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ALPHÉE — ALSCHEICH

Mais ces combinaisons de textes ont pour base commune l’identité d’Alphée avec Cléophas, époux de Marie.Joa., xix, 25. Or cette identité est une question controversée, , sur laquelle ne s’accordent ni les exégètes anciens ni les critiques modernes. Voici en résumé les arguments pour et contre : — I. Jacques le Mineur avait pour père Alphée, Matth., x, 3, et pour mère, Matth., xxvii, 56 ; Marc., xv, 40, Marie, épouse de Cléophas, Joa., xix, 25 ; donc, à moins qu’Alphée n’ait été un premier époux de Marie, Alphée et Cléophas désignent le même personnage. On peut expliquer de deux façons comment la même personne a été appelée de deux noms différents. 1° Alphée aurait, d’après une coutume très répandue à cette époque, porté deux noms, un nom araméen, Chalphaï, et un nom grec, Κλωπάς ; c’est ainsi qu’on trouve Simon, s’appelant aussi Siméon ; Jésus, Jason. Κλωπάς viendrait de Κλεόπατρος, comme Ἀντίπας de Ἀντίπατρος. Nous avons un exemple de cette contraction dans les formes Κλωπάς, Joa., xix, 25, et Κλεόπάς. Luc, xxiv, 18. 2° Les deux noms Alphée et Clopas dériveraient de l’araméen Ḥalphaï. La gutturale araméenne ḥeth peut être remplacée en grec par l’esprit doux, et Ḥalphaï produirait Ἀλφαῖος, ou par un X ou un K, et Ḥalphaï donnerait Κλωπάς, comme >in, Ḥaggaï a donné Ἀγγαῖος, Agg., i, 1 ; non, Hâmaṭ, Αἰμάθ. Num., xiii, 22, etc.

II. À ces arguments on répond : 1° Cette hypothèse suppose que Marie, mère de Jacques, était femme de Cléophas. Il est certain que la Marie, mère de Jacques et de Joseph, est bien la même que la Mapia >) toO KAcouâ. La concordance des textes le prouve. Mais cette expression signifle-t-elle nécessairement : Marie, femme de Cléophas ? On pourrait traduire aussi : Marie, mère ou fille ou sœur de Cléophas. Saint Jérôme lui-même ne savait pas pourquoi elle était ainsi appelée. Était-ce à cause de son père, de son surnom de famille, gentilitate familiæ, ou pour toute autre raison ? Il l’ignore. Adv. Helvid., 13, t. xxvi, col. 196. — 2° 'AXçatoç a certainement une origine sémitique ; mais Clopas est grec, et ne peut dériver d’un mot araméen. M. Wetzel soutient que non seulement le X de Clopas, mais encore chaque lettre et son de ce mot sont inexplicables comme représentatifs de Halphaï. Alphmus und Klopas, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1883, p. 620-627. Et la preuve qu'à l’origine on tenait ces deux noms pour différents, c’est que la version syriaque traduit Alphée par Halphaï, et Clopas ou Cléophas par Kleopa. Cf. Schegg, Jakobus der Bruder des Herrn, p. 53. Le problème, on le voit, est très complexe. L’opinion la plus commune se prononce cependant en faveur de l’identité d’Alphée et de Cléophas.

On ne sait absolument rien sur la vie d’Alphée, mais il paraît probable qu’il était mort avant le commencement de la vie publique de Notre -Seigneur.

E. Jacquier.

1. ALPHEN (Jérôme Simon van), pasteur protestant hollandais, né à Hanau le 23 mai 1665, mort à Utrecht le 7 novembre 1742. Il fit ses études aux universités de Franeker et de Leyde. Successivement pasteur à Warmond et à Amsterdam, il devint enfin, en 1715, professeur de théologie à Utrecht, et il occupa sa chaire jusqu'à sa mort. Son œuvre principale a pour titre : Specimina analytica in Épistolas Pauli, 2 in-4o, Utrecht, 1742. Il avait publié, plusieurs années auparavant, Dissertationes ad historiam Pauli, in-4o, Utrecht, 1717-1719. Voir A. Drakenborch, Oratio funebris in obitum van Alphen, in-4°, Utrecht, 1743.

2. ALPHEN (Jérôme van), théologien hollandais, fils du précédent, né à Amsterdam le 9 mai 1700, mort à Gouda le 20 avril 1758. D fut pasteur protestant à Leeuwarden d’abord, puis, en 1733, à Amsterdam. On a de lui : De terra Chadrach et Damaso opus, in-12, Utrecht, 1723 (réimprimé dans Ugolini, Thesaurus antiquitatum sacrarum), et un commentaire sur les chapitres xxrv et xxv de saint Matthieu, in-8°, Leeuwarden, 1734. Voir Chalmot, Biographisch Woordenboek der Nederlanden, t.I, p. 170.

S. ALPHEN (Jérôme van), poète et théologien hollandais, petit-fils de Jérôme Simon van Alphen, né à Gouda le 8 août 1746, mort à la Haye le 3 avril 1803. Il étudia le droit à l’université de Leyde, devint procureur général à la cour d’Utrecht, et enfin conseiller et trésorier général des Pays-Bas. Il est regardé comme l’un des premiers poètes hollandais. Il est aussi connu par son ouvrage intitulé : Ueber die Vortrefflichkeit der mosaischen Gesetzgebung in Vergleichung mit den Gesetzen Solons und Lykurgs. Ce travail fut inséré dans le t. ix des Mémoires de la Société Teylerienne de Harlem (1784), qui lui décerna un prix. On doit mentionner aussi de lui : Predigt dos Evangelium allen Creaturen, eine Staatsmaxime im Reiche der Wahrheit und Tugend, 1803. Voir Collot d’Escury, Hollands Roem in Kunsten en Wetenschappen, t. i, p. 155 ; Kampen, Geschiedenis der Leterren en Wetenschappen in de Nederlanden, t. ii, p. 375 ; Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopädie, t. iii, p. 217 ; Koenen, Hieronymus van Alphen, Amsterdam, 1844.

1. ALPHONSE, dit d’Alcala, du lieu de sa naissance, Alcala-la-Réal, médecin juif, qui embrassa le catholicisme en 1492. Très versé dans les langues hébraïque, grecque et latine, il fut chargé par le cardinal Ximénès de collaborer à sa Bible polyglotte. La traduction latine des livres hébreux de l’Ancien Testament a été faite par Alphonse d’Alcala et P. Coronel.

2. ALPHONSE, surnommé de Zamora, du lieu de sa naissance, savant rabbin espagnol, qui se convertit et reçut le baptême en 1506. Il mourut en 1531. Ce fut le premier professeur d’hébreu à l’université de Salamanque. Il possédait si parfaitement cette langue, ainsi que le chaldéen, le grec et le latin, que Ximénès le chargea de la correction du texte hébreu de sa Bible polyglotte, et de la traduction en latin dé la paraphrase chaldaïque. C’est a lui que l’on doit le sixième volume, contenant un dictionnaire hébreu et chaldéen, un index des mots latins avec renvois aux mots hébreux correspondants, et une grammaire hébraïque, assez complète pour le temps. Il publia en outre Introductiones hebraicæ : 1° Grammaticæ hebraicæ libri tres (grammaire plus courte et plus facile que celle de la Polyglotte) ; 2° Nominum ac verborum hebraicorum dictionarium copiosum ; 3° Declarationes vocabulorum artis grammaticæ et commentatorum biblicorum ; 4° Catalogus judicum, regum et sacerdotum atque prophetarum Veteris Legis ; 5° Tractatus de vera orthographia hebraicæ descriptionis ; 6° Epistola auctoris ad infidèles Hebræos urbis Romæ (où il prouve la venue du Messie), in-4°, Alcala-de-Hénarès, 1526. Du même auteur, on conserve en manuscrits, à l’Escurial, une grammaire hébraïque en langue vulgaire, destinée à initier les Espagnols à la langue sacrée, et une traduction en castillan de l’explication donnée par Kimchi des cinquante-neuf premiers psaumes.

E. Levesque.

3. ALPHONSE TOSTAT. Voir Tostat.

ALSCHEICH Moïse, né à Safed, dans la haute Galilée, et rabbin de cette ville, vivait dans la seconde partie du xvie siècle. Il s’acquit un renom de prédicateur et d’exégète. Ses commentaires sur la plus grande partie de la Bible hébraïque furent autrefois très estimés. Ce sont, suivant l’ordre des Livres saints : 1° Ṭôràh Môšéh, La loi de Moïse, commentaire sur le Pentateuque, imprimé d’abord in-f°, à Belvédère, près de Constantinople, 159., et depuis in-f°, Venise, 1601 ; in-f°, Prague, 1610 ; in-f°, Amsterdam, 1710 ; in-4°, Amsterdam, 1777. 2° Marʾôṭ