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AMÉTHYSTE — AMIATINUS (CODEX)


très transparente, d’un rouge violacé. On en distingue deux espèces : l’améthyste orientale et l’améthyste occidentale, dont la composition est très différente, mais que les anciens ont confondues et nommées de même à cause de leur apparente ressemblance. L’améthyste orientale, la plus rare, la plus belle, d’une dureté qui égale presque celle du diamant, contient quatre-vingt-dix pour cent d’alumine, du fer et de la silice ; elle n’est qu’une variété violette du saphir. L’améthyste occidentale est la plus commune ; c’est une variété de quartz. Elle se laisse facilement tailler, comme le remarque Pline, H. N., xxxvii, 9 ; aussi les anciens s’en servaient-ils beaucoup pour faire des bagues et des camées.

J. Thomas.

AMHARIQUE (VERSION) DE LA BIBLE. — L’amharique est un dialecte sémitique corrompu, mêlé de mots africains, et ainsi appelé de la province d’Amhara, en Abyssinie. Il commença à supplanter le ghez dans ce pays, vers l’an 1300, et on le parle aujourd’hui dans presque toute l’Abyssinie. Les missionnaires catholiques furent les premiers qui essayèrent de traduire en amharique des parties de l'Écriture ; mais leurs travaux n’ont jamais été imprimés. La Bible fut traduite pour la première fois, en entier, de 1810 à 1820, par Asselin de Cherville, consul de France au Caire, aidé d’un vieillard appelé Abou-Roumi. Sa traduction fut achetée par la Société biblique de la Grande-Bretagne, et revue par J. P. Platt, qui fit paraître les Évangiles, en 1824, et le Nouveau Testament complet, en 1829. L’Ancien Testament parut en 1840, et une édition complète de la Bible, en 1842. La Société biblique a publié en 1875 une édition nouvelle, revue par le Dr Krapf, avec le concours de plusieurs Abyssiniens. Voir The Bible of every land', in-4°, Londres (1860), p. 61.


1. AMI (hébreu : ʿÂmî ; Septante : Ἠμεΐ), Chananéen, un des « serviteurs », c’est-à-dire des tributaires de Salomon, III Reg., ix, 20, 21, chef d’une famille qui revint de Babylone avec Zorobabel. I Esdr., ii, 57. Il est appelé Amon, II Esdr., vii, 59. Ami paraît n'être qu’une forme altérée d’Amon.

2. AMI.
1° Ce mot a le plus souvent dans l'Écriture le même sens que dans le langage ordinaire, c’est-à-dire qu’il désigne celui qui est attaché à un autre par des liens d’affection, comme les amis de Job (rêʿîm). Job, ii, 11, etc. Voir Prov., xviii, 17, 24 ; Eccli., vi, 1, 7-17 ; ix, 14-15, etc.
2° Ami, dans la Bible, signifie aussi celui qui est dans les bonnes grâces de quelqu’un ; c’est ainsi qu’Abraham est appelé « l’ami de Dieu ». Jac, ii, 23 ; II Par., xx, 7 ; Is., xli, 8 ; Ps. cxxxviii, 17 ; Judith, viii, 22. Cf. Prov., xxii, 11 ; Joa., xix, 12.
3° Il signifie également « le prochain » : Diliges amicum tuum sicut teipsum. Lev., xix, 18. 4° Ceux qui exercent les mêmes fonctions. Zach., iii, 8.
5° Au vocatif, en s’adressant à une personne qu’on ne connaissait pas, on l’appelait « ami », ἑταῖρε, comme cela se fait dans presque toutes les langues. Matth., xx, 13 ; xxii, 12. — Le mot ami a encore quelques autres acceptions tout à fait particulières et qu’il importe de remarquer.
6° « L’ami de l'époux, » ὁ φίλος τοῦ νυμφίου, Joa., iii, 29 ; cf. Jud., xiv, 20 ; xv, 2 ; Cant., v, 1 ; I Mach., IX, 39, était chez les Juifs à peu près ce qu'était le paranymphe chez les Grecs, il était chargé, quand les fiançailles avaient été conclues, de servir d’intermédiaire entre les futurs époux, auxquels l’usage ne permettait pas de se voir avant le mariage ; de plus il s’occupait des préparatifs des noces et des fêtes qui les accompagnaient. Les rabbins l’appellent šošbên, c’est-à-dire « fils de la joie », d’après l’interprétation de Grimm, Clavis Novi Testamenti philologica, 1802, p. 448. Voir Buxtorf, Lexicon chaldaicum et talmudicum, édit. Fischer, p. 1257 ; Schemot rabba, p. 46 ; Baba bathra, p. 144 6.
7° Une autre acception à noter du mot ami, c’est celle d' « ami du roi ». On donnait ce titre, en Palestine, au conseiller le plus intime du roi. Chusaï était en ce sens « l’ami de David », II Reg., xv, 37 ; xvi, 16 ; I Par., xxvii, 33 ; Zabud, celui de Salomon, III Reg., iv, 5. On trouve une dénomination analogue à la cour des pharaons, où certains officiers égyptiens sont ainsi désignés : suten smer, « ami du roi », smer ua, « ami unique ». Dans les deux livres des Machabées, I Mach., ii, 18 ; iii, 38 ; vi, 10, 14, 28 ; vii, 6, 8 ; x, 16, 19-20, 65 ; xi, 26, 27, 57 ; xii, 43 ; xiii, 36 ; xiv, 39 ; xv, 28, 32 ; II Mach., i, 14 ; vii, 24 ; viii, 9 ; x, 13 ; xi, 14 ; xiv, 11, φίλος τοῦ βασιλέως ; est le titre officiel donné par les Séleucides aux personnes qui avaient leur confiance, et en particulier aux dignitaires de la cour, qui remplissaient les grandes fonctions militaires et administratives. Cf. Polybe, Hist., xxxi, 3, 7, 16 ; 19, 2, édit. Teubner, 1868, t. iv, p. 2, 3, 17 ; Appien, Syr., 46. Parmi « les amis du roi », on distinguait les « premiers » ou principaux, οἱ πρῶτοι φίλοι, titre supérieur à celui de simple ami. I Mach., x, 65 ; xi, 27 ; II Mach., viii, 9. Alexandre Ier Balas conféra d’abord à Jonathas Machabée le titre d' « ami du roi, » I Mach., x, 19-20, et ensuite celui de « premier ami du roi. » I Mach., x, 65. Démétrius II Nicator lui confirma cette dignité. I Mach., xi, 27. — Cet usage d’appeler « amis du roi » les principaux de la cour paraît avoir existé dès le temps d’Alexandre (Diodore de Sicile, xvii, 54, 55, édit. Teubner, 1867, t. iii, p. 446, 447) ; il était aussi usité en Égypte chez les Lagides, III Mach., ii, 23, 25 ; v, 3, et c’est à cause de cette coutume que les Septante ont rendu par le mot « ami », φίλος, l’hébreu ṡar, « prince, chef, conseiller du roi, » dans plusieurs passages. Esth., i, 3 ; ii, 18 ; vi, 9. Voir aussi Dan., iii, 91, 94 ; v, 23. Il faut observer, au sujet de Daniel, que la version de ce prophète, qui est dans nos éditions ordinaires des Septante, est celle de Théodotion. Voir la véritable traduction des Septante, qui porte φίλοι aux passages cités, dans C. de Tischendorf, Vetus Testamentum græce, 7e édit., Leipzig, 1887, t. ii, p. 597, 601. Théodotion a traduit par « puissants », μεγιστᾶνες, Dan., iii, 91 ; v, 23 ; δυνάσται, iii, 94.
8° Enfin, dans le premier livre des Machabées, le mot « ami » est employé aussi dans le sens officiel d' « allié », que les Romains donnaient à ce titre : φίλος καὶ σύνμαχος Ρωμαίων, socius et amicus populi Romani. I Mach., viii, 20, 31 ; xiv, 40 ; xv, 17 ; cf. xiv, 18. Cf. Suétone, Cæsar, xi ; August., lx ; Tite-Live, vii, 3 ; xxxvii, 54 ; Em. Kuhn, Die städtische und bürgerliche Verfassung des römischen Reichs, 2 in-8°, Leipzig, 1864-1865, t. ii, p. 21-33 ; O. Bohn, Qua condicione juris reges socii populi Romani fuerint, in-8°, Berlin, 1877, p. 11-14 ; Th. Mommsen, Römisches Staatsrecht, t. iii, 1887, p. 659 ; Corpus inscript, græc. t. iv, n° 5885, p. 770. — Au Psaume cvii, 10 (hébreu, cviii, 10), la Vulgate emploie le mot « amis » dans ce sens latin d’alliés : « Les étrangers (c’est-à-dire les Philistins) sont devenus mes amis », là où l’original porte : « Je soumettrai le pays des Philistins ». — L’usage qu’ont fait les deux livres des Machabées du mot φίλος, amicus, dans sa double acception gréco-macédonienne et romaine, est digne d’attention, parce qu’il est une preuve de l’exactitude historique des auteurs qui les ont écrits.

F. Vigouroux.


AMIATINUS (CODEX). Ce manuscrit, le plus célèbre sinon le plus ancien de la Vulgate hiéronymienne, appartient à la bibliothèque Laurentienne, à Florence. Il est coté Amiatinus I, parce que c’est un des manuscrits qui ont été apportés de l’abbaye de Monte-Amiato, près de Sienne, à ladite bibliothèque, lors de la suppression de l’abbaye, en 1786. L'écriture est onciale et de calligraphie italienne. Le parchemin est partagé en cahiers de huit feuillets chacun ; chaque page a deux colonnes de texte, chaque colonne quarante-quatre lignes. Les initiales des versets ou stiques sont en saillie sur la marge de toute leur largeur. Aucune ponctuation ; le texte est coupé par des alinéas à chaque stique. Point de grandes initiales