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AMULETTE — ANA


sainte, malgré la révélation mosaïque. Les reproches des prophètes font souvent allusion aux sorciers et aux devins auxquels le peuple a recours ; par exemple, Is., viii, 19 ; Ezech., xiii, 9. Il n’est pas étonnant de trouver dès lors des amulettes figurant, comme chez les nations païennes, parmi les objets de toilette (fig. 130). Déjà Jacob, revenant de la Mésopotamie, dut enlever à ses gens, avec les idoles des faux dieux, des pendants d’oreilles auxquels on devait attacher quelque vertu occulte. Gen., xxxv, 4. Cet ancien récit vaut autant que le texte de loi le plus formel, pour montrer combien la religion des patriarches réprouvait ces pratiques superstitieuses. Les pendants d’oreilles servaient si généralement d’amulettes, que leur nom en araméen, qedaSaya, signifie « choses sacrées ». Parmi les vingt et un objets qu’Isaïe, iii, 18-23, distingue dans la toilette des femmes de Jérusalem, il en est deux qui devaient être des amulettes ; c’est ce que nous indique : 1° la forme du premier, ꝟ. 18, sahârônim, des lunes ou croissants lunaires (Vulgate : lunules). Les Madianites suspendaient aussi, comme amulettes, des sahârônim au cou de leurs chameaux. Jud., viii, 21. La Vulgate traduit ici doublement : ornamenta ac bullas. %< Le nom du second, ꝟ. 20, lehasim, qui doit être traduit par amulettes ou talismans (Vulgate : inaures, d’après les Septante ; Targum, qedasaya). Le mot lahaS a plusieurs fois le sens d’incantation ; au pluriel et figurant parmi des objets de toilette, il ne peut s’appliquer qu'à des amulettes. Mais le nom ne nous indique pas en quoi ces objets consistaient, si c'était une plaque de métal ou une pierre avec inscription, ou bien un sachet d'étoffe renfermant quelque plante ou racine aux vertus mystérieuses. — Les bijoux dont parle Osée, ii, 13 (hébreu, 15), et dont on se revêtait « aux jours des Baalim », pouvaient aussi avoir quelque chose de suspect. — Les totafôt ou fefillin, c’est-à-dire ces petites poches de cuir qui contenaient des passages de la loi, écrits sur du parchemin, et qui plus tard portèrent le nom de « phylactères », Matth., xxiii, 5, n'étaient pas à l’origine des amulettes ; ils n'étaient pas destinés à servir de protection contre les maléfices ou les démons ; mais, comme l’indique expressément la loi, ils devaient rappeler sans cesse au fidèle les préceptes de Dieu, Exod., xiii, 9, 16 ; Deut., vi, 8 ; xi, 18 ; c'était pour lui un signe, un monument, en prenant ce mot dans son sens étymologique : 'ot, zikkarôn. Plus tard les Juifs attachèrent aux {efillin des vertus prophylactiques et en firent de véritables amulettes, comme le montre le Targum du Cantique des Cantiques, viii, 3. — Voir Hùbner, Amuletorum historia, Halle, 1710 ; Emele, Ueber Amulete, Mayence, 1827. J. Thomas.

    1. AMYRAUT Moïse##

AMYRAUT Moïse, théologien et exégète protestant, né à Bourgueil, dans la Touraine, en 1596, étudia la théologie dans l’académie protestante de Saumur. Après avoir suivi les leçons de Caméron, il fut nommé pasteur de l'Église réformée de cette ville (1626), recteur de l’académie, et en même temps fut chargé de professer la théologie ; mais il n’entra en fonctions qu’après les épreuves nécessaires d’un concours public ( 1633). Il occupa ce poste jusqu'à sa mort (1664) et s’acquit une grande réputation parmi ses coreligionnaires ; il parlait et écrivait très bien le latin et le français. Ses œuvres exégétiques sont nombreuses et non sans valeur, surtout le commentaire sur les Psaumes, très estimé de Michælis. Paraphrases sur l'Épître aux Romains, in-8°, Saumur, 1644 ; — sur l'Épître aux Galates, in-8°, Saumur, 1645 ; Observations sur les Épitres aux Colossiens et aux Thessaloniciens, in-8°, Saumur, 1645 et 1665 ; Considérations sur l'Épître aux Éphésiens, in-8°, Saumur, 1645 ; Paraphrases sur l'Épître aux Hébrieux (sic), in-8°, Saumur, 1644-1645 ; aux Hébreux, 1646 ; Paraphrases sur l'Épître aux Philippiens, in-8°, Saumur, 1646 ; — sur les Épitres catholiques de saints Jacques, Pierre, Jean etJude, in-8°, Saumur, 1646 ; Considerationes in cap. vu Epist. D. Pauli ad Roma nos, in-12, Saumur, 1648 ; Paraphrases sur les Épitres aux Corinthiens, in-8°, Saumur, 1649 ; — sur l'Évangile de saint Jean, in-8°, Saumur, 1651 ; — sur les Actes, in ; 8°, Saumur, 1654 ; Exposition des chap. vi et vu de l'Épître de saint Paul aux Romains et du chap. xv de la I" Épître aux Corinthiens, in-12, Charenton, 1659 ; Paraphrasis in Psalmos Davidis cum annotationibus, in-4°, Saumur, 1662, dédié à Charles II d’Angleterre ; Altéra editio emendatior et auctior nova preefatione, Utrecht, 1769 ; Discours sur les songes divins dont il est parlé dans l'Écriture, in-12, Saumur, 1659 ; il a été traduit en anglais par Lowde, in-8°, Londres, 1676. Son exégèse, surtout dans les Psaumes, suit assez bien le sens littéral, sans négliger le sens spirituel. Ses ouvrages sont devenus rares. Cf. Registres de l’académie protestante de Saumur, manuscrit de l’hôpital de Saumur ; Haag, France protestante, t. i, p. 72 ; Edm. Saigey, Moyse Amyraut, sa vie et son temps, in-8°, Strasbourg, 1849 ; Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, au mot Amyraut.

E. Levesque. AN. Voir Année.

ANA. Hébreu : 'Ânâh, « . (Dieu) exauce ; Septante : 'Avi. »

1. ANA, quatrième fils de Séir l’Horréen et l’un des allouphs du pays d’Idumée, avant Ésaù. Il eut pour fils Dison et pour fille Oolibama. Gen., xxxvi, 20, 25 ; I Par., i, 38, 40.

2. ANA, deuxième fils de Sébéon (le troisième fils de Séir) et neveu d’Ana 1. Gen., xxxvi, 24 et 29 ; I Par., i, 40. Il semble qu’aux versets 2 et 14, Gen., xxxvi, on dise qu’Ana était fille de Sébéon. Mais dans ce texte : « Oolibama, fille d’Ana, fille de Sébéon, épouse d'Ésaù, » l’apposition « fille de Sébéon » se rapporte non à Ana, mais à Oolibama, comme l’apposition suivante : « épouse d'Ésaû. » L’expression « fille de Sébéon » serait, ainsi qu’il arrive souvent, pour celle-ci : « petite-fille de Sébéon ». Pour résoudre la difficulté, d’autres critiques préfèrent admettre une faute dans le texte massorétique, ria, bat, « fille ; » pour p, bên, « fils, » et suivent le texte des Septante et le Samaritain. Aucun manuscrit hébreu ne portant la variante bên, « fils, » il est probable que le copiste samaritain et le traducteur grec ont cru trop facilement à une erreur, et se sont permis de changer le texte, en mettant le masculin à la place du féminin. La Vulgate a aussi mal rendu le ꝟ. 25, par suite de la ressemblance des noms : Habuitque (Ana, fils de Sébéon) fdium Dison et filiam Oolibama. D’après le texte hébreu et toutes les autres versions, comme d’après le contexte, il s’agit, dans ce ꝟ. 25, du premier Ana, fils de Séir. Hébreu : « Et voici les fils d’Ana : Dison…, etc. » Les enfants du quatrième fils de Séir viennent ici à leur rang ; s’ils n'étaient pas désignés à cette place, ils seraient complètement passés sous silence dans l'énumération régulière qui est faite des descendants des sept fils de Séir. Du reste, le texte de I Par., i, 38, dans la Vulgate même, confirme, cette interprétation. — Un trait particulier est ajouté, dans cette table généalogique des Horréens au nom de notre Ana, fils de Sébéon. « C’est cet Ana qui trouva des sources thermales dans le désert, pendant qu’il menait paître les ânes de Sébéon, son père. » Gen., xxxvi, 24. Le mot yêmïm, que la Vulgate, le syriaque et l’arabe, ont bien rendu par « sources chaudes », a été quelquefois, mais sans fondement, traduit par « géants » ou par « mules ». D’après Hengstenberg et Keil, ce serait cette découverte qui aurait tait donner à cet Ana le surnom de Beéri, c’est - à - dire sourcier, de beêr, « source. » Gen., xxvi, 34. Dans cette hypothèse ingénieuse, Oolibama, femme d’Esaù, ne serait pas la fille du premier Ana, mais la fille de son neveu. Le second Ana a pu donner à sa fille le nom de sa cousine, fille de son oncle Ana,