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AMMON (FILS DE LOT) — AMMON (PAYS)

2. AMMON (hébreu : Ben-ʿAmmî ; Septante : Ἀμμάν), flls de Lot et de sa plus jeune fille, et père des Ammonites. Gen., xix, 38. Le texte hébreu porte simplement : « Et elle appela son nom Ben-Ammi, » ce que la Vulgate a traduit avec paraphrase explicative : « Et elle appela son nom Ammon, c’est-à-dire, fils de mon peuple. » Les Septante ajoutent de même : λέγουσαί Υἰὸς γένους μου, « disant : Fils de ma race. » Ce nom n’a une signification personnelle qu’en ce seul endroit de l'Écriture ; partout ailleurs il a un sens ethnographique. Les descendants d’Ammon sont appelés : benê-'Ammôn, « fils d’Ammon. » Voir Ammonites.

3. AMMON, peuple. Les descendants d’Ammon, les Ammonites, sont appelés le plus souvent, dans l'Écriture, « les fils d’Ammon », benê 'Amman, Num., xxi, 24, etc. ; deux fois seulement Ammon tout court. I Reg., XI, 11 ; Ps. lxxxii, 8. Voir Ammonites.

4. AMMON (Pays d'), AMMONITIDE (hébreu : ʾÉréṣ benê-ʾAmmôn, « terre des fils d’Ammon, » Deut., ii, 19, 37 ; Jos., xiii, 25 ; Jud., xi, 15 ; II Reg., x, 2 ; I Par., xix, 2 ; xx, 1 ; Septante : γῆ υἱῶν Ἀμμών, dans les mêmes passages ; Ἀμμανίτις χώρα II Mach., iv, 26 ; Ἀμμανίτις ; , II Mach., v, 7), contrée située à l’orient de la mer Morte et du Jourdain inférieur, occupée par les Ammonites. Leur territoire n’a pas toujours eu la même étendue, mais a été différent à deux époques distinctes de leur histoire. Voir la carte (fig. 119).

1° Ils s'établirent originairement sur le territoire qu’ils enlevèrent à certaines races primitives appelées Zomzommim, Deut., ii, 20-21 ; mais dont ils furent chassés à leur tour par Séhon, roi des Amorrhéens, Jud., xi, 13, 19-22 ; territoire finalement conquis par les tribus de Ruben et de Gad. Deut., iii, 16. La relation de ces conquêtes successives nous permet de délimiter exactement le premier établissement des enfants d’Ammon. Il était compris entre l’Arnon (Ouadi el-Modjib) au sud, le Jaboc (Nahr Zerqa) au nord, le Jourdain et la mer Morte à l’ouest, Jud., xi, 13 : la frontière méridionale seule est un peu vague, confondue qu’elle est parfois dans - l'Écriture avec celle de Moab. Ce pays correspondait donc à celui qu’on appelle aujourd’hui El-Belka, et qui, dans son ensemble, s'étend sur une longueur de 80 à 100 kilomètres du nord au sud, avec une élévation générale d’environ 1 000 mètres. Descendant comme une muraille à pic vers le lac Asphaltite, le terrain se déroule vers l’est comme un immense plateau légèrement ondulé, entrecoupé de bois et de pâturages, creusé par de nombreux courants permanents ou temporaires, qui descendent au Jourdain ou à la mer Morte, et sillonnent la plaine de ravins profonds. C’est une des plus belles parties de la Syrie. On comprend que la perte d’un tel pays ait laissé au cœur des Ammonites un regret aussi constant que vif, et qu’ils aient sans cesse cherché à le reconquérir. Voir Amorrhéens ; Moab. Ce n’est pas là, en effet, qu’ils habitèrent le plus longtemps.

2° Vaincus par les Amorrhéens, ils furent obligés de se retirer vers l’est, dans une contrée qu’il est moins facile de déterminer, et qui est moins connue des explorateurs. Cependant, d’après les limites des tribus de Ruben et de Gad, telles qu’elles sont exposées, Num., xxxii, 34-38 ; Jos., xiii, 15-28, on pourrait, croyons-nous, indiquer la frontière occidentale d’Ammon par une ligne partant d’Aroër au sud, passant à l’est d’Hésébon et à l’ouest de Rabbath - Ammon, pour se terminer au Jaboc. Cette démarcation nous semble confirmée par les passages suivants : « Et aux tribus de Ruben et de Gad j’ai donné, de la terre de Galaad, jusqu’au torrent d’Arnon, au milieu du torrent, et les confins jusqu’au torrent de Jaboc, qui est la frontière des fils d’Ammon, » Deut., iii, 16 ; « Moïse donna aussi à la tribu de Gad et à ses enfants… la moitié de la terre des fils d’Ammon. » Jos., xiii, 24-25. Les Ammonites auraient ainsi, pendant la plus grande partie de leur histoire, occupé un territoire dont la limite occidentale, dans la direction que nous venons d’indiquer, aurait été parallèle au Derb el-Hadj actuel ou route des Pèlerins de la Mecque. Quant à la limite orientale, elle aurait confiné au désert d’Arabie. Ces parages, du reste, conviennent très bien à un peuple nomade comme celui dont nous parlons. On y trouve de vastes plaines herbeuses, et les flancs des collines sont creusés de puits maintenant à demi comblés ou à sec. La route des Pèlerins traverse vers le nord un pays accidenté où naissent de nombreux ouadis, qui se dirigent de l’est à l’ouest. Le pays cependant a dû être très habité à une certaine époque, comme l’attestent les ruines d’Oumm el-Reçâs, de Khanez-Zébib, d’Oumm el-Ouéléd, de Zîza, de Machilta, sans parler de celles d’Amman. Cf. H. B. Tristram, The Land of Moab, 2e édit., Londres, 1874, p. 138-216.


110. — Carte du pays d’Ammon.

Chose digne de remarque, l'Écriture, qui se plaît à énumérer les villes de Moab (voir en particulier Jérémie, xlviii), ne mentionne point celles d’Ammon. Elle nous dit seulement que Jephté « frappa d’un désastre immense vingt villes depuis Aroër jusqu'à Minnith et jusqu'à Abel, qui est plantée de vignes », Jud., xi, 33. M. Tristram, ouv. cité, p. 139-140, a découvert cette dernière localité. Voir Abel-Keramîm. Nous lisons également que David infligea « à toutes les villes des fils d’Ammon » les mêmes représailles qu'à Rabbath. II Reg., xii, 31. En somme, c’est autour de cette capitale que semble se concentrer toute la vie du peuple ammonite. Sa situation, du reste, en faisait un des plus puissants remparts de la frontière occidentale. Ses ruines, conservant encore aujourd’hui, avec le nom ancien d’Amman, les débris de son antique splendeur, couvrent un espace assez étendu sur les deux rives de l’ouadi Amman, affluent du Jaboc supérieur. La colline qui au nord domine la vallée comprenait la ville haute