qui semblent avoir lu le pluriel du féminin 'Anabah, employé dans le Talmud ? Quoi qu’il en soit, l’emplacement de l’une ou de l’autre de ces localités convient parfaitement à l’antique cité biblique, mentionnée avec Hébron et Dabir (Dhaberiéh ou Khirbet Dïlbéh), Jos., xi, 21, et placée dans le voisinage d’Istemo (Semoua) et d’Anim (Rhoueïn). Jos., xv, 50. L’arabe 'Anab, « raisin, » avec aïn initial, correspond aussi exactement à l’hébreu, tant au point de vue du nom qu’au point de vue de la signification. Voir la carte

de la tribu de Juda.

A. Legendre.
    1. ANAËL##

ANAËL (Septante : 'Avec » ! *), frère de Tobie selon les Septante. Tob., i, 21.

    1. ANAGOGIQUE##

ANAGOGIQUE (SENS). Le sens anagogique est un sens spirituel de l'écriture, fondé sur un type ou un objet figuratif du ciel et de la vie éternelle. « Anagogia, quasi sursum ductio, quando per unum factum intelligendum est aliud, quod desiderandum est, scilicet seterna félicitas beatorum. » S. Bonaventure, Breviloquium, proozm., § 5. De sa nature, l’anagogie est propre à tous les passages de l'Écriture qui, suivant la lettre ou l’esprit, traitent du ciel et des biens éternels. Dans le langage ecclésiastique, elle est restreinte aux sens spirituels qui ont cet objet. Quelques Pères, Origène, De principiis, iv, 21, t. xi, col. 387 ; In Matth., x, 14, t. xiii, col. 868 ; S. Jérôme, Epist. lxxiii, 9,