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AMBROISE DE LISIEUX — AME

Apostolorum, omnes Epistolas Pauli, atque septem catholicas.

P. Apollinaire.

5. AMBROISE DE NAPLES, religieux augustin, et évêque-administrateur, depuis 1517, du diocèse de Mantoue, vivait encore en 1524. Il fut un des meilleurs prédicateurs et des plus habiles docteurs de son temps. Il composa, entre autres ouvrages, De genitura mundi, ubi sex dierum opera explicantur ; Conciones super Salutationem angelicam et canticum B. Mariæ ; De tribus Magdalenis et unica Magdalena. Ces écrits se sont conservés manuscrits dans la bibliothèque de Sainte-Agnès de Mantoue. Voir N. Toppi, Biblioteca napoletana, in-f°, Naples, 1678, p. 11 ; J. Chr. Adelung, Fortsetzung und Ergänzungen zu Chr. G. Jöchers Allgemeinem Gelehrten-Lexicon, t. i, Leipzig, 1784, col. 709.

6. AMBROISE THÉSÉE. Voir AMBROGIO.

7. AMBROISE MILLET. Voir Millet AMBROISE.

AMBROSIASTER ou Pseudo-Ambroise. On désigne ordinairement sous ce nom l’auteur inconnu des Commentaria in tredecim Epistolas B. Pauli, qui ont été longtemps attribués à saint Ambroise de Milan. (Dans Migne, Patr, lat., t. xvii, col. 47-536.) Ils expliquent en général brièvement, mais non sans mérite, les Épîtres de l’Apôtre. Le commentateur dit expressément qu’il vivait du temps du pape Damase, in I Tim., iii, 15, t. xvii, col. 471, par conséquent de 366 à 384. C’est tout ce qu’on sait de lui. Hincmar de Reims, vers 870, attribua le premier cet ouvrage à saint Ambroise, et il fut suivi par Ives de Chartres († 1115), Pierre Lombard († 1164) et beaucoup d’autres. Erasme, en 1527, contesta cette attribution, et la plupart des critiques, entre autres les Bénédictins de Saint-Maur, dans Migne, Patr, lat., t. xvii, col. 39-41, ont adopté son opinion. P. A. Ballerini, dans son édition de saint Ambroise, a essayé néanmoins de lui restituer ces commentaires. S. Ambrosii Opera, Milan, 1876-1886, t. iii, p. 349-372, 971-974. Saint Augustin, Contra duas Epistolas Pelagianorum, iv, 4, n° 7, t. xliv, col. 614, cite un passage de ce commentaire, Rom., v, 12, t. xvii, col. 97, sous le nom de saint Hilaire ; ce qui est, outre les raisons tirées du style et de la doctrine, qui n’est pas toujours celle de saint Ambroise, une difficulté grave contre le sentiment de Ballerini.

En s’appuyant sur l’autorité de saint Augustin, plusieurs ont attribué les Commentaria à saint Hilaire de Poitiers († 368), mais cette opinion s’accorde peu avec le style de ce dernier. D’autres les ont attribués à un diacre romain du nom d’Hilaire, qui vivait du temps de saint Damase (voir S. Jérôme, Dial. cont. Luciferianos, 24, t. xxiii, col. 184), ou à un évêque de Pavie, du même nom et de la même époque, etc. Voir J. Langen, De Commentariorum in Epistolas Paulinas qui Ambrosii nomine feruntur scriptore, in-4°, Bonn, 1880. D’après J. Th. Plitt, dans Herzog et Plitt, Real-Encyklopädie, 2° édit., t. i, p. 330, les Commentaires de l’Ambrosiaster sont une compilation, œuvre de plusieurs moines, qui était déjà commencée en 380, ce qui explique comment l'évêque d’Hippone a pu déjà la citer, mais qui ne fut achevée sous sa forme actuelle que vers l’an 800, et elle est composée d’extraits, d’ailleurs bien choisis, de saint Augustin, de saint Jean Chrysostome, de saint Jérôme, etc. Quelque grande que soit la diversité des opinions sur l’origine de ces commentaires, tous les critiques s’accordent à reconnaître qu’ils sont remarquables.


ÂME dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. — Nous ferons connaître d’abord les noms de l’âme dans la Bible, nous étudierons ensuite les enseignements de la Sainte Ecriture sur la nature, l’origine et la destinée de l’âme.

I. Noms de l'âme dans la Bible.

L'âme est désignée dans l’hébreu de la Bible par différents noms qui ont des acceptions assez diverses. Elle est appelée néféš, nešâmâh, rûaḥ, et par métaphore lêb.

1° Le mot néféš (ordinairement dans les Septante : ψυχή ; dans la Vulgate : anima) vient du verbe nâfaš, respirer. Comme la respiration est le signe de la vie, on a désigné par ce mot la vie et le principe de vie. Entendu en ce sens, le néféš réside dans le sang, Gen., ix, 4, 5 ; Lev., xvii, 11 ; Deut., xii, 23, et il meurt, Jud., xvi, 30.

On a désigné par le même terme le principe commun, Exod., xxiii, 9 ; Job, xvi, 4 ; I Reg., i, 15 ; xx, 4 ; Prov., xii, 10, des sentiments, des passions, des pensées et de la science. On attribue au néféš l’affection, Gen., xxxiv, 3 ; Cant., i, 6 ; iii, 1-4 ; Is., xlii, 1 ; la joie, Ps. lxxxv, 4 ; la crainte, Ps. vi, 4 ; Is., xv, 4 ; la piété, Ps. lxxxv, 4 ; ciii, 1, 35 ; cxlii, 8 ; la confiance, Ps. lvi, 2 ; des désirs et des sentiments de toute sorte ; les souvenirs, Deut., iv, 9 ; Thren., iii, 20 ; les volontés, Gen., xxiii, 8 ; II Reg., iii, 21 ; I Par., xxii, 19 ; la connaissance, Ps. cxxxviii, 14 ; la science, Prov., xix, 2.

Par extension, on a nommé néféš tout être qui possède la vie animale, la personne, le cadavre des morts, Num., ix, 6 ; enfin ce terme exprimant la personne a été employé comme pronom réfléchi.

2° Le terme nešâmâh (ordinairement dans les Septante : πνοή ; dans la Vulgate : spiraculum, halitus, spiritus) a la même signification étymologique que néféš, et comme lui désigne tantôt le souffle vital, Gen., vii, 22 ; Job, xxvii, 3 ; Is., xlii, 5 ; Dan., x, 17 ; tantôt la vie et son principe, Is., lvii, 16 ; tantôt, suivant le sens le plus probable, le siège des sentiments, Prov., xx, 27 ; tantôt un être qui possède la vie animale. Deut., xx, 16 ; Jos., x, 40, xi, 11, 14 ; III Reg., xv, 29 ; Ps. cl, 6.

3° Le terme rûaḥ (ordinairement dans les Septante : πνεῦμα ; dans la Vulgate : spiritus) a le même sens étymologique que les deux précédents. Il exprime le souffle du vent, le souffle respiratoire, la vie animale et son principe, le principe des passions ou des résolutions, le principe de l’intelligence et de la sagesse, Exod., xxviii, 3 ; Is., xxix, 24. Il désigne en outre l’esprit de Dieu, Num., xxvii, 18 ; Deut., xxxiv, 9 ; Is., xi, 2, qui donne aux hommes la sagesse, l’habileté dans les arts, l’intelligence des songes, la connaissance des choses cachées, ou qui leur inflige des châtiments.

4° Le mot lêb (dans les Septante : καρδία ; dans la Vulgate : cor) signifie littéralement le cœur. Il est employé communément dans un sens métaphorique pour désigner le principe des sentiments, des résolutions et des pensées.

De temps en temps les termes néféš et ruaḥ sont opposés l’un à l’autre, le premier étant attribué aux animaux et le second aux hommes. Job, xii, 10. On ne peut en conclure que le mot néfés ne s’applique pas à l'âme spirituelle ; car parfois l'âme des morts est appelée néféš, Job, xiv, 22 ; mais, comme l’ont remarqué dom Calmet, Dissertation sur la nature de l'âme, art. 1, Nouvelles Dissertations, Paris, 1720, p. 56, et M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édition, t. iii, p. 112, l’esprit, rûaḥ, quand il n’est pas entendu dans le sens de souffle, s’applique toujours à l’homme ou à Dieu et jamais aux animaux. La Bible ne l’applique en effet à l'âme des animaux qu’en un seul texte, Eccl., iii, 21, où la comparaison entre l’homme et la bête amène naturellement l’auteur sacré à se servir des mêmes termes pour les deux.

Dans les livres de l’Ancien Testament, rédigés en grec, et dans ceux du Nouveau, les termes grecs ψυχή, καρδία et πνεῦμα ont le même sens que les termes hébreux qu’ils traduisent dans les Septante. Cependant le mot ψυχή y est employé plus souvent que l’hébreu néféš pour exprimer l’âme séparée du corps après la mort, Act., ii, 27 ; I Petr., iv, 19 ; Apoc, vi, 9 et xx, 4 ; cf. Matth., x, 39 ; xvi, 25, 26 ; Marc, viii, 35, 36, 37 ; Luc, ix, 24 ; Joa., xii, 25 ; II Cor., xii, 15 ; Hebr., x, 39 ; xiii, 17, et le mot πνεῦμα exprime d’une façon plus particulière les dons surnaturels de Dieu.