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AMASA — AMASIAS

le chaldéen. Cet homme, voyant que le peuple s’arrêtait pour regarder le cadavre, le transporta dans un champ voisin, et le couvrit d’un manteau. II Reg., xx, 6-13. Une fois de plus le glaive de la justice divine frappait, selon la prophétie de Nathan, II Reg., xii, 10, sur la maison de David, et cette fois encore c’est de cette maison même que partait le coup, car Joab et Amasa étaient l’un et l’autre neveux du roi. Cf. II Reg., xiii, 28 ; xviii, 14.

Ainsi périt Amasa, au moment où David venait de le tirer du long oubli dans lequel il.parait l’avoir laissé jusqu’alors, pour lui conférer la plus haute charge du royaume, et le traiter désormais comme un des membres les plus chers de sa famille. « N’es-tu pas l’os de mes os, et la chair de ma chair ? » lui avait-il fait dire après la mort d’Absalom. II Reg., xix, 13. Joab empêcha par son crime l’entière réalisation de ce dessein. David voulut du moins venger la mort d’Amasa, et s’il ne put le faire immédiatement, parce que les services de Joab, devenu d’ailleurs plus puissant que jamais, lui étaient nécessaires, il confia en mourant ce soin à Salomon. III Reg., ii, 5, 34.

E. Palis.

2. AMASA, Éphraïmite, fils d’Adali. De concert avec d’autres chefs de sa tribu, il s’opposa à ce qu’on fit entrer dans Samarie les prisonniers que les Israélites avaient faits sur les tribus de Juda et de Benjamin, sous le règne d’Achaz. Il obtint leur liberté et les renvoya avec tout le butin. II Par., xxviii, 12.

AMASAÏ , hébreu : ʿĂmâšaï, « onéreux, à charge. »

1. AMASAÏ (Septante : Ἀμεσσί, Ἀμαθί), fils d’Elcana, lévite de la branche de Caath. I Par., vi, 25, 35.

2. AMASAÏ (Septante : Ἀμασαί), chef des guerriers des tribus de Juda et de Benjamin, combattant sur des chars. Il s’attacha à David fuyant devant Saül, et devint dès lors un de ses généraux. I Par., xii, 18. On n’est pas d’accord sur la question de savoir s’il est le même qu’Amasa, neveu de David. Voir Amasa 1.

3. AMASAÏ (Septante : Ἀμασαῖ), un des prêtres qui sonnaient de la trompette devant l’arche, quand David la fit transporter dans la maison d’Obédédom, à Jérusalem. I Par., xv, 24.

4. AMASAÏ (Septante : Ἀμασί) lévite, père d’un Mahath qui vivait sous le règne d'Ézéchias. Il Par., xxix, 12. Ce n’est peut-être que le nom de la famille ; dans ce cas, ce serait un descendant d’Amasaï 1.

5. AMASAÏ ( hébreu : ʾAmṣi, « fort ; » Septante : Ἀμεσσία), lévite de la brandie de Mérari, fils de Boni et ancêtre d'Éthan. I Par., vi, 46.

AMASIAS, hébreu : ʿĂmaṣyâh, ʿĂmaṣyâhû, « Jéhovah fortifie ; » Septante : Ἀμεσσίας, Ἀμασίας, Ἀμεσσάς.

1. AMASIAS (hébreu : ʿĂmaṣyâh, IV Reg., xii, 21 ; xiv, 8 ; xv, 1, et ʿĂmaṣyâhû, IV Reg., xiv, 1, 9, 11 ; II Par., xxv, 1 ; Septante : Ἀμεσσίας), huitième roi de Juda, fils de Joas et de Joadan (appelée aussi Joaden, Il Par., xxv, 1). Il monta sur le trône la seconde année du règne de Joas, roi d’Israël, IV Reg., xiv, 1, et régna vingt-neuf ans, y. 2 (838-809). Malgré sa jeunesse, — il n’avait alors que vingt-cinq ans, II Par., xxv, 1, — il sut montrer autant de fermeté que de prudence pour réprimer l’anarchie qui avait suivi la mort de son père, tombé victime d’une révolte de palais, IV Reg., xii, 20. Fidèle, dans la répression du crime, à la loi qui portait : « Les pères ne mourront point pour leurs fils ni les fils pour leurs pères, mais chacun sera responsable de son péché, » Deut., xxiv, 16, il fit périr les meurtriers en laissant vivre leurs enfants, IV Reg., xiv, 6 ; II Par., xxv, 4, ce qui parut à cette époque une marque exceptionnelle de clémence. Cf. Hérodote, iii, 119 ; Ammien Marcellin, xxiii, 6 ; Quinte-Curce, v, ll, 20. Dans l’ensemble de sa conduite, sans pouvoir être comparé pour la rectitude et la sincérité à David, son aïeul, IV Reg., xiv, 3 ; II Par., xxv, 2 ; cf. III Reg., xi, 4, il fit cependant « ce qui était juste devant le Seigneur ». IV Reg., xiv, 3. Sentant que pour affermir son autorité il fallait d’abord réorganiser l’armée, il fit un recensement général de tous les jeunes gens de vingt ans et au-dessus, capables de porter le bouclier et de manier la lance. On en compta trois cent mille, parmi lesquels il établit une puissante hiérarchie, les sectionnant par familles, dont chacune était sous les ordres d’un chiliarque et de centeniers. II Par., xxv, 5. Le chiffre de trois cent mille ne peut paraître excessif, il est même peu considérable si on le compare à celui que fournit le recensement militaire fait par David, II Reg., xxiv, 9 ; I Par., xxi, o ; par Josaphat, II Par., xvii, 14-19, et par Asa, II Par., xiv, 8, à ce point qu’il faut recourir aux guerres sanglantes récemment faites contre les Arabes et les Philistins, II Par., xxi, 16-17, et contre les Syriens, II Par, xxii, 5 ; xxiv, 23-26, pour expliquer une telle diminution.

C’est peut-être pour combler ce déficit qu’Amasias, avec le consentement du roi d’Israël, enrôla, au prix de cent talents d’argent, environ 850 000 francs de notre monnaie, cent mille mercenaires israélites. II Par., xxv, 6. C’est la première armée de mercenaires dont il soit question dans la Bible. Il avait l’intention de les diriger, avec ses propres troupes, contre les Iduinéens, qui sous Joram s'étaient rendus indépendants, IV Reg., viii, 20-22 ; II Par., xxi, 10 r et menaçaient maintenant la frontière méridionale de Juda. Un millième de talent d’argent (huit francs cinquante de notre monnaie), par homme, était une somme si minime, qu’Amasias avait dû y joindre quelque promesse formelle d’une large part de butin. Or, sur l’ordre de Dieu, un prophète dont le nom n’est pas indiqué (ʾiš hâělohîm, un homme de Dieu), II Par., xxv, 7, intervint, défendant à Amasias de garder ces mercenaires à son service, « parce que Jéhovah n’est pas avec Israël, » adonné plus que jamais au culte des idoles. La force de Juda, ajoutait le Voyant, n'était pas dans le nombre de ses soldats, mais en Dieu, « à qui il appartient de secourir et de mettre en fuite. » II Par., xxv, 7-8. Docile jusqu'à l’héroïsme, Amasias renvoya ses cent mille auxiliaires, et avec ses seules troupes il se jeta sur les Iduméens, qu’il battit dans la vallée des Salines, IV Reg., xiv, 7 ; II Par., xxv, 11 ; cf. Gen., xiv, 8 ; II Reg., viii, 13 ; Ps. lix, 2, au sud de la mer Morte, et assiégea leur capitale, nommée Séla' ou Pétra. IV Reg., xiv, 7. Amasias la prit d’assaut, et, selon un ancien usage, il marqua d’une manière symbolique sa domination sur elle en changeant son nom en celui de Jectéhel (hébreu : ioqṭeʾêl, « conquis par Jéhovah » d’après Gesenius), lui imposant ainsi le nom d’une ville de Juda. Jos., xv, 38. Voir Jecthel. Dans ces batailles, dix mille Iduméens étaient restés sur le terrain, et dix mille autres avaient été précipités du haut du rocher escarpé qui dominait Pétra, de telle sorte que la puissance des fils de Séïr paraissait anéantie. II Par., xxv, 11-12.

Malheureusement ce succès enivra Amasias et fut l’occasion de sa ruine ; car, suivant l’usage reçu parmi les païens d’emporter les dieux des peuples vaincus et de les honorer pour se les rendre favorables, il adora les dieux de I’Idumée et leur brûla de l’encens, II Par., xxv, 14, ce qui lui valut bientôt ce reproche : « Pourquoi as-tu adoré des dieux qui n’ont pas délivré leur peuple de tes mains ? » II Par., xxv, 15. Ainsi lui parlait Jéhovah par la bouche d’un prophète ; mais Amasias, aveuglé par l’orgueil, refusa d’entendre, et proféra même contre l’homme de Dieu des menaces de mort, auxquelles le Voyant répondit en lui prédisant la vengeance du Seigneur et une mort prochaine. II Par., xxv, 16. Alors la présomption d' Amasias devint une vraie démence. Les mercenaires d’Israël, renvoyés par lui, se voyant privés du butin qu’ils espé-