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AMMONITES — AMNON


elle nous représente les vignes de ce pays, ses pressoirs, les chants de ceux qui foulent le raisin, Is., XV, xvi ; Jer., XL viii, elle se contente de mentionner les vallées d’Ammon et sa forteresse principale. Au lieu d’un peuple sédentaire, elle nous met sous les yeux une multitude partant pour ses incursions avec son mobilier et ses richesses, quitte à laisser, au moment de la défaite, un immense butin, ce qui arriva sous Josaphat. II Par., XX, 23. Il ne faudrait pas croire cependant que ce fût u"ne horde sans organisation. Elle était gouvernée par un roi, Jud., xi, 12, etc., et par des princes, sârim. II Reg., x, 3 ; I Par., xix, 3.

La religion des Ammonites n'était pas faite pour adoucir leurs mœurs. Des deux sentiments très différents, mais très violents, du cœur humain, qui caractérisent le culte chananéen, c’est-à-dire la sensualité et la terreur, c’est ce dernier qui semble dominer chez les enfants d’Ammon. Leur dieu est Moloch, Milcom ou Malkom, III Reg., xi, 7 ; Jer., xlix, 3, etc., le dieu du feu, du soleil brûlant. En perdant la notion primitive du vrai Dieu, ils le confondirent avec le ciel ou plutôt avec l’astre dont l'éclat frappait leurs yeux, et dont la chaleur produit partout la fécondité et la vie. La terreur engendre la cruauté. Moloch, comme Raal, voulait des rites sanguinaires et cruels. « Il était représenté, d’après la tradition juive, sous la forme d’un taureau d’airain, dont l’intérieur était creux et vide. Il étendait ses bras comme un homme qui se dispose à recevoir quelque chose. On chauffait le monstre à blanc, et on lui offrait alors en holocauste une innocente victime, un enfant, qui était promptement consumé. » Vigoureux, ouv. cité, t. iii, p. 255. Voir Moloch. Malgré la haine qui divisait les deux peuples israélite et ammonite, malgré les défenses et les menaces de Dieu, cette abominable idole eut, à Jérusalem, un temple bâti par Salomon, ItIReg., xi, 7 ; et des pères de famille ne craignirent pas de lui consacrer leurs enfants. IV Reg., xxiii, 10.

La langue des Ammonites était à peu près la même que celle des Hébreux. Nous n’avons pas, comme pour les Moabites, de monuments semblables à la stèle de Mésa ; mais les noms qui nous ont été conservés par la Bible ou fournis par les inscriptions assyriennes peuvent tous s’expliquer par l’hébreu ou se rapporter à des noms hébreux : Acliior, « frère de la lumière », Judith, v, 5 ; Baalis (hébr. : Ba'ûlis, « joyeux » ), Jer., XL, 14 ; Hanon (hébr. : Ifânûn, « digne de miséricorde » ), II Reg., x, 1 ; I Par., xix, 2 ; équivalent du carthaginois Hannon ; Moloch (hébr. : Môlék, « roi » ), Lev., xviii, 21, etc. ; Naama (hébr. : Na'âmâh, « douce » ), III Reg., xiv, 21 ; Naas (hébr. : Nâhâi, « serpent » ), I Reg., xi, 1, etc. Aminadab, des inscriptions cunéiformes, répond à 'Amminàdâb, I Par., ii, 10 (Voir Revue des Études juives, t. ii, 1881, p. 123) ; Baasa à Ba’esa', Baasa, III Reg., xy, 16 ; Puduil à Pedahe'êl, Num., xxxiv, 28 ; Sanibu kSin'âb, Gen., xiv, 2.

A. Legendre.
    1. AMMONITIDE##

AMMONITIDE, pays habité par les Ammonites. Voir Ammon 4.

1. AMMONIUS d’Alexandrie vivait au m 8 siècle. Il ne nous est guère connu que par sa division des quatre Évangiles en sections qui, de son nom, s’appellent sections ammoniennes. Voir Eusèbe, Epist. ad Carp., t. xxii, col. 1276 ; S. Jérôme, De scriptor. eccl., 55, t. xxiii, col. 667. Beaucoup de savants ont cru qu’Ammonius avait composé un ilonotessaron ou Concorde des quatre Évangiles, et l’on a même publié sous son nom (voir Migne, Pat) : lat., t. lxv, col. 255) le Monotessaron de Tatien voir Tatien) ; mais il s'était borné à indiquer par des renvois, à l’aide de ses divisions, les passages des trois derniers Évangiles qui étaient parallèles au premier. Voir Ammoniennes (sections). Eusèbe, H. E., vi, 19, t. xx, col. 568, et S. Jérôme, loc. cit., nous apprennent qu’Ammonius avait aussi écrit un livre De l’accord de Moïse et de Jésus, Ikpi ttj ; Mùivjuétoî xot’t 'IrjuoO <rJnf<i)v : a ; , dont

il ne nous reste rien. Eusèbe s’est du reste trompé au sujet d’Ammonius, en confondant cet écrivain chrétien avec le philosophe Ammonius Saccas. Voir J. A. Fabricius, Bibliotheca grmca, édit. Harless, t. v, p. 713-714 ; Th. Zahn, Forschungen zur Geschichte des N. T. Kanons, t. 1, 1881, p. 31-34.

2. AMMONIUS d’Alexandrie, prêtre et économe de l'église de cette ville, souscrivit, en 458, la lettre des évêques d’Egypte à l’empereur Léon pour la défense du Concile de Chalcédoine. Il jouit, parmi les anciens, de la réputation d’habile exégète. Anastase le Sinaïte, en particulier, en fait un grand éloge. Hodeg., xiv, t. lxxxix, col. 244. Ses œuvres ont péri ; il n’en reste que quelques fragments, qui ont été recueillis dans les Chaînes des Pères grecs, sur les Psaumes, Daniel, saint Matthieu, saint Jean, les Actes et la première Épître de saint Pierre. Ils ont tous été publiés dans la Patrologie grecque de Migne, t. lxxxv, col. 1361-1609. Les plus importants sont ceux qui se rapportent à lÉvangile de saint Jean et aux Actes des Apôtres. Voir J. A. Fabricius, Bibliotheca grxca, édit. Harless, t. v, p. 722-723.

    1. AMNER Richard##

AMNER Richard, théologien unitarien, né en 1736, à Hinckley, dans le comté de Leicester, en Angleterre, mort le 8 juin 1803. Il entra à la Daventry Academy en 1755, devint pasteur de la chapelle unitarienne de Middlegate Street à Yarmouth, en 1762, d’où il alla à celle de Hampstead à Londres, en 1765. En 1777, il devint pasteur de Cosely, dans le comté de Strafford, et en 1794, abandonnant le ministère pastoral, il se retira à Hinckley, sa ville natale, où il passa les dernières années de sa vie. Son premier écrit (anonyme) est intitulé : À Dissertation on the weekly Festival of the Christian Church, Londres, 1768. Son ouvrage principal est An Essay towards the interprétation of the Prophecies of Daniel, with occasional Remarks upon some of the most cclebrated Commentaries on them, in-8°, Londres, 1776 ; 2e édit, 1798. Le but de l’auteur est de chercher à établir, contre l’enseignement traditionnel, que les prophéties de Daniel ne se rapportent pas au Messie, mais à la persécution d’Antiochus Épiphane. Voir S. A. Allibone, Critical Dictionaryof English literature, 1880, t. i, p. 58.

    1. AMNON##

AMNON, hébreu : 'Amnôn, « fidèle ; » Septante : 'A^vtov.

1. AMNON (hébreu : '4mnôra, unefois 'Àmînôn, II Sam., xiii, 20), fils aîné de David et d’Achinoam la Jesraélite. Il naquit à Hébron, dans le temps où son père ne régnait encore que sur la tribu de Juda. II Reg., iii, 2. Ce prince nous est connu seulement par une action criminelle racontée II Reg., xiii, et par la mort tragique qui en fut la punition. Il avait conçu pour sa sœur Thamar, fille de David et de Maacha, une passion si violente qu’il en tomba malade, désespérant de pouvoir arriver à ses fins parce que Thamar était soigneusement gardée et qu’elle habitait, comme les autres enfants de David nommés dans cette histoire, une maison séparée. II Reg., xiii, 7, 8, 20. Cette sorte de dispersion de la famille, conséquence ordinaire de la pluralité des femmes, rendait plus difficiles et plus rares les relations entre les enfants. De là devait aussi résulter une certaine altération et un amoindrissement de l’amour fraternel, assez faible déjà entre ces demifrères, enfants de mères toujours rivales, souvent ennemies, cf. I Reg., 1, 4-7 ; ils pouvaient finir par se considérer plus ou moins comme des étrangers les uns vis-à-vis des autres. C’est ainsi que put s’allumer dans le cœur d’Amnon la flamme impure qui le consumait et le faisait dépérir à vue d'œil.

Jonadab, son cousin et son ami, lui arracha un jour le secret de ce mal étrange. Il Reg., xiii, 2, 4. Le résultat de cette confidence fut le détestable conseil que Jonadab