Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
501
502
AMNON — AMOMUM

donna à Amnon de feindre une aggravation de sa maladie et de s’aliter. Le roi ne manquerait pas de venir le visiter, et alors Amnon, simulant une envie de malade, demanderait à son père que Thamar vînt préparer en sa présence quelque mets appétissant qu’elle lui servirait de ses propres mains. Ce plan fut exécuté de point en point. David ne pouvait soupçonner l’abominable dessein que cachait cette prière d’Amnon : il acquiesça à son désir et lui envoya Thamar. Celle-ci prépara sous les yeux de son frère des gâteaux appelés lebîbôṭ, et les lui présenta. C’est à ce moment qu' Amnon lui découvrit son infâme affection et la pressa d’y correspondre. Sa sœur repoussa cette proposition avec horreur. Elle le conjura de ne pas commettre un tel crime et, ignorant sans doute qu’une telle union était contraire à la loi, Lev., xviii, 9, elle le pria de la demander, comme épouse, à leur père David, II Reg., xiii, 13 ; mais il resta sourd à ses supplications, et la force brutale eut raison de toutes ses résistances. Aussitôt après, peut-être par l’effet de la honte et du remords, son ardent amour pour Thamar se changea en une haine plus forte encore ; il lui ordonna de sortir sur-le-champ. Vainement elle protesta contre cette nouvelle injure, dont l'éclat allait rendre public son déshonneur ; il ne voulut rien entendre, et, appelant un serviteur, il lui commanda de la jeter dehors et de fermer la porte derrière elle. II Reg., xiii, 17.

Lorsque David apprit ce qui s'était passé, il en fut extrêmement affligé (hébreu : irrité). Le texte original n’en dit pas davantage. La Vulgate et les Septante ajoutent : « Mais il ne voulut pas contrister le cœur d’Amnon, son fils, car il l’aimait tendrement parce qu’il était son aîné. » II Reg., xiii, 21. Il laissa donc sa faute impunie, comme le donne à entendre le silence du texte sacré. Ce n’est pas la seule fois que David se soit montré faible pour ses enfants, cf. III Reg., i, 5-6 ; mais il est permis de penser que, dans cette circonstance, le souvenir de sa propre chute toujours présent à son esprit, Ps. L, 5, contribua aussi à lui ôter le courage de châtier un fils qui ne faisait qu’imiter son exemple. L’inceste d’Amnon était d’ailleurs à ses yeux le commencement des malheurs prédits par Nathan, II Reg., xii, 11, et xvi, 10, et c'était encore pour David un autre motif d’indulgence.

Absalom, fils de David et de Maacha comme Thamar, vit d’un autre œil l’attentat dont sa sœur avait été la victime. Dans les familles fondées sur la polygamie, les frères germains sont les protecteurs naturels de leurs sœurs. Cf. Gen., xxxiv, 31. C’est pour cette raison que Thamar alla porter ses plaintes, non chez David, mais chez Absalom, qui dès ce jour résolut de la venger quand le moment serait venu. II Reg., xiii, 32. En effet, après avoir dissimulé son ressentiment pendant deux ans, temps suffisant pour ôter à Amnon toute crainte de représailles, Absalom invita les princes, ses frères, à un grand festin qu’il donnait dans son domaine de Baalhasor, à l’occasion de la tonte des troupeaux, et, pendant le repas, lorsque Amnon, excité par le viii, fut tout entier à la confiance et à la joie, les serviteurs d’Absalom l’assassinèrent à sa place même, sur un signal donné par leur maître. II Reg., xiii, 22-29. Voir Absalom.

L’histoire d’Amnon est en même temps l’histoire d’une passion, dont l’auteur sacré nous retrace les progrès, les ravages et les plus terribles excès aboutissant à une amère déception, cf. Eccle., II, 2, premier châtiment auquel vient enfin s’ajouter celui d’une mort violente ; et ainsi se trouve appliquée une fois de plus cette loi de la justice divine : « L’homme est puni par où il a péché. » Sap., XI, 17.

E. Palis.

2. AMNON, fils de Simon, de la tribu de Juda. I Par., rv, 20.

AMOC ( hébreu : ʿAmôq, « profond ; « Septante : Ἀμέκ), chef d’une famille sacerdotale qui revint de la captivité avec Zorobabel. II Esdr., xii, 6, 20. Au temps du pontificat de Joacim, elle était représentée par Héber.

AMŒNUS Prudentius, auteur ecclésiastique dont on ne connaît que le nom. On lui attribue un Enchiridion, appelé aussi Dittochæon ou Diptychon, poème latin de cent quatre-vingt-seize hexamètres, divisés en quarante-neuf strophes de quatre vers, ayant chacune un titrespécial, et racontant les principaux événements de l’Histoire Sainte. L’Enchiridion a été imprimé pour la première fois sous son nom dans la collection de G. Fabricius, Poetarum veterum ecclesiasticorum opera christiana, thésaurus catholicæ et orthodoxæ Ecclesiæ, in-4°, Bâle, 1564. Ce petit poème a été reproduit par Migne, Patr. lat., t. lxi, col. 1075-1080. Voir W. Smith, Dictionary of Christian Biography, t. i, 1877, p. 103.

AMOMUM (Ἄμωμον), parfum. Il est nommé dans un certain nombre de manuscrits et dans les éditions critiques du Nouveau Testament grec de Griesbach, de Lachmann, de Tischendorf, après le cinnamome, dans l’Apocalypse, xviii, 13.


121. — Cissus vitigenea.

Ce mot ne se lit pas dans le textus receptus grec et dans la Vulgate latine. Il peut avoir disparu de plusieurs manuscrits, parce qu’il se confondait avec la terminaison du mot précédent : καὶ κιννάμωμον καὶ ἄμωμον. — L’amomum nous est connu par les écrivains grecs et latins, Dioscoride, i, 14 ; Théophraste, Hist. plant., ix, 7 ; Fragm., 4 ; De odor., 32 ; Pline. H. N., xii, 13, 1 ; mais ils l’ont caractérisé d’une manière si vague, qu’il est impossible de dire avec certitude quelle est la plante d’où l’on tirait le parfum désigné par ce mot. Sprengel, Hist. rei herb., t. i, p. 140, 247 (cf. Fraas, Syn. plant. floræ class., p. 98), suppose que c’est la Cissus vitigenea d’Arménie (fig. 121). La Cissus vitigenea ou Cisse à feuilles de vigne est un arbrisseau grimpant, du genre des Vitigénées, qui atteint de six à sept mètres. Ses feuilles, en forme de cœur, sont persistantes ; ses fleurs, nombreuses, petites et cotonneuses à l’extérieur ; ses baies, bleuâtres et odorantes. Pline décrit l’amomum dans les termes suivants : « La