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und Beschaffenheit von unmittelbarer göttlich. Offenbarung, in-4o, Goettingue, 1797. L'inspiration n'est qu'« une sonore idée juive ». Il n'y a ni miracles ni prophéties. Jésus est « le seul Messie moral », et c'est par la force de sa haute moralité qu'il a pu fonder une religion nouvelle. Il s'est du reste enveloppé à dessein d'une sorte de « clair-obscur allégorique ». Les mêmes idées se retrouvent pour le fond dans sa Christliche Sittenlehre, in-8o, Erlangen, 1795; 5e édit., 1823, inspirée par la philosophie de Kant (cf. son Ueber die Æhnlichkeit des Innern, Wortes einiger neuern Mystiker mit den moral. Worte der Kantischen Schriftauslegung, in-4o, Goettingue, 1796), et dans sa Summa theologiæ christianæ, in-8o, Erlangen, 1808; 4e édit., 1830. Dans ces deux ouvrages, Ammon garde encore une certaine réserve ; mais il n'en est plus de même dans son Fortbildung des Christenthums zur Weltreligion, eine Ansicht der höhern, Dogmatik, 4 in-8o, 2e édit., Leipzig, 1836-1838, apologie du plus vulgaire rationalisme, dans laquelle l'auteur considère la religion chrétienne comme un produit naturel du progrès de la civilisation, qui s'est modifié dans le cours des siècles. L'auteur, qui avait changé souvent lui-même d'opinion dans le cours de sa vie, applique sa propre histoire au christianisme.

Mentionnons, parmi les autres écrits d'Ammon : Programma de repentina Pauli ad doctrinam christianam conversione ad Act., ix, i-19, in-8o, Erlangen, 1792; Das Todtenreiche der Hebräer bis auf David, in-4o, Erlangen, 1792; Dissertatio inauguralis de adumbrationis doctrines de animorum immortalite a Jesu Christo propositæ præstantia, in-8o, Erlangen, 1793; Programma quo disquiritur quatenus disciplina religionis et theologiæ christianæ pendent ab historia Jesu Christi, in-4o, Goettingue, 1794 ; Entwurf einer Christologie des Alten Testaments, iii-8°, Erlangen, 1794 ; Nova versio græca Pentateuchi, 3 parties in-8o, Erlangen, 1790-1791; Comment. de versionis Veteris Testamenti venetæ græcæ usu, in-8o, Erlangen, 1791; Predigten über Jesum und seine Lehre, 2 in-8o, Dresde, 1819-1820; Die Geschichte des Lebens Jesu mit steter Rücksicht auf die vorhandenen Quellen dargestellt, 2 in-8o, Leipzig, 1842-1844. — Voir Christof Friedrich von Ammon nach Leben, Ansichten und Wirken, 1850. L'auteur est un Saxon qui a gardé l'anonyme, sans doute pour donner un libre cours à son admiration et à son enthousiasme, qui lui fait proclamer son héros « la première notabilité théologique du XIXe siècle ».


AMMONI. Quelques commentateurs et géographes, tels qu'Adrichomius, Barbié du Bocage, etc., ont admis l'existence d'une ville d'Ammoni, qui aurait été située dans la tribu de Benjamin et d'où aurait été originaire Sélec, un des guerriers de David, parce que la Vulgate porte au second livre des Rois, xxiii, 37 : « Sélec d'Ammoni. » Cette traduction doit être expliquée par celle de I Par., xi, 39, où on lit : « Selec l'Ammonite. » La ville d'Ammoni n'a, en effet, jamais existé. Sélec était Ammonite de nation, comme le porte le texte hébreu dans les deux passages où il est nommé, et comme l'a traduit exactement la Vulgate, I Par., xi, 39.


AMMONIENNES (SECTIONS). On appelle ainsi les subdivisions du texte des Évangiles qui avaient été imaginées par Ammonius d'Alexandrie, au commencement du IIIe siècle (vers 220), et qui sont indiquées, à partir du Ve siècle, dans tous les manuscrits grecs et latins qui contiennent les quatre Évangiles. Ammonius, pour établir la concorde des quatre Évangiles, prit pour base l'Évangile de saint Matthieu, en le divisant en sections d'après les événements qu'il raconte et les discours qu’il rapporte, et nota vraisemblablement vis-à-vis, par des renvois en chiffres, les passages parallèles des trois autres Évangiles, subdivisés dans le même but. Eusèbe, Epist. ad Carp., t. xxii, col. 1276. L’ouvrage d'Ammonius est depuis longtemps perdu ; mais sa division, qui était très commode pour retrouver un passage quelconque des Évangélistes, a été conservée. Il avait partagé les quatre Évangiles en plus de mille sections, qui sont appelées tantôt pericopæ, tantôt lectiones, tantôt canones, le plus souvent capitula. Saint Matthieu en avait 355 ; saint Marc, 235; saint Luc, 343; saint Jean, 232. Ce chiffre varie cependant, quoique légèrement, dans les divers manuscrits. L'indication du nom de l'Évangéliste et du chiffre de la section permettait de trouver tout de suite le passage des Évangiles qu'on désirait trouver.

Eusèbe de Césarée compléta le travail d'Ammonius, et contribua beaucoup à le répandre en dressant avec exactitude les dix Canons évangéliques, destinés à montrer le parallélisme des quatre Évangiles, ce qui leur est commun et ce qui leur est propre. Ce sont dix tableaux, formes avec les chiffres des sections ammoniennes. Le premier contient, en quatre colonnes, tous les passages qui sont communs aux quatre Évangélistes ; le second, en trois colonnes, ceux de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc ; le troisième, ceux de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Jean ; le quatrième, ceux de saint Matthieu, saint Marc et saint Jean ; le cinquième, en deux colonnes, les passages communs à saint Matthieu et à saint Luc ; le sixième, ceux de saint Matthieu et de saint Marc ; le septième, ceux de saint Matthieu et de saint Jean ; le huitième, ceux de saint Marc et de saint Luc ; le neuvième, ceux de saint Luc et de saint Jean ; le dixième enfin, les passages propres à un seul évangéliste. Voir ces canons dans Migne, Patr. gr., t. xxii, col. 1277-1299.

Les sections ammoniennes n'ont pas été sans doute sans influence sur la division par chapitres et par versets, qui a prévalu plus tard dans nos Bibles. Elles ont été marquées encore de nos jours dans plusieurs éditions du Nouveau Testament de Tischendorf. Voir Harmonia quatuor Evangeliorum juxta sectiones Ammonianas et Eusebii canones, in-4o, Oxford, 1805; O. von Gebhardt, Bibellext des Neuen Testaments, dans Herzog's Real-Encyklopädie, 2e édit., t. ii, p. 404; Al. Michelsen, Evangelien-harmonie, ibid., t. iv, p. 425.


'AMMONITES, fils d’‘AMMON (hébreu, le plus souvent : Benê-‘Ammôn ; quelquefois : ‘Ammôni, Deut., xxiii, 4; I Sam., xi, 1, etc.; plur. ‘Ammônim, Deut., ii, 20; III Reg., xi, 5, etc.; deux fois seulement : ‘Amman, I Reg., xi, 11 ; Ps. lxxxiii (Vulg., lxxxii), 8; Septante : Υἱοὶ Ἀμμών ; Ἀμμανίται) , peuple descendant d'Ammon ou Ben-Ammi , fils de Lot et de sa plus jeune fille. Gen., xix, 38.

I. Nom et origine. — Le nom d'Ammon peut-il se rattacher à celui de Ben-Ammi, donné par la mère pour rappeler que son enfant ne portait pas dans les veines de sang étranger ? M. Reuss regarde cette étymologie comme absolument arbitraire et inadmissible, La Bible, l'Histoire Sainte et la Loi, t. i, p. 364. Cependant, sans rappeler l'interprétation traditionnelle donnée par la Vulgate et les Septante (voir Ammon 2) aussi bien que par Josèphe, Ant. jud., 1, xi, 5, d'accord avec le texte hébreu, Gen., xix, 38, il est permis d'opposer à cette assertion l'autorité de Gesenius déclarant cette étymologie « non étrangère aux lois de la langue », Thesaurus linguæ heb., p. 1044. Fürst traduit le mot par dem Volke Zugehöriger, « qui appartient au peuple, » Hebräisches Handwörterbuch, Leipzig, 1876, t. ii, p. 158, et Delitzsch trouve entre ‘Ammǒn, « rejeton du peuple, » et ‘Am, « peuple, » la même analogie qu'entre ‘agmôn, « jonc, » proprement : « rejeton de l'étang, » et ‘àgâm, « étang. » Keil et Delitzsch, Biblical Commentary, The Pentateuch, trad. anglaise, t. i, p. 238. Nous retrouvons ce nom sous la même forme dans les inscriptions assyriennes : Bit-Ammân, écrit Am-ma-na (ni), forme semblable à celle de Bit-Humri, « la maison d'Amri, » c'est-à-dire la Samarie. Ammon semble ainsi considéré