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AMMAH — AMMON (DIEU)

II Reg., ii, 24. « À un âge pastoral où chaque colline, chaque arbre, pour ainsi dire, portait un nom propre, cette colline devait certainement avoir le sien : c’est donc un nom propre qu’il faut lire ici. » F. de Hummelauer, S. J., Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 280. C’est ainsi que l’ont compris la plupart des versions, la Peschito et l’arabe, en traduisant Gabaath maris (peut-être les interprètes ont-ils lu yam ou yammâh au lieu d’Ammàh) ; le Targum de Jonathan et Josèphe en rendant plus exactement : « la colline d’Amta, » ou « le lieu appelé Ἀμματαν, Ant. jud., VII, 1, 3 ; enfin les Septante en se conformant davantage encore à l’hébreu : « la colline d’Amman. » Théodotion (ὑδραγωγός) est d’accord avec la Vulgate, qui nous donne : « la colline de l’aqueduc. » Eusèbe s’est contenté d’ajouter au nom propre 'A[iiâ ces mots mêmes du texte sacré : ὁδος ἐρήμου Γαϐαών, « le chemin du désert de Gabaon, » Onomasticon, 1870, p. 226 ; et saint Jérôme : « Amma, in desertum euntibus Gabaon. » Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 873.

Cette colline était « vis-à-vis de la vallée sur le chemin du désert de Gabaon ». II Reg., Il, 24. Ici encore les versions diffèrent : la Vulgate, Symmaque et Théodotion ont lu גיא ou גיא, gê', « vallée, » tandis que les Septante, le Targum de Jonathan, le syriaque et l’arabe, ont fait un nom propre de l’hébreu גיח, gîah, que J. Fürst, Hebraïsches und Chaldaïsches Handwörterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 257, et Gesenius, Thesaurus linguæ heb., p. 281, rapprochent du mot « source » en raison de l'étymologie « jaillir ». De quelque manière que le mot soit considéré, il n’est d’aucun secours pour déterminer l’emplacement d’Ammah. Tout ce que nous pouvons supposer, c’est que cette colline devait se trouver à l’est ou au nordest de Gabaon, puisque Abner s’en alla avec ses gens à Mahanaïrn (d’après l’hébreu), au delà du Jourdain. II Reg., Il, 29. Le « désert de Gabaon » indique probablement les steppes qui s'étendent à l’est d’El-Djib.

A. Legendre.

3. 'AMMÂH. Nom hébreu de la coudée. Voir Coudée.

AMMANITE, du pays d’Ammon. La Vulgate porte dans plusieurs passages, III Reg., xiv, 21, 31 ; II Par., xii, 13 ; xxiv, 26 ; II Esdr., ii, 10, 19 ; iv, 3, 7, Ammanites, Ammanitis, au lieu & Ammonites, Ammonitis, qui est la véritable orthographe. Voir Ammonites.


AMMANITIDE (Vulgate : Ammanitis), nom donné dans nos éditions latines, au lieu d’Ammonitide, au pays d’Ammon, dans le second livre des Machabées, iv, 26 ; v, 7. Voir Ammon 4.


AMMAUS, ville de Palestine 1. Notre Vulgate appelle ainsi une des villes fortifiées par Jonathas Machabée, dans I Mach., ix, 50, mais ailleurs elle la nomme Emmaüs, I Mach., iii, 40, 57 ; IV, 3. Elle fut appelée plus tard Nicopolis. Le texte grec écrit partout 'EnnaoïV. Elle est connue sous le nom d’Emmaüs, aujourd’hui Amouas. Voir Emmaüs.

AMMI (ʿammî), mot hébreu qui signifie « mon peuple », et qui est donné figurativement par le Seigneur, Ose., ii, 1, au peuple juif, pour annoncer qu’il demeurera son peuple, Ose., ii, 24, malgré les châtiments qu’il lui infligera, et quoique le fils du prophète ait reçu le nom de L'ô-'ammî, « non mon peuple », pour prophétiser ces châtiments. Ose., i, 9-10. La Vulgate n’a pas conservé ces noms propres sous leur forme hébraïque, mais les a traduits d’après leur signification par Populus meus et Non populus meus.

AMMIEL (hébreu ʿAmmiʾêl, « de la famille de Dieu, » c’est-à-dire « serviteur de Dieu [?] ; » Septante : Ἀμιήλ.

1. AMMIEL, fils de Gémal, de la tribu de Dan, fut un des douze espions envoyés par Moïse pour explorer le pays de Chanaan. Num., xiii, 13.

2. AMMIEL (Vulgate, II Reg., xvii, 27 : Ammihel), père de Machir, de la ville de Lodabar, dans la tribu de Siméon. II Reg., ix, 4, 5 ; xvii, 27.

3. AMMIEL, le sixième fils d’Obédédom et lévite, portier du temple sous David. I Par., xxvi, 5.

4. AMMIEL, I Par., iii, 5, père de Bethsabée, appelé Éliam ; II Reg., xi, 3. Voir Éliam 1.


AMMIHEL, II Reg., xvii, 27, père de Machir. Voir Ammiel 2.


AMMISADDAÏ (hébreu : ʿAmmîšaddâï, « de la famille du Tout-Puissant, c’est-à-dire serviteur du Tout-Puissant [?] ; » Septante : Ἀμισαδαΐ), père d’Ahiézer, qui était chef de la tribu de Dan au temps de l’Exode. Num., i, 12 ; ii, 25 ; vii, 66, 71 ; x, 25.


AMMIUD, hébreu : ʿAmmîhûd, pour ʿAmmîyehûd, « allié à Juda ou à l’honneur. »

1. AMMIUD (Septante : Ἐμιούδ, Ἀμιούδ), Éphraïmite, père d'Élisama, qui fut chef de sa tribu au temps de l’Exode. Num., i, 10 ; ii, 18 ; vii, 48, 53 ; x, 22 ; I Par., vii, 26.

2. AMMIUD (Septante : Σεμιούδ), Siméonite, père de Samuel, qui fut du nombre des princes des tribus choisis pour faire le partage de la Terre Promise. Num., xxxiv, 20.

3. AMMIUD (Septante : Ἰαμιούδ), Père de Phedaël, qui fut chef de la tribu de Nephthali à l'époque du partage de la Palestine. Num., xxxiv, 28.

4. AMMIUD (hébreu : ʿAmmîḥûr ; le Keri porte ʾAmmîḥûd ; Septante : Ἐμιούδ), père de Tholmaï, roi de Gessur. II Reg., xiii, 37.

5. AMMIUD (Septante : Σαμιούδ), fils d’Amri, descendant de Phares, et père d’Othéi, un des premiers habitants de Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 4.

1. AMMON, dieu égyptien, honoré à Thèbes. Son nom ne se lit pas dans la Vulgate ; mais dans le texte hébreu de Nalium, iii, 8, la ville de Thèbes est appelée NôʾAmôn, « l’habitation du dieu Ammon. » (Voir NôʾAmon.) Quelques exégètes ont cru retrouver aussi le nom d’Ammon dans Jérémie, xlvi, 5, où le texte original porte : אםזן סנא, 'amôn min-nô' ; mais le prophète ne fait probablement qu’un jeu de mots, et il faut traduire, non pas « Ammon de Thèbes », mais « la multitude de Thèbes ». Ezéchiel fait sans doute un jeu de mots semblable, xxx, 4, 10, 15 (seulement le mot qui signifie multitude est écrit הטזן, hâmon, et non אםזן, 'âmôn). Les Grecs appelèrent le dieu égyptien Ἄμμων d’où est venu notre appellation française. La forme égyptienne ancienne est Amen, qui signifie « caché, mystérieux ». Plutarque, De Isid. et Osir., ix ; Champollion, Dictionnaire égyptien, p. 197 ; Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, p. 35.

Ammon était le dieu suprême de la ville de Thèbes. Il y était adoré comme Amen-Ra ou Ammon-le-Soleil. C’est le titre qu’il porte sur les monuments thébains, à partir de la XIe dynastie égyptienne. On le représentait soit debout, soit assis, vêtu de la schenti (sorte de pagne attaché au moyen d’un ceinturon), portant un collier au cou, ayant sur la tête la couronne dite rouge, insigne de la domination sur le nord de l’Égypte. Deux grandes plumes, qui semblent être celles de la queue de l'épervier