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AMRAPHEL — AMRI


roi de Sennaar, l’un des trois tributaires de Chodorlahomor, roi d'Élam, qui vinrent avec leur suzerain pour rétablir le joug des Élamites sur la Palestine et les régions avoisinantes. Gen., xiv, 1-7. N’ayant eu d’abord affaire qu'à des adversaires isolés, ils les défirent successivement, les Raphaïm à Astaroth-Carnaïm, les Zuzim à Ham (ou bien « avec ceux-là, » comme traduisent les Septante, le Syriaque et la Vulgate, suivant une leçon hébraïque légèrement différente de la nôtre, bâhém pour behâm), les Émim à Savé - Cariathaïm, les Chorréens dans les montagnes de Séir, pour terminer par les Amalécites et les Amorrhéens. Dans l’intervalle, les rois de la Pentapole, — Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Ségor-Bala, — se coalisèrent, rassemblèrent leurs troupes contre les quatre envahisseurs, mais furent battus et mis en fuite à la rencontre qui eut lieu dans la vallée de Siddim (ou Sylvestris, suivant la Vulgate). Les Élamites et leurs alliés pillèrent donc Sodome et Gomorrhe, et emmenèrent une partie des habitants en esclavage. Lot, se trouvant au nombre des captifs, attira Abraham, son oncle, sur la trace des envahisseurs, qui furent surpris la nuit à Dan, sans doute l’ancienne Laïs, près des sources du Jourdain, et à leur tour battus, dépouillés et poursuivis jusqu'à Hoba, un peu au nord de Damas.

Cet itinéraire des fuyards n’a rien d'étonnant quand on sait que la route de Palestine en Élam et au Sennaar, au lieu d’aller directement de l’ouest à l’est, doit faire un détour considérable vers le nord, pour éviter le désert, et atteindre l’Euphrate à l’endroit où il devient guéable.

Jusqu'à l'époque des découvertes assyriologiques, les rationalistes ont considéré ces événements comme plus ou moins fabuleux : Knobel, Die Genesis, ad iocton/Bohlen, Die Gen. uebers. mit. Anmerk., ad locum ; Hitzig, Geschichte Isræls, p. 25, 44, etc. ; Nôldeke, Unters. zur Kritik des Alt. Test., p. 156, etc. Grotefend n’y voit même qu’un mythe solaire où Amraphel représente le printemps et Arioch l'été. Zeitschrift der deutschen morgenlàndischen Gesellschaft, 1854, t. viii, p. 800, 801. Mais les inscriptions cunéiformes ont démontré le caractère absolument historique de cette extension de la puissance des Élamites sous leurs rois dits Koudourides, plus de deux mille ans avant J.-C. ; de la sorte, les rationalistes reconnaissent qu’il devient dangereux de toucher au moindre détail de ce chapitre de la Genèse, même dans les passages dont les monuments n’ont pas encore fourni la confirmation explicite. Voir Chodorlahomor.

D’après l’hébreu et les Septante, Amraphel paraît être le principal des tributaires de Chodorlahomor, bimê 'Amràfel, év-r/j 3a<riXeîa vi, 'A(jiap : pâX ; les Targums d’Onkelos et de Jérusalem, suivis de plusieurs anciens, en font un roi de Babylone. Fr. Hommel, Bab.-Assyrische Geschichte, p. 169, a repris cette idée, et croit retrouver le nom d’Amraphel dans celui de Sin-muballit, qu’il estime pouvoir lire Amar-(inu)-battit, à cause de la polyphonie du premier groupe cunéiforme de ce nom propre. Ce prince régna à Babylone ( 2337 ? -2307 ?) ; mais aucune inscription historique ne permet de lui attribuer des conquêtes en Palestine, et de plus la lecture Amar-muballit, au lieu de Sin-muballit, est purement hypothétique.

Eb. Schrader l’identifierait plus volontiers avec ffammura-bi ( ou-gas), successeur du précédent (2307? -2252?) ; la différence dans la finale des deux noms reposerait sur une faute de transcription, en soi très possible. Mais aucune inscription ne lui attribue non plus de campagne en Palestine ; les textes cunéiformes nous le représentent même comme en guerre avec les Koudourides ; ce fut lui qui les expulsa de Mésopotamie, en mettant fin au royaume élamite de Rim-Aku à Larsa (dans la Vulgate : Arioch rex Ponti ; suivant l’hébreu et les Septante : Arioch rex Elasar). Comme son règne dura cinquante-cinq ans, Schrader peut conjecturer qu’il a commencé par être l’allié d' Arioch et de Chodorlahomor pour l’invasion de la Palestine, sauf à devenir leur ennemi après leur commun échec ; mais

cette hypothèse n’a pas trouvé encore un mot de confirmation dans les inscriptions d’Hammurabi.

Reste donc à supposer qu’Amraphel régna, non pas à Babylone, puisque nous possédons la liste complète de9 rois babyloniens de cette époque, mais dans la portion méridionale de la Chaldée, le pays de Sennaar ou Sumêr proprement dit des textes cunéiformes. C’est là, en effet, que les Koudourides exercèrent principalement leur influence, et qu’ils fondèrent leur royaume de Larsa. — Quant au nom même d’Amraphel, il paraît appartenir à l’idiome sémitique de la Chaldée ; on pourrait y reconnaître la forme primitive Amar-abal, avec le sens de « chef (est mon) fils », ou bien « (j’ai) vu un fils » ; mais aucune étymologie ne pourra être proposée comme indiscutable qu’après qu’on aura relevé avec certitude le nom de ce prince dans les inscriptions. Voir, outre les anciens commentaires, A. Dillmann, Die Genesis, 1875, p. 244 et suiv., dans le Kurzgefasstes exegetisches Handbuch zum Alten Testament ; SchraderWhitehouse, The cuneiform Inscription and the O. T., t. i, p. 120 ; t. ii, p. 298 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 481-496. Voir la liste des rois de Babylone dans les Proceedings of the Society of Biblical Archseology, 7 décembre 1880 ; Records of the Past, new ser., t. I. p. 13 ; sur Hammurabi, Menant, Babylone et la Chaldée, p. 108 et suiv. ; Records of the Past, first ser., t. i, p. 5 ; t. v, p. 67-76 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. IV, p. 101 ; Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, 1886, p. 188 ; mais, dans ces deux ouvrages, en suppléant ou corrigeant les dates à l’aide de Sayce, The dynastie tablets of the Babylonians dans les Records of the Past, new ser., t. i, p. 9-11, ou E. Pannier, Genealogise bibliese cum monumentis collatse, 1886, p. 192 et 149.

E. Pannier.

AMRI, hébreu : 'Omri, abréviation de 'Omriyâh, « Jéhovah est mon partage (?). »

1. AMRI (Septante : 'Auêpî), sixième roi d’Israël (929-917), fondateur de la troisième dynastie. Avant d’arriver au trône, il commandait l’armée d'Éla, roi d’Israël, et peutêtre remplissait-il déjà cette fonction sous Baasa : c’est en cette qualité qu’il dirigeait le siège de Gebbethon, au pays des Thilistins, III Reg., xvi, 15, lorsqu’il apprit que Zambri, chef de la moitié de la cavalerie, III Reg., XVI, 9, s'était révolté contre son souverain, Éla, fils de Baasa, l’avait fait périr, ainsi que toute sa famille, ꝟ. 11-16, et s'était fait proclamer roi à sa place. Quand cette nouvelle parvint au corps expéditionnaire devant Gebbethon, les soldats furent indignés, refusèrent de reconnaître Zambri, et proclamèrent roi leur général Amri. Celui-ci marcha à leur tête, de la plaine des Philistins au pays montagneux d'Éphraïm, III Reg., xvi, 17, et assiégea Zambri dans sa résidence. Cette résidence était alors Thersa, qui depuis l'établissement du royaume d’Israël partageait tour à tour avec Sichem et Rama l’honneur d'être la capitale des rois d’Israël. Depuis quelque temps Thersa l’emportait, et elle possédait un superbe palais royal, auquel Zambri, se voyant vaincu, mit le feu pour y être consumé dans les flammes avec ses serviteurs, plutôt que de tomber aux mains d’Amri. III Reg., xvi, 18.

II avait régné sept jours, c’est-à-dire le temps qu’il avait fallu à Amri pour arriver avec son armée. Il se produisit alors en Israël une division qui pendant quatre ans tint le royaume dans une complète anarchie : Amri d’un côté, avec son armée et une partie du peuple ; de l’autre un fils de Gineth, nommé Thebni, avec l’autre partie du peuple.

III Reg., xvi, 21. L’armée finit par l’emporter, et Amri vainqueur de Thebni, qui mourut, ꝟ. 22, soit dans le combat, soit, comme le rapporte Josèphe, Ant. jud., VIII, vii, assassiné par les partisans de son ennemi, Amri se fixa pour quelque temps à Thersa, malgré les ravages qu’y avait faits l’incendie, et gouverna tout Israël. (Josèphe appelle ici Amri 'A(jiapîvo « , Zambri Zaïiipr ;  ; , et