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AMEN — AMENDE

de ce passage, le mot amen est toujours employé dans le texte hébreu comme adverbe, rarement au commencement d’une phrase, III Reg., i, 36 ; Jer., xxviii, 6 ; ordinairement à la fin, dans le sens de « que cela soit ferme, qu’il en soit ainsi », γένοιτο, comme traduisent les Septante, III Reg., i, 36 ; Jer., xxviii, 6. Il est placé dans la bouche d’une personne, III Reg., i, 36 ; Jer., xi, 5 ; Num., v, 22, etc., ou du peuple tout entier, qui donne par là son adhésion à ce qui vient d’être dit, en marquant aussi par ce terme le souhait que ce qui a été dit s’accomplisse. Deut, xxvii, 15-26 ; I Par., xvi, 36 ; II Esdr., v, 13 ; viii, 6. Dans plusieurs passages, amen exprime l’acquiescement de celui qui le prononce à un serment ou à une malédiction. Num., v, 22 ; Deut., xxvii, 15-26. Dans d’autres, c’est l’expression du vœu que ce qui vient d’être demandé dans une prière soit accordé par Dieu, comme dans la doxologie finale des quatre premiers livres des Psaumes : Ps. xl, 14 ; lxxi, 19 ; lxxxviii, 53 ; cv, 48. (La Vulgate, qui a conservé ailleurs le mot amen, a dans les Psaumes, à la place de cet adverbe, le mot fiat, parce qu’elle ne traduit pas directement l’hébreu, mais le grec des Septante, qui porte : γένοιτο.) Tous ces versets des Psaumes (les trois premiers seulement dans l’hébreu, Ps. xli, 14 ; lxxii, 19 ; lxxxix, 53) ont un amen ou fiat répété, pour donner plus de force à cette locution. Ce redoublement se voit déjà dans les Nombres, v, 22. Quand Esdras bénit solennellement le peuple, celui-ci répond aussi deux fois : amen, amen. II Esdr., viii, 6.

II. Dans le Nouveau Testament.

1° Notre-Seigneur, dans ceux de ses discours que nous ont conservés les Évangiles, se sert fréquemment du mot amen, au commencement de ses phrases, dans un sens qui lui est propre et qu’on ne retrouve pas ailleurs dans la littérature hébraïque. Il dit vingt-huit fois dans saint Matthieu, treize dans saint Marc, sept dans saint Luc : Ἀμὴν λέγω σοι (ὑμῖν) « En vérité je vous le dis, » et vingt-six fois dans saint Jean, en redoublant le mot : Ἀμὴν ἀμήν. Cette répétition a la valeur d’un superlatif : « Je vous dis très certainement, en toute vérité. »

2° En dehors de cette acception du mot amen, qui est spéciale à Notre-Seigneur, nous trouvons cette particule employée dans le Nouveau Testament comme dans l’Ancien, avec la signification : « qu’il en soit ainsi. » Rom., i, 25 ; ix, 5 ; xi, 36, etc. ; Gal., i, 5 ; Eph., iii, 21 ; Phil., iv, 20 ; I Tim., i, 17 ; Hebr., xiii, 21 ; I Petr., iv, 11 ; Apoc, i, 6, 7 ; v, 14, etc. Cf. Luc, xxiv, 53, et la conclusion du Pater noster. Matth., vi, 13.

3° Saint Jean, dans l’Apocalypse, appelle Jésus-Christ « l’Amen (ὁ Ἀμὴν), le témoin, le fidèle, le véridique ». Apoc, iii, 14. C’est sans doute une réminiscence d’Isaïe, lxv, 16, et peut-être aussi du Maître, qui aimait à dire dans ses discours : Amen, amen, et en vérité je vous le dis. » « Le fidèle et le véridique » sont l’explication du mot « l’Amen ».

4° Dans la primitive Église, dès l’âge apostolique, à l’exemple de la synagogue, l’usage s’introduisit dans les assemblées des fidèles que tous les assistants répondissent amen aux prières du célébrant, afin de s’unir à lui et de s’approprier ce qu’il venait de dire au nom de tous. Saint Paul fait allusion à cette coutume. I Cor., xiv, 16, et II Cor., i, 20. Dans le premier passage, il dit : « Si vous priez seulement de cœur, comment celui qui tient la place du peuple pourra-t-il répondre amen à votre prière, puisqu’il n’entend pas ce que vous dites ? » Le second passage est diversement interprété ; il offre même des leçons différentes dans le texte grec ; mais d’après la plupart des commentateurs, d’accord en cela avec la Vulgate et avec plusieurs manuscrits grecs importants (voir C. Tischendorf, Novum Testamentum græce, editio critica minor viiia, p. 792), il doit se traduire ainsi : « Toutes les promesses de Dieu sont en lui : oui (c’est-à-dire sont exécutées fidèlement), c’est pourquoi par lui aussi nous disons amen à Dieu [comme nous le faisons à la fin des prières publiques], pour lui rendre gloire, » par la ferme confiance que nous manifestons en ses promesses.

L’usage de terminer par amen les prières liturgiques était donc déjà connu de tous du temps de saint Paul, puisqu’il le rappelle dans ses Épitres sans avoir besoin d’en donner aucune explication particulière. Les premiers chrétiens exprimaient ainsi leur foi et leur participation à la prière du prêtre. Saint Jérôme rapporte que les fidèles de Rome prononçaient l'Amen à si haute voix et en si grand nombre, qu’on aurait cru entendre le roulement du tonnerre : « Ad similitudinem cselestis tonitrui Amen reboat. » Comm. in Gal., 1. ii, proœm., t. xxvi, col. 355. Cf. S. Justin, Apol., i, 65, t. vi, col. 428 ; Denys d’Alexandrie, dans Eusèbe, H. E., vii, 9, t. xx, col. 656 ; S. Cyrille de Jérusalem, Catech., xxiii, 18, t. xxxiii, col. 1124 ; Constit. apost., viii, 13, t. i, col. 1108 ; Tertullien, De spect., 25, t. i, col. 657 ; S. Ambroise, Enarr. in Ps. xl, 36, t. xiv, col. 1084 ; S. Augustin, De Doctrina christiana, ii, 11, t. xxxiv, col. 42 ; De catech. rudibus, i, 9, 43, t. xl, col. 320, etc.

Voir Brunner, De voce Amen, Helmstädt, 1678 ; Weber, De voce Amen, Iéna, 1734 ; Wernsdorf, De Amen liturgico, Wittemberg, 1779 ; Fogelmark, Potestas verbi Amen, Upsal, 1761 ; Bechler, Horæ philologicæ in Amen, Wittemberg, 1687 ; Vejel, 'De vocula Amen, Strasbourg, 1681.

F. Vigouroux.

AMENDE dans la loi mosaïque. — Dans le sens strict du mot, l’amende se distingue de la réparation d’un dommage causé, et s’entend d’une somme d’argent qu’un délinquant est condamné à payer, en punition de sa faute, soit au fisc, soit à quelque institution publique, rarement à des particuliers. Ainsi entendue, l’amende se rencontre à peine dans la législation mosaïque, sous laquelle il n’y avait pas de fisc organisé. La peine pécuniaire qui ressemble le plus à l’amende est celle qui est portée dans le Lévitique, v, 15-16. Si, par une erreur coupable, un Israélite frustre le sanctuaire de quelque redevance imposée, comme dîmes, prémices, etc., il doit, outre l’offrande d’un bélier en sacrifice, réparer tout le tort causé, et « de plus payer au prêtre une somme équivalente au cinquième de la dette ». Comme le texte distingue ici clairement la réparation du dommage et le payement d’une somme supplémentaire, au profit d’un personnage public, cette dernière peine ne peut guère être qu’une amende.

Plusieurs auteurs donnent aussi le nom d’amendes aux peines pécuniaires portées dans les textes suivants :

1° Quand un délit est soumis à la loi du talion, on peut échapper à la sanction pénale en payant une certaine somme fixée par la partie lésée. Exod., xxi, 23-25, 30 ;

2° « Si un taureau, frappant de la corne, tue un homme ou une femme, ou bien leur fils ou leur fille, le propriétaire qui, dûment averti du vice de son animal, a négligé de le garder, peut échapper à la peine de mort en payant la somme fixée par les parents de la victime ; si la victime est un esclave, le propriétaire payera à son maître trente sicles d’argent. » Exod., xxi, 29-32.

3° Si, dans une querelle, un homme frappe une femme enceinte et la fait avorter, il payera la somme fixée par des arbitres et par le mari. Exod., xxi, 22.

4° L’homme qui porte une atteinte grave à la réputation d’une femme qu’il vient d’épouser doit payer cent sicles d’argent au père de cette femme. Deut., xxil, 19. Cf. Jahn, Archæologia Biblica, § 242, dans Migne, Scripturæ Sacræ cursus completus, t. ii, col. 972 ; Glaire, Introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, 1843, t. ii, p. 453. Comme ces sommes d’argent sont payées exclusivement à la personne lésée, et qu’elles ont pour but évident de réparer un dommage, auquel d’ailleurs elles sont proportionnées, dans ces cas et autres semblables, il s’agit moins d’amendes que de compensations ou réparations pécuniaires. Voir Dommage.

S. Many.

1. AM ENDE Johann Gottfried, né à Voigtsberg, le 22 août 1752, mort le 17 février 1821, surintendant à Neustadt, sur l’Orla, a publié Pauli Epistola ad Philippen-