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AMORRHÉENS — AMOS


-envoyés par Moïse. Num., xiii, 33, 34. Les artistes égyptiens, qui se sont appliqués à reproduire avec exactitude la physionomie des races vaincues et les traits des rois prisonniers, nous représentent (flg. 123) les Amorrhéens avec de longs cheveux noirs serrés autour de la tête par une bandelette souvent ornée de petits disques. La barbe est allongée en pointe, et le vêtement consiste en une longue tunique fermée, avec des manches courtes, et retenue à la taille par. une ceinture dont les bouts sont pendants. Leurs armes sont l’arc et le bouclier oblong. C’est ainsi qu’on les voit sur les monuments de Médinetvbou (fig. 124), et sur certains fragments antiques pro 124. — Captif amorrhéen. Temple de Médinet-Abou.

venant du palais de Ramsès III, à Tell el-Yahudéh, dans la Basse - Egypte. Cf. H. G. Tomkins, Studies on the Urnes of Abraham, Londres, p. 85, et planche VI.

M. Flinders Pétrie, dans les fouilles qu’il a commencées en 1890 à Tell el-Hésy, sur la rive gauche de l’ouadi de même nom et au sud-ouest de Beit-Djibrin, a cru retrouver le site de Lachis, ancienne ville amorrhéenne, généralement placée un peu plus loin, à Oumm el-Lakis. Il a découvert des murs antiques qui rappellent les vieilles et fortes cités dont parle l'Écriture, Num., xiii, 29, et un grand nombre de poteries qui seraient les plus curieux spécimens de l’art amorrhéen. Voir, pour les détails, son ouvrage, Tell el-llesy (Lachish), in-4o, Londres, 1891, et Palestine Exploration Fund, Quarterly statement, 1890, p. 159-170, 219-246 ; 1891, p. 97, 207, 282-298. Voir Lachis.

La religion des Amorrhéens ne différait pas de celle des Chananéens en général. Cependant, comme nous l’avons fait remarquer, c’est leur nom qui est le plus souvent cité quand il s’agit de l’idolâtrie et des iniquités de ces peuples. Cf. Ezech., xvi, 3, 45. Une des résidences du roi Og, Astaroth-Carnaïm ou Astarté aux deux cornes, rappelle le nom d’une des principales divinités de ce pays, Astarté, qu’on représente quelquefois avec un croissant d’or au-dessus de la tête. De même Baal entre dans la composition de certains noms de villes, comme BaalGad, Baal-Hazor, Baal-Méon, etc.

Les Amorrhéens devaient également parler la même langue que les autres habitants de Chanaan. Un seul mot particulier nous a été conservé : c’est le nom qu’ils donnaient au mont Hermon, Sanir (èenir), Deut., iii, 9, et qu’on retrouve dans les inscriptions assyriennes sous

la formé Sa-ni-ru. Cf. Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, 1881, p. 104.

A. Legendre.

2. AMORRHÉENS (MONT DES). Moïse, dans le Deutéronome, i, 7, appelle ainsi, non pas une montagne particulière, mais le pays montagneux qu’habitaient les

Amorrhéens, avant d’en avoir été chassés par les Israélites, au sud de la Palestine entre Bersabée et Cadesbarné.

    1. AMORT Eusèbe##

AMORT Eusèbe, théologien catholique allemand, né le 15 novembre 1692, à Bibermùhle, près de Tôlz, en Bavière, mort à Polling, le 5 février 1775. Il entra encore jeune au monastère des chanoines réguliers de Polling, et y devint, en 1717, professeur de philosophie, puis de théologie. Plus tard, le cardinal Lereari se l’attacha comme théologien, et son séjour à Rome lui permit d’acquérir beaucoup de connaissances qu’il utilisa à son retour, en 1735, dans son couvent, qu’il ne quitta plus jusqu'à sa mort, en 1775. Parmi les nombreux ouvrages qui l’ont rendu célèbre comme théologien et canoniste, nous n’avons à citer que sa Demonstratio critica religwnis catholicse, in-f°, Venise, 1744, qui touche à diverses questions scripturaires. Voir A. von Savioli-Corbelli, Ehrendenkmal des Eus. Amort, Gedàchtnissrede in einer ôffentl. Versammlung der Akademie der Wissenschaften i"777 zu Méridien gehalten ; Baader, Das gelehrte Bayern, Nuremberg, 1804, t. i, p. 20 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2e édit., t. i, col. 754.

1. AMOS (hébreu : DïDy, 'Amôs, « porteur » ; Septante : 'Aiuûc) qu’il ne faut pas confondre avec Amos (hébreu : yiax, 'Âmôs) père d’Isaïe, est le troisième des petits prophètes.

I. Vie d’Amos. — Amos, originaire de Thécué (Am., 1, 1), était un pasteur (nôqêd) qui, de plus, cultivait les sycomores, dont il vendait les fruits (Am., vii, 14, bolês = xvj’Cwv, distringens). Voir Thécué et Sycomore. Il paissait donc un troupeau, le sien peut-être, lorsqu’il fut envoyé de Dieu en Israël pour y prophétiser. Il alla à Béthel, où était le sanctuaire national, Am., vii, 13, le centre du culte des veaux d’or, et il y remplit sa mission. Là il rencontra dans la personne d’Amasias, sacrificateur de Béthel, un violent contradicteur. Dénoncé par lui à Jéroboam II et invité à retourner en Juda : « Je suis un simple berger sans culture littéraire, répondit-il, mais enfin pourtant je suis un envoyé de Jéhovah. » Cf. Am., vu, 14-15. Il prédit ensuite à Amasias qu’il mourrait en pays étranger, que les siens subiraient la mort et la honte, et qu’Israël serait emmené en captivité. Am., vii, 10-17. Après cet épisode, on ne sait ce qu’il devint. PseudoÉpiphane, De vitis prophet-, t. xliii, col. 405, et pseudoDorothée racontent qu’il fut frappé aux tempes d’une massue (clava ; autre leçon : clavo), qu’il fut porté mourant à Thécué, et qu’il y expira deux jours après ; mais ces détails nous paraissent une légende sans autorité.

II. Date et caractère de sa prophétie. — Amos prophétisa sous les rois Ozias de Juda et Jéroboam II d’Israël, Am., i, 1, entre l’an 804 et l’an 779, par conséquent. Il accomplit sa mission très probablement vers la fin du règne de Jéroboam II, car plusieurs textes supposent les victoires de ce prince. L’indication : « deux ans avant le tremblement de terre, » Am., 1, 1, ne dit absolument rien pour nous, puisqu’on ignore la date de ce tremblement de terre, d’ailleurs célèbre. Zach., xiv, 5. Le royaume d’Israël, à cette époque, était puissant et riche. Il n’avait plus à craindre les Syriens, ses voisins redoutables. IV Reg., xm, 7. À Joas, heureux déjà dans ses guerres, avait succédé un roi plus brave encore ; Jéroboam II avait rendu à Israël ses frontières, depuis l’entrée d'Émath jusqu’au torrent du désert, IV Reg., xiv, 25, selon la parole de Jonas. L’Assyrie avait-elle contribué à ce relèvement d’Israël ? Quelques-uns le pensent, et le « sauveur » dont il s’agit IV Reg., xiii, 5, serait, selon eux, Rammanirari III. G. Brunengo, L’impero di Babilonia et di N’mive, Prato, 1885, t. i, p. 418 et suiv. Quoi qu’il en soit, le royaume du Nord avait atteint l’apogée de sa gloire. Mais il s’en fallait beaucoup que l'état moral et religieux répondit à ce grand éclat. À cet égard, c'était une vraie décadence : les riches et les grands opprimaient les pauvres par des exactions et