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AMMONITES


herses de fer ou des faux tranchantes ; d’autres furent jetés dans des fours à briques. II Reg., xii, 26-31 ; I Par., xx, 2-3. Le roi d’Israël en usait envers les Ammonites comme ceux-ci en usaient envers leurs ennemis. Cf. I Reg., xi, 2 ; Amos, i, 13. David, en partant, établit probablement Sobi, frère d’Hanon, comme roi tributaire. C’est au moins ce qui nous permet d’expliquer la conduite du prince ammonite à l'égard du royal exilé fuyant devant Absalom. Sobi lui envoya à Mahanaïm, à l’est du Jourdain, des lits, des tapis et différentes provisions. II Reg., xvii, 27-29.

Sous le règne de Josaphat, les Ammonites envahirent le royaume de Juda avec les Moabites et les Maonites. II Par., XX, 1. Ils vinrent camper à Asasonthamar ou Engaddi, à l’ouest et sur les bords de la mer Morte ; mais une terreur subite jeta l'épouvante parmi les alliés, et « se tournant les uns contre les autres, ils succombèrent sous de mutuelles blessures », II Par., xx, 2-23, laissant entre les mains de Josaphat et de son peuple de telles dépouilles qu’ils eurent peine à les enlever en trois jours. II Par., xx, 25. Tributaires d’Ozias, II Par., xxvi, 8, ils durent se révolter soit pendant sa maladie, soit après sa mort ; car Joatham « combattit contre les fils d’Ammon et les vainquit, et ils lui donnèrent pendant trois ans cent talents d’argent, et dix mille cors de blé et autant d’orge ». II Par., xxvii, 5. Ce verset laisse supposer qu’ils se rendirent ensuite indépendants ; ce qui put avoir lieu dans les dernières années de Joatham, lorsque Rasin, de Damas, et Phacée, d’Israël, commencèrent à attaquer le royaume de Juda. IV Reg., xv, 37. Pendant ce temps-là, Amos prophétisait contre eux, leur reprochant leurs cruautés. Amos, i, 13-15.

Quand l’Assyrie tourna ses armes vers l’ouest, ils furent presque toujours ses vassaux. En 854 avant J.-C, Salmanasar II trouva dans la confédération de douze rois, qui voulaient arrêter sa marche triomphante, un roi d’Ammon, nommé Baasa, fils de Rehob. Il le vainquit, comme les autres alliés de Damas, d’Israël, etc., Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 8 ; A. Amiaud et V. Scheil, Les Inscriptions de Salmanasar II, roi d’Assyrie, Paris, 1890, p. 40. Vers 732 ou 731, Téglathphalasar recevait les hommages et les tributs de Sanibu ou Salipu de Bît-Ammon, en même temps que ceux d’Achaz, roi de Juda. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. 67 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und dus Alte Testament, Giessen, 1883, p. 257 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit, 1889, t. iv, p. 118. Lorsque le même monarque assyrien eut transporté les tribus de Ruben, de Gad et la demi-tribu de Manassé, IV Reg., xv, 29 ; 1 Par., v, 26, les Ammonites firent irruption sur leur territoire et l’occupèrent, comme si les Israélites eussent entièrement et pour toujours été détruits. C’est cet injuste attentat qui fut plus tard le point de départ de la prophétie de Jérémie contre eux, xlix, 1-6. Dans sa campagne contre Ézéchias, roi de Juda, en 701, Sennachérib vit Puduil de Bit-Ammon venir, avec les rois de Moab, d'Édom, etc., lui apporter le tribut et faire acte d’obéissance. Prisme de Taylor ou Cylindre C. de Sennachérib, col. ii, 52 ; Cuneiform Inscriptions of W. Asia, t. i, pi. 38-39 ; Schrader, ouvr. cité, p. 288 ; Vigouroux, ouvr. cité, p. 206. Le même roi ammonite est compté parmi les tributaires d’Assaraddon (681-668) en même temps que Manassé, roi de Juda, Cylindre brisé d’Assaraddon, Cuneiform Inscrip. of W. A., t. iii, p. 16 ; Schrader, ouvr. cité, p. 355 ; Vigouroux, ouvr. cité, p. 250.

Un autre roi d’Ammon, Aminadab, fut vassal d’Assurbanipal (667-625). Cylindre C ; Schrader, ouvr. cité, p. 355 ; Vigouroux, ouvr. cité, p. 264. Le prince assyrien, marchant contre les Arabes révoltés, envahit le territoire des Ammonites, Cylindre A, Vigouroux, ouvr. cité, p. 294 ; mais, pendant que tous les peuples qui entouraient la Palestine courbaient le front devant le vainqueur, les

enfants de Jacob osèrent lui résister. Holopherne, son généralissime, connaissant les sentiments haineux des Moabites et des Ammonites contre les Juifs, voulut les exploiter à son profit. Il réunit donc les chefs de ces deux peuples, dans l’espoir d’obtenir des renseignements précieux. Achior, « chef de tous les fils d’Ammon, » faillit être victime du beau témoignage qu’il rendit aux merveilles de la Providence divine en faveur des Israélites. Judith, v, vi. Cependant les enfants d’Ammon et ceux d'Édom prirent une part très active au siège de Béthulie, Judith, vii, 1-11 ; voir surtout le texte plus explicite des Septante. Sous Nabuchodonosor (604-561), les Ammonites, avec les Moabites, les Iduméens, le roi de Juda, etc., cherchèrent à secouer le joug et à recouvrer leur indépendance, pendant que le roi de Babylone en venait aux mains avec les Élamites. Mais bientôt celui-ci, reprenant le chemin de l’occident, soumit les révoltés et en finit avec le royaume de Juda, dont il fit une province do son empire, avec Godolias pour gouverneur. En apprenant la nomination de ce dernier, un certain nombre de Juifs, dispersés au moment de la guerre, revinrent dans leur pays ; mais à peine la petite colonie eut-elle rassemblé ses membres épars qu’elle courut un nouveau danger. Baalis, roi des Ammonites, fit mettre à mort Godolias. Jérém., XL, 14 ; xli, 2. Quel motif le poussait à ce crime ? Peutêtre l’espoir de détruire le dernier soutien des Juifs et de s’emparer ainsi plus facilement de leur pays.

La chute du royaume de Juda provoqua chez les Ammonites une joie féroce, dont le châtiment, prédit par Ézéchiel, xxi, 20-22 ; 28-32 ; xxv, 1-7, commencé par les Chaldéens, achevé par les Arabes, subsiste de nos jours dans sa plus évidente réalité. Après la captivité, ils cherchèrent, sous la conduite de Tobie, à empêcher la reconstruction des murailles de Jérusalem. II Esdr., iv, 1-8. Soumis successivement à l’Egypte et à la Syrie, ils virent leur capitale échanger son vieux nom de Rabba contre celui de Philadelphie, en l’honneur de Ptolémée Philadelphe, qui la restaura. Voir Etienne de Byzance, Leipzig, 1825, t. i, p. 416. Leurs forces cependant n’avaient pas plus diminué que leur haine ; car lorsque, de concert avec les Iduméens, les Samaritains, etc., « ils résolurent d’exterminer la race de Jacob, » Judas Machabée, marchant contre eux, « trouva une forte armée et un peuple nombreux, avec Timothée pour chef ; » ce qui le força à livrer beaucoup de combats, mais ne l’empêcha pas d’obtenir une victoire définitive. I Mach., v, 1-7. Gouvernés plus tard par un tyran nommé Zenon Cotylas, Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 1, ils tombèrent finalement sous la domination romaine. Saint Justin nous apprend que, de son temps, ils étaient encore très nombreux. Dialog. cum Tryphone, t. vi, col. 752. Ils disparaissent de l’histoire au me siècle et se confondent alors avec les autres Arabes qui habitent le désert à l’est du Jourdain.

III. Mœurs, religion, langue. — L’histoire que nous venons de résumer suffit pour nous faire apprécier le caractère des Ammonites. Il répond à la peinture que nous en ont laissée les Prophètes, qui nous les montrent pleins d’orgueil, de haine et de cruauté. Confiants dans leurs plaines fertiles et leurs trésors, les fils d’Ammon semblent tout braver, Jer., xlix, 4 ; ennemis séculaires du peuple hébreu, ils applaudissent à sa ruine, Ezech., xxv, 6 ; pour le mieux détruire, ils égorgent ses enfants jusqu’au sein de leurs mères. Amos, i, 13. Jérémie a donné à cette nation son vrai nom en l’appelant : « fille rebelle, » xlix, 4 (c’est le sens de l’hébreu : bat haUôbêbâh). Cf. Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 1375. Oubliant ses liens de parenté avec la race d’Abraham, elle a repoussé Dieu et son peuple. Tout en elle manifeste les sentiments du nomade pillard. C’est, en effet, cette vie que menèrent les Ammonites, en se retranchant derrière certaines villes, qui leur servaient de refuge, comme leur capitale. L'Écriture nous le laisse entendre ; car, si elle énumére les nombreuses villes de Moab, avec leurs rues, leurs places publiques ; si