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AMRI — AMSI


Thebni ©âjiavo ; .) C'était la quatrième révolution politique depuis Jéroboam, ce qui montre combien il y avait peu d’unité, et par conséquent de force en Israël.

Amri, devenu seul maître, chercha à affermir son autorité en lui donnant du prestige. Pour cela il voulut avoir une grande capitale, résidence fixe et incontestée de la majesté royale, qui fût dans ce royaume ce qu'était Jérusalem en Juda. Agrandir et embellir Thersa, après y avoir fait rebâtir le palais incendié, lui parut moins glorieux que de fonder une ville nouvelle ; et d’ailleurs la facilité avec laquelle Thersa avait succombé à ses attaques la lui rendait suspecte. Il jeta les yeux sur une colline située à trente-cinq kilomètres environ à l’est de Thersa, au nordouest et près de Sichem, dans une position stratégique très forte et dans un site d’une grande beauté. Voir Samarie. Ce terrain appartenait à un riche Israélite nommé Somer (hébreu : Semer, I (III) Reg., xvi, 24), auquel Amri l’acheta pour deux talents d’argent, III Reg., xvi, 24, environ dixsept mille francs de notre monnaie. Il y fit bâtir une ville magnifique, « la couronne d'Éphraïm, » Is., xxviii, 1, vraie rivale de Jérusalem et d’une défense plus facile, qu’il appela Sômrôn (Samarie), du nom de l’ancien propriétaire de ce terrain. C'était là une œuvre de haute sagesse, car cette capitale devint bientôt pour Israël un centre, et, par suite, une source de cohésion et d’unité politique. Cette fondation illustra à jamais le nom d’Amri.

Malheureusement ce nom devint en même temps tristement célèbre par les impiétés du roi d’Israël. Amri marcha « dans les voies de Jéroboam, fils de Nabat, et dans tous les péchés par lesquels il avait fait pécher Israël », III Reg., xvi, 26, à ce point que « ses crimes » dépassèrent tous ceux de ses prédécesseurs, jt. 26, ce qui ne peut s’entendre que des réformes sacrilèges qu’il introduisit dans le culte divin, réformes qui furent un acheminement au culte idolâtrique de Baal, officiellement établi sous le règne de son fils, III Reg., xvi, 31-32, et si ardemment propagé par « sa fille », IV Reg., viii, 26, c’està-dire sa petite-fille, IV Reg., viii, 18, Athalie, dans le royaume de Juda. IV Reg., viii, 26 ; II Par., xxii, 2. Le prophète Michée rend le même témoignage quand il assimile les « préceptes d’Amri » avec les « œuvres de la maison d’Achab ». Mien., vi, 16.

Le règne d’Amri ne fut pas plus glorieux au point de vue militaire, car la Bible nous apprend incidemment qu’il soutint une guerre malheureuse contre le père de Bénadad II, roi de Syrie, III Reg., xx, 34, qui avait sans doute profité de l’anarchie pendant la compétition d’Amri et de Thebni pour envahir les cantons-frontières. Le traité de paix qui fut la conclusion de cette guerre fit perdre à Amri plusieurs villes de son royaume, entre autres Ramoth de Galaad, III Reg., xxii, 3 ; cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, xv, et concéda aux Syriens le droit de posséder dans Samarie un quartier spécial, sans doute pour l'établissement et le fonctionnement libre de leurs bazars, ce qui montre qu'à cette époque le commerce de la capitale d’Jsraël était prospère, et fournissait à celui de la Syrie un important débouché. III Reg., xx, 34. Malgré ses échecs, il est possible qu’Amri se soit toujours comporté vaillamment ; car ses « combats » dont parle la Vulgate, III Reg., xvi, 27, sont appelés dans l’hébreu « actions d'éclat », gebûràh, cf. I (III) Reg., xv, 23 ; xxii, 46, ce qui n’est pas surprenant, si l’on se rappelle les qualités dont il avait fait preuve dans le commandement des troupes d'Éla. On peut d’ailleurs penser que ces « actions d'éclat » se révélèrent en face d’autres ennemis que les Syriens, par exemple en face des Moabites, qui, d’après l’inscription de la stèle de Mésa, furent vaincus par lui : « Amri, roi d’Israël, opprima Moab des jours nombreux ; » et plus loin : « Amri s’empara de la terre de Médéba (ville forte en Moab) et l’occupa durant ses jours et ceux de son fils, quarante ans, » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 1889, t. iv, p. 60-61, victoires qui aboutirent à un lourd tribut en laine et en bétail, imposé par Amri aux Moabites.

IV Reg., iii, 4-5. En même temps et pour compenser l'état de vassalité où l’avaient réduit les Syriens, Amri, avec un rare savoir-faire, évita toute difficulté avec Juda, l’ennemi-né d’Israël, et arriva à se créer une alliance précieuse en faisant épouser à son fils Achab Jézabel, fille du roi de Tyr Ethbaal. III Reg., xvi, 31. Sous son règne, Israël et Juda, jusqu’alors ennemis, s’allièrent étroitement, nouvelle preuve de l’habileté politique d’Amri. Malheureusement cette union contraire à la loi de Dieu ne devait aboutir qu'à un redoublement d’idolâtrie et au culte de Baal, la grande divinité des Phéniciens. Jud., m, 11-13.

Ces guerres, ces relations, jointes à la fondation de Samarie, acquirent à Amri une grande renommée, dont on trouve la trace dans les inscriptions cunéiformes des rois d’Assyrie. Celle de l’obélisque de Salmanasar à Nimroud, et celle qui recouvre les taureaux du palais de ce roi, lui rapportent comme à l’ancêtre par excellence et au fondateur de la grande dynastie d’Israël, le dixième roi Jéhu, qui est appelé « fils de lîumri (Amri) », bien qu’en réalité, loin d'être le descendant d’Amri, il ait été, au contraire, l’ennemi de sa race et le destructeur de sa dynastie. IV Reg., x, 6-7. A. Layard, Inscriptions in the cuneiform character, Londres, 1851, pi. 98 ; Western Asiatic Inscriptions, t. iii, pi. 5, n° 6 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 97, 104, 116 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 1889, t. IV, p. 73. Dans les inscriptions du palais de Binnirar ou Rammannirar III, le royaume d’Israël est appelé « le pays d’Amri », mat lîumri, et dans celles des palais de Téglathphalasar II et de Sargon il est nommé « le pays de la maison d’Amri », mat bit-IJ.um.ri ( Ifumri, forme assyrienne du nom d’Amri, obtenue par le changement de l’ai » en heth). E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 91, 145 ; Keilinschriften und Getchitsforschnung, %'K, p. 5, 207 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 127, 149, 159, 163 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit, t. iv, p. 73, 114.

Amri mourut à Samarie, après avoir régné douze ans, ou, plus exactement, onze ans et quelques mois, depuis la mort de Zambri, qui arriva la vingt-septième année du règne d’Asa, III Reg., xvi, 16, jusqu'à la trente-huitième année du même règne. III Reg., xvi, 29. S’il est dit dans le même chapitre, ꝟ. 26, qu’Amri commença à régner la trente et unième année du règne d’Asa, on peut l’entendre en ce sens qu'à partir de cette époque seulement il fut roi incontesté sur tout Israël. Amri reçut la sépulture dans sa capitale, et eut pour successeur son fils Achab. III Reg., xvi, 28-29. Ce prince, doué de précieuses qualités et d’un grand caractère, eût été le plus illustre des rois d’Israël, s’il n’avait oublié que la vraie grandeur d’un roi, surtout d’un roi théocratique comme il l'était, est inséparable de la fidélité au service de Dieu. P. Renard.

2. AMRI (Septante : 'Au-aptâ), un des fils de Béchor, le fils de Benjamin. I Par., vii, 8.

3. AMRI (Septante : 'A[ipi), fils d’Omraï et père d’Ammiud, de la tribu de Juda et de la descendance de Phares.

I Par., ix, 4.

4. AMRI (Septante : 'A(j.gpî), fils de Michæl et chef de la tribu d’Issachar, sous le règne de David. I Par., xxvii, 18.

5. AMRI (hébreu : 'Irnri, « éloquent ; » Septante : 'Ajjiaîî), père de Zachur, qui au temps d’Esdras contribua à la reconstruction des murs de Jérusalem. II Esdr., iii, 2.

AMSI (hébreu : 'Amsî, abréviation de : 'Amasyâh, « Jéhovah fortifie ; » Septante : 'Apaai), prêtre, fils de Zacharie, servait dans le temple au temps de Néhémie,

II Esdr., xi, 12.